Renault-Nissan va lancer une voiture électrique à petit prix en Chine
Renault-Nissan va lancer une voiture électrique à petit prix en Chine
Par Éric Béziat
L’Alliance a signé un partenariat, mardi 29 août, avec Dongfeng, pour produire un petit modèle en 2019.
Ligne de production du Kadjar, dans l’usine de Renault et de Dongfeng, en février 2016, à Wuhan (Hubei). / JOHANNES EISELE / AFP
Les alliés franco-japonais Renault et Nissan ont manifestement décidé d’accélérer en Chine, en pariant sur le développement du petit véhicule électrique dans le premier marché automobile au monde. Mardi 29 août, l’Alliance Renault-Nissan et le constructeur chinois Dongfeng Motor ont annoncé la création d’une nouvelle coentreprise, afin de développer et de vendre ensemble des véhicules électriques en Chine.
Baptisée eGT, la nouvelle entité sera détenue à hauteur de 25 % par Renault, de 25 % par Nissan et, conformément à la loi chinois, de 50 % par le groupe automobile d’Etat Dongfeng. La mission première d’eGT : concevoir une petite voiture électrique hyperconnectée – et même « intelligente », annonce le communiqué de presse –, conçue à partir de la « plate-forme SUV de segment A de l’Alliance Renault-Nissan », à savoir la base industrielle destinée à fabriquer des petits 4 × 4 urbains.
La nouvelle voiture sera produite dans l’usine de Dongfeng située à Shiyan, une ville de la province du Hubei, dans le centre du pays, où sera aussi installé le siège social d’eGT. Selon une porte-parole de l’Alliance, elle pourra être commercialisée indifféremment avec les logos Nissan, Renault ou sous les marques chinoises de Dongfeng. Elle devrait sortir courant 2019 des chaînes de montage de Shiyan, qui affichent une capacité de production de 120 000 véhicules par an.
Le plus gros marché mondial de véhicules électriques
La société eGT est la quatrième coentreprise de l’Alliance en Chine (et la troisième avec Dongfeng). La première d’entre elles, Dongfeng-Nissan était, en 2016, le troisième producteur de voitures du pays (1,6 million de véhicules sortis des chaînes). Renault n’est entré en Chine que l’an dernier, à travers une coentreprise également avec Dongfeng (elle a écoulé 35 000 voitures au premier semestre) et vient d’annoncer, en juillet, une autre joint-venture, cette fois avec le constructeur chinois Brilliance China Automotive.
« La création de cette nouvelle coentreprise avec Dongfeng concrétise notre volonté commune de développer des véhicules électriques compétitifs pour le marché chinois, a commenté Carlos Ghosn, PDG de Renault-Nissan, cité par le communiqué. Nous sommes confiants dans notre capacité à répondre aux attentes des clients chinois et à renforcer notre leadership mondial dans le véhicule électrique. »
L’objectif affiché par M. Ghosn est de reproduire sur le marché chinois le succès phénoménal en Inde de son petit modèle low cost, la Renault Kwid, mais dans une version électrique. L’Alliance Renault-Nissan est le leader mondial de la voiture électrique, en particulier avec la Nissan Leaf, l’automobile à batterie la plus vendue au monde. Mais Nissan a du mal à l’écouler en Chine, où elle est commercialisée sous la marque Venucia e30, mais à un prix trop élevé, si on le compare à celui de la myriade de modèles strictement chinois.
Or, ce serait dommage de manquer le train de l’électrique en Chine. Selon l’Association chinoise des constructeurs automobiles, la Chine représente le plus gros marché mondial de véhicules électriques, avec près de 260 000 véhicules vendus en 2016. Durant les sept premiers mois de 2017, la production de véhicules à batterie – une grande spécialité chinoise – a atteint 223 000 unités, soit une augmentation de 37,8 % sur un an. L’objectif de ce partenariat est bien, comme l’affirme le communiqué, « d’exploiter le potentiel de ce segment chinois du marché ».
Marché de plus en plus saturé
Et il y a un peu urgence pour Renault-Nissan. La concurrence est de plus en plus féroce sur le marché chinois et ses 27 millions de voitures. L’époque bénie où tout se vendait, pour peu que la marque soit occidentale, est bel est bien terminée. Les constructeurs strictement chinois sont de plus en plus présents et la guerre des prix fait rage.
Cette nouvelle donne est un vrai souci pour la coentreprise Dongfeng-Nissan, qui a vu ses parts de marché s’éroder (elle est passée de troisième producteur de voitures chinois en 2016 à cinquième à la mi-2017). Il faut donc trouver des relais de croissance. D’où cet investissement électrique. D’où, aussi, le partenariat de Renault avec Brilliance pour développer des utilitaires, un marché en plein essor dans le pays.
L’ambition de M. Ghosn vient ici rencontrer celle de Dongfeng et des autorités chinoises, qui doivent faire face à un marché automobile de plus en plus saturé, à des villes de plus en plus congestionnées et à un problème de pollution de l’air à régler d’urgence. « Nous sommes prêts à accompagner la grande transformation du marché en Chine, où la tendance est aux voitures légères, électriques, intelligentes, interconnectées et partagées », a commenté, mardi 29 juin, Zhu Yanfeng, président de Dongfeng. Le groupe chinois, qui est aussi partenaire majeur de PSA en Chine et l’un des actionnaires de référence du concurrent éternel de Renault, montre, dans cette affaire, son sens aigu du pragmatisme.