Des lots d’œufs contaminés au fipronil ont été livrés en France en juillet
Des lots d’œufs contaminés au fipronil ont été livrés en France en juillet
Le Monde.fr avec AFP
Deux établissements de fabrication de produits à base d’œufs, dans la Vienne et en Maine-et-Loire, sont concernés, selon le ministère de l’agriculture.
En grande quantité, le fipronil est considéré comme « modérément toxique » pour l’homme par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). / ROBIN VAN LONKHUIJSEN / AFP
L’affaire des œufs contaminés à l’insecticide fipronil touche la France. Après avoir affirmé dans un premier temps que l’Hexagone n’était pas concerné, le ministère de l’agriculture a annoncé, lundi 7 août, que treize lots d’œufs contaminés en provenance des Pays-Bas y avaient été livrés « entre le 11 et le 26 juillet ».
Deux établissements de fabrication de produits à base d’œufs, dans la Vienne et en Maine-et-Loire, sont concernés, précise le ministère dans son communiqué. Ce dernier n’était toutefois pas en mesure de dire dans l’immédiat si les produits incriminés s’étaient retrouvés dans le commerce, alors qu’une enquête est en cours.
« Des investigations sont menées dans ces établissements par les services de contrôles du ministère de l’agriculture pour évaluer la situation (les produits concernés et leur destination) et bloquer les produits incriminés à des fins d’analyses. »
Molécule contre le pou rouge
L’ampleur du scandale a éclaté au grand jour la semaine dernière aux Pays-Bas. Dans plus d’une centaine d’élevages, les taux de fipronil — une molécule utilisée pour éradiquer le pou rouge chez les poules — dépassaient largement les seuils autorisés par la réglementation européenne.
En grande quantité, le fipronil est considéré comme « modérément toxique » pour l’homme par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il est strictement interdit chez les animaux destinés à la consommation humaine.
La crise s’est ensuite propagée en Allemagne, en Suisse et en Suède, où des millions d’œufs provenant des Pays-Bas — qui comptent près de 50 millions de poules pondeuses — ont été rappelés et détruits.
Abattages massifs
Certains éleveurs néerlandais ont commencé à détruire leur cheptel de volailles. Trois cent mille poules contaminées, qui atteignaient la limite d’âge pour la ponte, de dix-huit à vingt-quatre mois, mais étaient de ce fait exclues du circuit de transformation alimentaire habituel, ont déjà été abattues, selon l’organisation agricole néerlandaise LTO.
Un à plusieurs millions de poules pondeuses pourraient connaître le même sort si les éleveurs estiment qu’il n’est plus rentable de les maintenir en vie, faute de débouchés pour les œufs, a-t-elle prévenu dimanche soir. Le gouvernement de La Haye a promis un plan d’aide d’urgence, alors que le secteur estime déjà les pertes à « plusieurs millions d’euros ».
Une entreprise de désinfection soupçonnée
Une enquête pénale a été ouverte aux Pays-Bas et en Belgique pour déterminer les responsables de cette utilisation frauduleuse du fipronil. Dans le collimateur des enquêteurs, la société néerlandaise spécialisée dans la désinfection d’élevages ChickFriend, et son fournisseur belge Poultry-Vision, selon les médias.
En Belgique, cinquante-sept sociétés, représentant quatre-vingt-six poulaillers, sont suspectées d’être contaminées, soit un quart des deux cent dix élevages de poules pondeuses du pays. A ce jour, le taux de fipronil détecté dans leurs œufs est très faible, en moyenne « dix fois inférieur » au seuil maximal autorisé.
Samedi, l’Agence fédérale belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) a reconnu qu’elle avait connaissance depuis juin d’un « problème de fipronil dans le secteur avicole », mais elle n’en a informé les pays voisins, par un système d’alerte européen, que le 20 juillet. L’Afsca explique cette discrétion, qui ne l’a apparemment pas empêchée de faire retirer des œufs de certains supermarchés en juillet, par le fait qu’elle était tenue de respecter le « secret de l’instruction ».
Mais « c’est la protection du consommateur qui doit prévaloir, et le principe de précaution », a tonné lundi matin le ministre de l’agriculture belge, Denis Ducarme, sur la radio publique La Première. Face aux critiques de l’opposition et aux demandes d’éclaircissements de son homologue allemand, il a commandé un « rapport circonstancié » à l’Afsca et a promis de « faire la transparence la plus complète ».
En France, un élevage du Pas-de-Calais a été placé sous surveillance depuis le 28 juillet après le signalement par l’éleveur de l’utilisation de ce produit par son fournisseur belge. Aucun œuf issu de cet élevage n’a été mis sur le marché, selon le ministère de l’agriculture. Les résultats des analyses pour cet élevage seront connus à la fin de la semaine.