Joseph-Antoine Bell : « Pour la CAN 2019, la chance a voulu que le Cameroun soit suréquipé »
Joseph-Antoine Bell : « Pour la CAN 2019, la chance a voulu que le Cameroun soit suréquipé »
Propos recueillis par Josiane Kouagheu (Douala (Cameroun), correspondance)
L’ancien gardien des Lions indomptables revient sur les propos du président de la CAF, qui a affirmé que le pays n’était pas prêt pour organiser la Coupe d’Afrique des nations.
Début août, en visite au Burkina Faso, le Malgache Ahmad Ahmad, président de la Confédération africaine de football (CAF), a affirmé que le Cameroun n’était « pas prêt » à organiser la Coupe d’Afrique des nations (CAN) prévue en 2019. Ces propos ont soulevé un tollé au Cameroun.
Alors que Tombi a Roko Sidiki*, président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), se disait « consterné », le chef de l’Etat, Paul Biya, a pris « l’engagement » personnel de mener à bien cette CAN. « Le Cameroun sera prêt le jour dit », a-t-il déclaré.
La mission d’inspection de la CAF, prévue du 20 au 28 août et tant redoutée par les autorités camerounaises, a été reportée à une date ultérieure à cause du désistement de PwC, le cabinet d’audit chargé de cette mission.
Joseph-Antoine Bell, connu pour son franc-parler, revient sur ces événements. L’ancien gardien des Lions indomptables se dit convaincu que le Cameroun « sera prêt » en juin 2019.
Les propos d’Ahmad Ahmad font bondir au Cameroun. Le président de la CAF était-il fondé à s’exprimer de la sorte à vingt-deux mois de la CAN 2019 ?
Joseph-Antoine Bell Ces propos ont suscité l’émoi et la réprobation des Camerounais, mais ils relevaient de la fiction, dans la mesure où le président de la CAF a dit que le Cameroun ne pourrait pas organiser la CAN « si elle se tenait demain ». Or la CAN se tient en juin 2019, il s’agit donc d’être prêt pour 2019. Et il n’y a aucun ouvrage, aucune infrastructure de génie civil nécessaire à la CAN qui ne puisse être construit en vingt-deux mois.
Si la CAN se jouait demain, en effet personne ne serait prêt, on le voit bien avec l’annulation de la mission d’inspection de la CAF. Pour l’instant, on ne connaît même pas les équipes sélectionnées, hormis celle du Cameroun, qui est le pays organisateur et qui a remporté la dernière CAN. Bref, les propos de M. Ahmad n’auraient pas dû prendre une telle importance, c’était de la pure fiction.
En janvier, la CAF a retiré à Madagascar l’organisation de la CAN des moins de 17 ans. Pour de nombreux Camerounais, cette sortie de M. Ahmad est une revanche sur Issa Hayatou, son prédécesseur, qui avait pris cette décision. Qu’en pensez-vous ?
Difficile à dire. Lorsque la CAN des moins de 17 ans a été retirée à Madagascar, il n’y a pas eu de cris de protestation de la fédération malgache. Et M. Hayatou, aussi puissant qu’il ait pu être, n’était pas le seul membre du comité exécutif de la CAF. Je ne crois pas que M. Ahmad soit revanchard.
La CAF a décidé de passer de 16 à 24 équipes pour les prochaines éditions de la CAN. Cela rend l’organisation de l’événement d’autant plus complexe…
Le passage à 24 équipes aurait pu être problématique, mais la chance a voulu que le Cameroun soit suréquipé. On ne demande pas des villes, mais des sites de match, or il se trouve que ces sites existent. Pour une CAN à 16 équipes, le Cameroun avait déjà prévu quatre sites, à Yaoundé, à Douala, à Garoua et à Bafoussam. Mais il en a un autre en réserve, à Limbé, qui a servi durant la CAN féminine de 2016 et est doté de toutes les infrastructures nécessaires. Enfin, le Cameroun construira un nouveau stade à Olembé.
La mission d’inspection de la CAF, prévue au Cameroun du 20 au 28 août, a été reportée à cause du désistement du cabinet d’audit PwC. Pourquoi ?
La raison de ce désistement est interne au cabinet. S’il veut communiquer dessus, il communiquera. Je me garderai de toute supputation, en revanche, ce que je vois c’est la suite. Il va falloir procéder à la désignation d’un autre cabinet, ce qui est quand même complexe, puis il faudra se mettre d’accord avec ce nouveau cabinet sur une nouvelle date et sur les procédures. Cela va prendre du temps.
Pourtant, dans un communiqué, la Fécafoot explique que les membres de PwC craignaient pour leur sécurité…
Ce communiqué est une grosse erreur. La lettre de la CAF est précise : l’inspection est reportée parce que le cabinet s’est désisté. Ce n’est pas à la Fécafoot de justifier ce désistement. Si le cabinet veut communiquer, il produira un communiqué de presse officiel ou accordera une interview. Concernant la sécurité, il n’y a aucune ambassade qui soit partie de Yaoundé, aucun consulat qui ait fermé à Garoua, aucun pays qui ait conseillé à ses ressortissants de ne pas aller à Limbé, à Bafoussam ou à Douala. Donc il n’y a pas de raison qu’un cabinet ne puisse pas travailler au Cameroun.
* Mercredi 23 août, la Fédération internationale de football (FIFA) a décidé de mettre sur pied un comité de normalisation pour gérer la Fécafoot, après « la confirmation par le Tribunal arbitral du sport [d’un jugement annulant] la procédure électorale ayant mené à l’élection en 2015 de l’actuel comité exécutif » et de son président, Tombi a Roko Sidiki.