Le Népal interdit « l’exil menstruel »
Le Népal interdit « l’exil menstruel »
Le Monde.fr avec AFP
Cette pratique liée à l’hindouisme, appelée « chhaupadi », bannit les femmes du foyer le temps de leurs règles.
Une femme népalaise et son enfant dans le camp Chuchhepati. / NIRANJAN SHRESTHA/AP
Le Parlement népalais a approuvé, mercredi 9 août, une loi qui prévoit notamment une peine de prison pour quiconque force une femme à l’« exil menstruel », une pratique liée à l’hindouisme qui bannit les femmes du foyer le temps de leurs règles. Selon cette tradition appelée « chhaupadi », les femmes sont alors considérées comme impures et, dans nombre de communautés au Népal, elles sont obligées de dormir dans une hutte éloignée.
Selon la nouvelle loi, quiconque forcera une femme à se plier à cette tradition est désormais passible d’une peine de trois mois de prison, d’une amende de 3 000 roupies (environ 25 euros), ou des deux. Le texte, approuvé à l’unanimité, n’entrera en vigueur que d’ici un an.
Pendant la chhaupadi, les femmes n’ont le droit de toucher ni la nourriture destinée aux autres, ni les icônes religieuses, ni le bétail, ni les hommes. Dans certaines régions du Népal, les femmes venant tout juste d’accoucher doivent également passer jusqu’à un mois dans la hutte bâtie à l’extérieur de la maison, aussi appelée « chhau goth ». La loi précise ainsi : « Une femme qui a ses règles ou se trouve en état postnatal ne doit pas être confinée à la chhaupadi, subir une discrimination similaire, ou faire l’objet d’un quelconque traitement inhumain. »
Loi inapplicable
Officiellement, la chhaupadi est interdite depuis une décennie, mais la pratique perdure. En juillet, une jeune fille de 18 ans avait succombé à une morsure de serpent dans la hutte où elle effectuait son « exil menstruel ». Deux femmes étaient mortes à la fin de 2016 dans des accidents en lien avec ce rituel, dont l’une après avoir inhalé la fumée d’un feu qu’elle avait fait pour se chauffer.
Krishna Bhakta Pokhrel, un élu qui a défendu la loi, espère que le texte mettra fin à cette pratique. « La chhaupadi ne s’est pas éteinte parce qu’il n’existait aucune loi qui punissait les coupables, même après que la Cour suprême l’a rendu illégale », a-t-il déclaré.
Mais la militante des droits des femmes Pema Lhaki juge la loi inapplicable car la chhaupadi est profondément ancrée dans un système de croyances qu’il est très compliqué de changer. « Il est faux de dire que ce sont les hommes qui forcent les femmes à s’y plier. Oui, la société patriarcale népalaise joue un rôle, mais ce sont les femmes elles-mêmes qui s’obligent à se conformer à la chhaupadi », affirme-t-elle.