Athlétisme : Schippers sacrée sur 200 m, Bigot au pied du podium
Mondiaux d’athlétisme : Schippers conserve son titre sur 200 m, Bigot au pied du podium
Par Yann Bouchez, Anthony Hernandez
La sprinteuse néerlandaise a remporté, vendredi à Londres, un nouveau titre mondial sur le demi-tour de piste. Le lanceur de marteau français a terminé 4e.
Dafne Schippers est championne du monde du 200 m. / ADRIAN DENNIS / AFP
Pierre-Ambroise Bosse et Renaud Lavillenie doivent se sentir encore un peu seuls. Respectivement premier et troisième mardi, le coureur de 800 m et le perchiste sont toujours pour le moment les seuls médaillés français depuis le début des Mondiaux. Vendredi 11 août, Quentin Bigot a échoué de peu au pied du podium. Mais Kevin Mayer, en tête de la première journée du décathlon, est bien parti pour venir leur tenir compagnie. Sur 200 m, la Néerlandaise Dafne Schippers a tenu son rang. Et les Américaines ont brillé sur 3 000 m steeple et à la longueur.
La perf
Dafne Schippers peut être satisfaite. Après avoir remporté la médaille de bronze sur 100 m, la sprinteuse néerlandaise a conservé son titre de championne du monde du 200 m. A 25 ans, hommes et femmes confondues, elle est la favorite qui a le mieux tiré son épingle du jeu à Londres. L’une des rares qui s’est d’ailleurs permis de doubler quand Usain Bolt, Justin Gatlin, Christian Coleman, Tori Bowie ou encore Elaine Thompson se contentaient de la distance reine.
Schippers a dû s’employer dans un duel passionnant et acharné avec l’Ivoirienne Marie-Josée Ta Lou, qui l’avait devancée dimanche soir sur 100 m. La dernière ligne droite a été spectaculaire, la jeune femme au maillot « oranje » ne prenant le dessus que dans les derniers mètres. La spécialiste du 400 m, la Bahaméenne Shaunae Miller, a terminé troisième.
Révélée en 2014, alors qu’elle était jusqu’alors une spécialiste de l’heptathlon, la Néerlandaise avait réussi un doublé prometteur lors des championnats d’Europe de Zurich. Depuis, elle est devenue la principale rivale des sprinteuses américaines ou jamaïcaines, traditionnellement les plus rapides. A Pékin, en 2015, elle avait pris la 2e place du 100 m mais avait triomphé sur 200 m avec en prime un record d’Europe. L’année d’après, à Rio, lors de ses premiers JO, elle avait continué d’accroître son palmarès en prenant la deuxième place du 200 m.
Ta Lou, qui a tenté le pari de s’aligner sur les deux courses, échoue, elle, une nouvelle fois d’un rien. Sur 100 m, Bowie l’avait battue d’un centième. Cette fois-ci, sur le demi-tour de piste, ce sont trois centièmes qui l’ont privé de la médaille d’or. A 28 ans, la sociétaire du Stade Français peut tout de même se réjouir : elle glane ses deux premières médailles mondiales.
C’est (vite) vu
Quentin Bigot a pris la 4e place du concours de lancer du marteau. / KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP
« Des regrets certainement pas, un peu de frustration forcément. » Revenu d’une suspension pour dopage de 2014 à 2016, Quentin Bigot était tout en nuances à l’heure de commenter sa quatrième place au lancer du marteau. Mais il affichait tout de même un grand sourire. Troisième pendant longtemps, il a vu le Russe – euh, pardon, l’athlète neutre – Valeriy Pronkin lui passer devant au dernier jet et prendre la deuxième place.
« Ça a été un peu le jeu du chat et de la souris », a résumé le Français. « On pourrait dire “4e, la place du con”, mais pour une première finale de grand championnat, je pense que c’est une super belle place. » Le Polonais Pawel Fajdek remporte le concours avec un jet à 79,4 m, une formalité pour lui. Son compatriote Wojcieh Nowicki complète le podium.
