Le rugby français rattrapé par les affaires de Bernard Laporte
Le rugby français rattrapé par les affaires de Bernard Laporte
Par Adrien Pécout
Le président de la Fédération est soupçonné d’être intervenu en faveur du club de Montpellier alors qu’il était lié à son président par contrat.
Bernard Laporte / Frédéric Lancelot / Presse Sports
Faudra-t-il, un jour, écrire un second volume des Petites histoires secrètes du rugby (Solar, 2013) ? Depuis deux semaines, son auteur, Bernard Laporte, est confronté à de nouvelles « petites histoires », qui fragilisent cette fois fortement sa position à la présidence de la Fédération française de rugby (FFR).
Au cœur de la mêlée, l’ancien entraîneur de Toulon a pris le temps avant de répliquer. « Je n’ai rien dissimulé. (…) Tout est légal », a-t-il assuré dans un entretien au Parisien, mis en ligne dans la soirée du mardi 29 août. Le nouveau président de la FFR, élu en décembre 2016, est soupçonné d’avoir favorisé le club de Montpellier alors qu’il entretenait des relations d’affaires avec son président.
La veille, la « fédé » a déjà tenté de « restaurer (…) la confiance » : elle a annoncé la rupture immédiate du contrat d’image conclu en février entre Bernard Laporte et le président de la formation héraultaise, Mohed Altrad. En tant que dirigeant de la société BL Communication, Bernard Laporte devait toucher 150 000 euros pour animer quatre conférences ou séminaires, selon les révélations publiées le 13 août par Le Journal du dimanche : des interventions prévues dans les mois à venir pour le groupe Altrad Investment Authority, qui fabrique du matériel pour le secteur du bâtiment.
Quatre démissions à la suite
Le 27 août, toujours dans Le JDD, un témoignage a ajouté au trouble : Bernard Laporte aurait sollicité la commission d’appel de la FFR pour qu’elle se prononce « dans un sens beaucoup plus favorable à Montpellier », selon Philippe Peyramaure, « avisé » d’une supposée intervention. Représentant de la Ligue nationale de rugby (LNR) au sein de ladite commission, l’avocat parisien a présenté sa démission en guise de protestation.
Parmi les treize membres de la commission d’appel, trois autres démissions ont suivi en l’espace de deux jours : celles de Benjamin Peyrelevade, Julien Bérengeret et Vincent Chaumet-Riffaud. Trois départs qui affaiblissent d’autant la fédération.
Au centre des questions ? Le fait que la commission d’appel a allégé, à la fin du mois de juin, des sanctions prises par la commission de discipline de la LNR pour divers dossiers : une histoire de banderoles de supporteurs ainsi que les suspensions de deux joueurs montpelliérains, les frères Du Plessis, Jacques et Jannie.
Bernard Laporte reconnaît avoir appelé au préalable le président de la commission d’appel, Jean-Daniel Simonet. « Dans le respect de [son] indépendance », précise-t-il au Parisien. Un peu plus tôt, par communiqué, M. Simonet assurait aussi avoir agi de façon « conforme à la jurisprudence » et démentait avoir fait l’objet de pressions.
La ministre des sports attend avant de se prononcer
Le patron du rugby tricolore a été sélectionneur du XV de France puis secrétaire d’Etat aux sports sous le gouvernement Fillon (2007-2009). Restera-t-il à la FFR jusqu’au terme de son mandat de quatre ans ? A la hâte, la fédération a proposé la création d’une « haute autorité de lutte pour la transparence et l’équité dans le rugby ».
Mardi, la nouvelle ministre des sports, Laura Flessel, se donnait encore « quelques jours » avant de se prononcer. A propos de la campagne pour l’organisation de la Coupe du monde 2023, « la candidature se fera avec ou sans Bernard Laporte », a-t-elle insisté sur BFM-Sports. La Fédération internationale de rugby élira le pays hôte, le 15 novembre, entre l’Afrique du Sud, l’Irlande ou la France.
Là aussi, la partie se complique : parmi ses principaux sponsors, le dossier français compte le groupe Altrad, qui restait silencieux mardi. Un sponsor dont le nom s’est aussi installé sur le maillot du XV de France, qui était resté immaculé jusqu’en mars 2017.