Les algues vertes sont-elles mortelles ? La présence de ces organismes, sources de fortes nuisances sur les plages bretonnes, pourrait être la cause de la mort d’un ostréiculteur de 18 ans qui se trouvait dans la baie de Morlaix (Finistère), samedi 6 juillet. Sa mort foudroyante est survenue lors d’une prolifération d’algues vertes dans la zone, un phénomène d’une ampleur inhabituelle qui a été constaté par des associations environnementales de la région. Le parquet de Brest, cité par l’Agence France-Presse (AFP) a indiqué lundi que le corps du jeune homme sera autopsié afin de faire la lumière sur les causes de sa mort.

« Le corps a été conduit à l’hôpital et les examens vont être faits », a assuré le procureur de la République de Brest, Jean-Philippe Récapé, interrogé par l’AFP. Il a également souligné le caractère brutal de la mort de l’ostréiculteur, « censé être en pleine santé ». Dans un courriel qui lui a été adressé lundi et dont l’AFP a reçu une copie, deux associations de protection de l’environnement, Sauvegarde du Trégor et Halte aux marées vertes, ont évoqué « la piste d’une intoxication à l’hydrogène sulfuré », un gaz potentiellement mortel libéré par les algues vertes échouées lorsqu’elles se décomposent.

Plusieurs baies envahies

Affirmant avoir inspecté les lieux où l’ostréiculteur a perdu la vie, les deux associations assurent avoir « découvert un vaste espace vaseux recouvert par une nappe continue d’algues vertes ». Dans leur courriel, elles s’interrogent : « Comment ne pas mettre en relation cette poussée anormale d’algues en ces lieux avec la rivière du Frout, qui se jette dans la baie dans laquelle nous avons mesuré un taux de 53 mg/l de nitrates ».

Conséquence de la présence dans les cours d’eau de nutriments dont se nourrissent les algues, d’azote et de nitrate entre autres, liés au secteur agricole, notamment aux engrais et aux déjections animales venant des élevages, les algues se transforment en marées vertes lorsque les conditions météorologiques et topographiques sont favorables. En ce début de saison estivale, plusieurs baies bretonnes sont déjà envahies. 

Des antécédents

En 2009, un homme de 48 ans qui conduisait un camion d’algues vertes dans les Côtes-d’Armor avait également perdu la vie après avoir été en contact prolongé avec ces organismes. Près de neuf ans plus tard, le tribunal de Saint-Brieuc a donné raison à sa famille, admettant le danger qu’ils représentent.

En 2014, la justice avait reconnu la responsabilité de l’Etat après la mort d’un cheval due à des algues vertes en décomposition pendant l’été 2009, sur une plage des Côtes-d’Armor, en Bretagne. La cour administrative de Nantes avait lié « la prolifération des algues vertes » aux « carences » à mettre en œuvre de manière suffisamment efficace les règles nationales et européennes » sur la protection des eaux « contre les pollutions d’origine agricole », cause principale des marées vertes.

En septembre 2016, un homme était brusquement mort alors qu’il faisait son jogging sur le littoral d’Hillion, dans les Côtes-d’Armor. Une autopsie avait été réalisée deux semaines plus tard pour procéder à des analyses toxicologiques et anatomopathologiques. Mais en l’absence de résultats concluants, l’enquête avait été classée sans suite en avril 2017.