Caster Semenya, seule devant à l’arrivée des des demi-finales du 800 m, vendredi 11 août. / FABRIZIO BENSCH / REUTERS
Meilleur temps des demi-finales (1 min 58 s 90), la Sud-Africaine Caster Semenya ne semblait pas bien fatiguée à l’issue de sa course. A moins qu’elle trébuche, qu’elle n’attrape une gastro-entérite, ou que Pierre-Ambroise Bosse ne s’aligne au départ, on ne voit pas vraiment ce qui pourrait priver la championne olympique en titre d’être à nouveau sacrée dimanche. A noter que la Burundaise Francine Niyonsaba et la Kényane Margarit Wambui, qui complétaient le podium à Rio l’été dernier, se sont aussi qualifiées pour la finale.
Darya Klishina a pris la deuxième place d’un concours de la longueur remportée par Brittney Reese. / Matthias Schrader / AP
Depuis le début des Mondiaux, le bac à sable londonien offre des concours disputés et passionnants. La longueur féminine n’a pas fait exception : les quatre premières se tiennent dans un mouchoir (et encore, un mini-mouchoir, de six centimètres, pour être précis). Au petit jeu des centimètres, c’est l’Américaine Brittney Reese qui l’a emporté avec un saut à 7,02 m, soit deux centimètres de mieux que l’athlète sous bannière neutre, la Russe Darya Klishina. La médaillée de bronze, une autre Américaine, Tianna Bartoletta (6,97 m), a devancé d’un centimètre et au dernier essai, la Serbe Ivana Spanovic (6,96 m). Cette dernière peut s’en vouloir. Sur son dernier essai mesuré à 6,91 m, c’est son dossard mal accroché dans le dos qui lui a fait perdre de précieux centimètres.
Emma Coburn est championne du monde du 3 000 m steeple. / PHIL NOBLE / REUTERS
Les Américaines ont joué un mauvais tour aux Kényanes sur 3 000 m steeple. C’est Emma Coburn qui s’est imposée, accélérant avec une facilité déconcertante dans le dernier virage. Sa compatriote Courtney Frerichs prend la médaille d’argent et la Kényane Hyvin Kiyeng Jepkemoi est en bronze. A noter que la nouvelle championne du monde a battu le record des championnats en 9 min 2 s 58.
Zone mixte
« Aujourd’hui, il ne s’est rien passé de négatif. »
Comment résumer une journée où tout fut positif ? Kevin Mayer a choisi la double négation, mais on a compris l’idée. « Même dans les moments où j’étais un peu plus mal, j’ai réussi à faire en sorte que ce soit une belle épreuve pour que tout se passe bien et que je finisse sur ce gros total de première journée. C’était une journée comme je l’attendais. Il y avait beaucoup de doute avant, mais dès que ça s’est mis en route, ça s’est mis en route et il n’y avait plus de doute. »
Avec un confortable matelas de 4 478 points, le Français mène à l’issue de la première journée du décathlon, et assez largement devant les Allemands Kai Kazmirek (4 421 pts) et Rico Freimuth (4 361 pts) et le Canadien Damian Warner (4 347 pts).
Alors, cette deuxième journée, samedi, a piece of cake ? Sûrement pas, mais Mayer ne voit pas trop ce qui pourrait le priver d’un premier sacre mondial. « Il faudrait que je tombe ou que je me blesse. Si je fais les épreuves comme je sais les faire, il n’y a rien qui peut m’empêcher d’être champion du monde. Mais c’est du décathlon… »
Les podiums du jour
Saut en longueur féminin : 1. Brittney Reese (Etats-Unis) 2. Darya Klishina (Neutre) 3. Tianna Bartoletta (Etats-Unis)
Lancer du marteau masculin : 1. Pawel Fajdek (Pologne) 2. Valeriy Pronkin (Neutre) 3. Wojciech Nowicki (Pologne)
3 000 m steeple féminin : 1. Emma Coburn (Etats-Unis) 2. Courtney Frerichs (Etats-Unis) 3. Hyvin Kiyeng Jepkemoi (Kenya)
200 m féminin : 1. Dafne Schippers (Pays-Bas) 2. Marie-Josée Ta Lou (Côte d’Ivoire) 3. Shaunae Miller (Bahamas)
Les prochaines finales (samedi 12 août)
20 h 05 : saut en hauteur féminin
21 h 05 : 100 m haies
21 h 15 : lancer du javelot masculin
21 h 20 : 5 000 m masculin
21 h 45 : dernière épreuve du décathlon, le 1 500 m
22 h 30 : 4 x 100 m féminin
22 h 50 : 4 x 100 m masculin