Therapie Taxi, le rock soigne son français
Therapie Taxi, le rock soigne son français
M le magazine du Monde
Ils n’ont pas 25 ans et chantent la fièvre de la vie postadolescente. Avec leur mélange de rock et d’électro, ces Parisiens débridés sont à découvrir à Rock en Seine, le 26 août, à Saint-Cloud, avant un premier album en janvier 2018.
Le groupe Therapie Taxi, en juin, à l’hôtel Le Pigalle, à Paris. / MELCHIOR TERSEN POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE »
Elle a beau se cacher derrière une moue de jolie blonde pas commode et lui se vieillir avec une fine moustache de dandy brun, Adélaïde et Raphaël peinent à camoufler qu’ils sortent juste de l’adolescence. Leur musique s’y accroche d’ailleurs. Leur groupe, Therapie Taxi, fuit l’âge adulte à coups de chansons borderline, tanguant entre rock et électro, dérèglement des sens et cruauté lucide. En attendant un premier album prévu en janvier 2018, EP déluré, vidéos gentiment trash et concerts estivaux, notamment le 26 août à Rock en Seine, permettent de faire connaissance avec ces Parisiens.
« Adé » n’a que 17 ans quand « Raph » – alors 20 ans à peine – répond, en 2013, à la petite annonce que la guitariste-violoncelliste a laissé sur un site de rencontre pour musiciens. « Je suis allée au rendez-vous sans le dire à mes parents, reconnaît aujourd’hui la demoiselle. Je suis partie de chez moi en cachant ma guitare. »
Elle est d’abord impressionnée par ce garçon plein de projets qui la reçoit dans son quartier de Pigalle (même s’il est natif d’Avignon). Lui est convaincu par la version tremblotante de Jimmy, la ballade country-folk de Moriarty, qu’Adé lui chante, accompagnée d’un harmonica. Les premières répétitions se font le dimanche, chez papa et maman, tâtonnant en mauvais anglais dans une trop sage veine acoustique. Avant une émancipation francophone ouvrant la porte à des désirs autrement décoincés.
Quelques modèles convainquent le duo que la langue de Brassens peut s’accorder à leur fièvre. L’intensité poétique de Fauve ou de Radio Elvis, l’élégance noire de Lescop, le lyrisme charismatique d’Arthur (« Mon idole ! », s’exclame Raphaël), chanteur de Feu ! Chatterton. Et bien sûr, le swing décomplexant de La Femme qui, au début des années 2010, conteste l’hégémonie de la pop hexagonale mais anglophone. « Avec La Femme, le français redevenait cool et sexy. Cela nous a donné envie », assure Adé.
Rupture violente, en français dans le texte
D’autant que la première chanson écrite dans leur langue reçoit un bien meilleur accueil que tout ce qu’ils avaient bricolé auparavant. « Une bonne chanson repose sur une bonne histoire et celle-ci devient beaucoup plus pertinente racontée en français, explique Raph, ancien élève d’école de journalisme. C’est réjouissant de pouvoir se démarquer par la plume autant que par la mélodie. »
Quitte à choquer certaines oreilles. Mise en son provocante de la guerre des sexes, Salop(e) ouvrira le bal du buzz en échangeant les insultes. « Un matin de gueule de bois, le lendemain d’une violente rupture amoureuse, j’ai ouvert l’ordi, choisi des beats et balancé tout ce que j’avais sur le cœur », se souvient Raphaël. Il a ensuite rééquilibré le morceau en donnant la parole à une fille qui ne s’en laisse pas compter, tout en jouant avec le contraste d’un refrain tendre, chanté en duo.
Therapie TAXI - PIGALLE (Clip Officiel)
D’abord baptisé Milky Way, le groupe devient Therapie Taxi à l’arrivée de Félix (guitare et claviers) et Renaud (batterie). Plus carré, le quatuor ne reste pas moins voué aux chroniques débridées de la postadolescence. Nourris de concerts de rock autant que de clubbing déjanté, Raphaël et sa bande plongent dans la fête et les excès, avant de se regarder dans des miroirs renvoyant de vilains réveils. Ode amphétaminée aux paradis artificiels (Crystal Memphis), délire trop arrosé (Coma idyllique), dérives dans les rues de Paris (Pigalle), surtension amoureuse (Adena) ou zouk affriolant (Jean-Paul)… Therapie Taxi n’a pas l’intention de guérir de sa jeunesse.
Concerts : le 26 août, à Saint-Cloud, au festival Rock en Seine ; le 21 octobre, à Vitry-sur Seine, au Festi’Val de Marne ; le 26, à Troyes, au festival Nuits de Champagne.