« L’attentat qui a frappé jeudi le cœur de la ville de Barcelone est un coup porté à une ville emblématique, dynamique et cosmopolite […]. » Au lendemain des attentats qui ont frappé Barcelone et Cambrils, en Catalogne, El País revient, comme tous les médias espagnols, sur les événements qui ont fait au moins 14 morts et une centaine de blessés jeudi 17 août. La presse, tout en multipliant les appels à l’unité politique, met en cause la gestion des autorités catalanes et espagnoles.

Un contenu de cette page n'est pas adapté au format mobile, vous pouvez le consulter sur le site web

« Unis contre la terreur » titre ainsi le quotidien La Razon en écho à La Vanguardia, journal édité à Barcelone, qui estime que « l’unité face au terrorisme et la principale arme pour le vaincre ». Le quotidien a salué la présence du chef du gouvernement Mariano Rajoy à Barcelone, qui doit « montrer que l’unité prime sur toutes les divergences qui existent entre administrations centrales et catalanes ».

Pour le journal ABC, qui anticipe les critiques, « tous ceux qui utiliseraient le contexte politique pour expliquer cet acte sauvage ou qui remettraient en cause la rigueur de la lutte antiterroriste de l’Etat rompraient l’unité nationale » nécessaire pour faire face aux actes terroristes. Le quotidien classé à droite met d’ailleurs en garde les partis, comme Podemos, qui refuseraient cette unité : s’ils n’y participent pas, « ils devront se justifier ».

Le journal rappelle également que le dernier attentat majeur qui a frappé l’Espagne date de 2004 et que la politique antiterroriste menée conjointement par les autorités constitue un « exemple pour le reste du monde ».

Pourtant, plusieurs médias n’ont pas hésité à pointer du doigt les divisions politiques et administratives qui minent l’Espagne et les rapports entre l’Etat et les communautés autonomes.

El País est par exemple plus radical dans sa critique. « Malheureusement, le brutal attentat terroriste qui a frappé Barcelone survient à un moment d’extrême confusion politique en Catalogne » juge le quotidien national, qui critique le gouvernement catalan, dirigé par le parti indépendantiste, d’avoir « monopolisé l’agenda politique » avec la « chimère indépendantiste » ces dernières années.

« Il est temps que ceux qui nous gouvernent, tous ceux qui nous gouvernent, travaillent pour les véritables et les principaux intérêts des citoyens », alors que la lutte contre le terrorisme « requiert coordination et unité d’action entre les différentes administrations et forces de sécurité ».

De même, El Mundo, deuxième quotidien le plus lu après El País estime que le gouvernement catalan a fait primer les intérêts électoralistes, étroitement liés aux revendications d’indépendance de la Catalogne, sur la sécurité nationale.

Les Ramblas, l’une des avenues les plus touristiques de Barcelone, ne sont pas protégées contre les attaques à la voiture-bélier. / Manu Fernandez / AP

Les mesures de sécurité en question

Tous les médias s’accordent également à dire que cet attentat n’est pas une surprise. La Razon rappelle que la Catalogne est considérée comme « le principal centre de djihadisme méditerranéen » depuis des années. Le quotidien El Mundo souligne également que l’Espagne avait un niveau d’alerte de 4 (sur 5) et que la Catalogne est considérée par les autorités comme la région espagnole où la communauté islamique « montre le plus de signes de fondamentalisme et maintient des liens importants avec des groupes extrémistes dans toute l’Europe ».

Pour La Vanguardia, cet état de fait pose question sur les mesures de sécurité prises dans la ville. Alors que le risque d’un attentat à la voiture-bélier à Barcelone était « évident au regard des derniers attentats survenus en Europe », le quotidien estime qu’il est « difficile de comprendre » comment les Ramblas, principal lieu touristique de la ville, ont pu ne pas être protégées par des blocs ou des pylônes en ciment. Il s’agissait pourtant d’une solution « logique, peu chère et facile à décider », juge le quotidien.

ABC a de son côté nuancé les critiques, jugeant qu’il est « impossible de garantir la sécurité absolue dans un pays démocratique », d’autant plus que les attentats à la voiture-bélier sont « quasi impossibles à éviter ». El País livre la même analyse, décrivant l’essor d’un « profil autonome de terroriste », qui puise son idéologie dans une organisation terroriste mais peut désormais gérer seul la logistique d’un attentat, de manière imprévisible.

Attentat à Barcelone : la « terreur » s’affiche en « une » de la presse espagnole