Une manifestation de soutien envers l’Inde face au conflit avec la Chine concernant le plateau montagneux du Doklam, qui assure la jonction entre les deux pays. / Tsering Topgyal / AP

L’accord met fin à deux mois de confrontation entre l’Inde et la Chine. Les deux pays ont annoncé, lundi 29 août, un désengagement militaire sur un plateau himalayen stratégique, une zone située entre les deux géants asiatiques. Soldats indiens et chinois se faisaient face depuis la mi-juin sur le plateau montagneux du Doklam, qui assure la jonction entre les territoires indiens, chinois et bhoutanais.

New Delhi y avait envoyé des troupes pour former un barrage humain au chantier d’une route militaire chinoise. Lundi matin, l’Inde a annoncé le « désengagement » de soldats du Doklam suite à des pourparlers diplomatiques. Pékin a pour sa part fait état d’un retrait de troupes indiennes et affirmé que les « troupes chinoises poursuivent leurs patrouilles du côté chinois de la frontière ».

Ces communications officielles n’indiquaient pas de manière explicite si les troupes chinoises se retiraient également de la zone de frictions concernée.

Mouchoir de poche

Tout a commencé le 16 juin, lorsque des soldats bhoutanais ont aperçu des troupes chinoises équipées de matériel de construction destiné à achever un chantier de route menant au poste frontière indien sur ce qu’ils considèrent être leur territoire. Le petit royaume s’est aussitôt tourné vers son allié et protecteur, l’Inde, dont une garnison est située à deux pas, qui a déployé des hommes sur le terrain. Ces derniers ont alors bloqué physiquement les Chinois, par une bousculade, mais sans armes des deux côtés afin d’éviter l’escalade.

Une frontière du plateau montagneux de Doklam, perché dans l’Himalaya, fait l’objet de tensions entre la Chine et l’Inde. / LE MONDE

La Chine soutient que la construction de la route se déroule sur son territoire, mais l’Inde et le Bhoutan contestent cette revendication. New Delhi et Thimphou estiment que les travaux se situent en sol bhoutanais. La cause de la dispute tient dans un mouchoir de poche. Pékin place la trijonction de son territoire avec l’Inde et le Bhoutan cinq kilomètres plus au sud que ce que ses deux voisins reconnaissent. C’est dans cette poche montagneuse que se déroulait le face-à-face.

Au-delà de la question de la souveraineté de la zone, une militarisation du plateau du Doklam par la Chine pose un problème stratégique à l’Inde.

En effet, la hauteur n’est située qu’à quelques dizaines de kilomètres du corridor de Siliguri, une étroite bande de terre, surnommée « cou de poulet », qui est la seule jonction territoriale pour New Delhi entre les plaines du nord et ses États du nord-est, constituant par conséquent un point vulnérable sur le plan militaire.