Téléfilm sur Numéro 23 à 20 h 55

Récemment embauché en tant qu’agent de sécurité au service de surveillance d’un hypermarché des Hauts-de-France, Pierre Solvy joue gros. En effet, cet emploi pourrait lui permettre d’obtenir la garde alternée de son fils. Est-ce pour cette raison qu’il va progressivement se plier à toutes les exigences de son su­périeur, J.-C. Dedieu (François Berléand) ? Des exigences qui le poussent à sortir du cadre de ses attributions : surveillance des salariés, filatures illégales, notamment.

Au fil de ces missions extra­professionnelles, Pierre gagne, en tout cas, la confiance de sa hiérarchie, jusqu’au jour où il découvre un trafic au sein même de l’hypermarché qui va non seulement le placer en face de ses responsabilités, mais aussi le mettre en danger. Jusqu’où est-il prêt à aller ? Pourra-t-il agir contre ses propres convictions et ses valeurs ? C’est à ce propos que s’attache le scénario de ce téléfilm ­librement adap­té d’une histoire vraie, celle de Régis Sérange, re­latée dans Flic de supermarché (éd. Jean-Claude Gawsewitch).

François Berléand et Thomas Jouannet dans « Surveillance ». / NUMÉRO 23

Surveillance suit la lente descente aux enfers d’un homme sur lequel se referme le piège dans lequel il a d’abord accepté d’entrer. Avec ses plans serrés sur les écrans de surveillance qui suivent la clientèle et le personnel dans leurs moindres gestes, le téléfilm nous place, sans porte de sortie possible, du côté du voyeur.

Pierre repère, zoome sur un client, un salarié… et nous suivons, voulons savoir, avoir le cœur net sur le fait que tel ou tel ne vole pas, travaille comme il faut… La caméra, c’est nous, à la fois complices et prisonniers de cet univers carcéral dans lequel nous enferme la mise en scène. C’est là la plus grande qualité du film, savoir nous impliquer au côté de son personnage principal, qu’interprète avec une retenue exemplaire Thomas Jouannet.

Ce téléfilm n’évite pas toujours les écueils, comme, par exemple, les raccourcis trop rapides qui nuisent à la crédibilité. Il tient cependant la route qu’il a choisi d’emprunter dès le début, et dont l’objectif est de nous conduire dans le mur. Il a valu aussi à ­Sébastien Grall le prix mérité du meilleur réalisateur au Festival des créations télévisuelles de ­Luchon en 2013.

Surveillance, de Sébastien Grall. Avec Thomas Jouannet, François Berléand (France, 2012, 90 minutes).