Emmanuel Macron reçoit à l’Elysée un monde agricole en crise
Emmanuel Macron reçoit à l’Elysée un monde agricole en crise
Le Monde.fr avec AFP
Les leaders syndicaux agricoles réclament des prix plus justes et une meilleure répartition des aides européennes. Le président promet des mesures à la mi-octobre.
« Il faut faire en sorte que, demain, nous ne perdions plus de paysans », a plaidé Jérémy Decerle, des Jeunes agriculteurs, à la sortie de son entretien avec Emmanuel Macron, le 7 août. / « Le Monde »
Son absence lors du lancement des Etats généraux de l’alimentation, le 20 juillet, avait été remarquée. Près de trois semaines plus tard, le président Emmanuel Macron recevait lundi 7 août dans la matinée la plupart des représentants du monde agricole. Seule Christiane Lambert était absente ; la présidente de la FNSEA, le premier syndicat agricole, avait déjà été reçue à l’Elysée le 18 juillet.
Au centre des entretiens la répartition des aides européennes ou encore la revendication pour les producteurs, durement frappés par la crise, d’un « juste » prix face aux exigences de la distribution ou de l’industrie agroalimentaire. « Il faut faire en sorte que, demain, nous ne perdions plus de paysans », a ainsi plaidé Jérémy Decerle, des Jeunes agriculteurs, à la sortie de son entretien avec Emmanuel Macron. Le responsable syndical a rappelé au président que la France avait perdu un quart de ses paysans au cours des dix dernières années et appelé à des mesures pour relancer « l’attractivité » d’un secteur qui traverse depuis plusieurs années une crise profonde.
Le président a informé les représentants du monde agricole qu’il présenterait lui-même, mi-octobre, les conclusions de la première phase des Etats généraux de l’alimentation sur la création et la répartition de la valeur, censée répondre aux difficultés financières rencontrées par certains agriculteurs. Le chef de l’Etat s’est engagé, selon les responsables syndicaux, à les revoir fin septembre.
Un « plan Marshall » pour l’agriculture
« Nous sortons de trois ans de crise pour l’élevage, les céréaliers aussi depuis deux ans », a expliqué, lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron, Bernard Lannes, président de la Coordination rurale (CR), qui revendique le titre de deuxième syndicat agricole. Il souhaite que les Etats généraux de l’alimentation permettent de « réorienter l’alimentation », mais, selon lui, cela ne peut se faire sans modifier la politique agricole commune européenne (PAC), « ultralibérale ».
L’entourage du président a indiqué que ce dernier souhaitait « agir en amont des prochaines négociations commerciales pour permettre un meilleur partage de la valeur ajoutée et permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier ». « Le président souhaite se concentrer sur la prochaine PAC, un dossier prioritaire sur lequel la France sera force de proposition », affirme l’Elysée.
La CR, qui voudrait un « plan Marshall » pour l’agriculture, a également demandé à M. Macron d’intégrer le Haut Conseil de la coopération agricole pour « lutter contre les dérives de certaines coopératives » qui « ne défendent plus les intérêts de leurs adhérents ». Le but affiché étant d’éviter certaines crises rencontrées dans le passé, comme dans la production laitière depuis deux ans, ou le porc en 2015.
Les aides européennes au menu des discussions
Les syndicats ont également abordé la question de la répartition des aides européennes, tant la décision, cette semaine, du ministre Stéphane Travert de rééquilibrer les budgets a suscité de fureur, aussi bien dans le monde agricole que chez les ONG environnementales. M. Travert a décidé de transférer une partie des aides européennes du « pilier 1 » de la PAC (aides à l’hectare) vers le « pilier 2 » (développement rural, aide à l’agriculture de montagne, installation des jeunes agriculteurs, aide au bio).
La Confédération paysanne souhaite également que soit « enclenchée la transition de l’agriculture » vers un modèle plus durable.
Le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), pour sa part, souhaite mettre l’accent sur la crise de l’élevage et la situation épineuse des producteurs de palmipèdes face à la grippe aviaire, et demander une révision de la loi de modernisation de l’économie.
Les Etats généraux de l’alimentation doivent durer plusieurs mois, avec la tenue notamment de quatorze ateliers, du 29 août jusqu’à la fin de novembre.