« Wind River » : fait d’hiver sur une réserve indienne
« Wind River » : fait d’hiver sur une réserve indienne
Par Thomas Sotinel
Ce western contemporain de Taylor Sheridan évoque la vie des descendants des premiers occupants des Etats-Unis avec les procédés classiques de Hollywood.
Remis au goût du jour par Quentin Tarantino avec Les 8 Salopards, le sous-genre du western enneigé connaît avec Wind River une variation contemporaine. Acteur (entre autres dans la série Sons of Anarchy), Taylor Sheridan, qui signe ici son premier film en tant que réalisateur, a été aussi le scénariste d’un autre western contemporain, Comancheria, du Britannique David Mackenzie. On retrouvera dans Wind River certains des motifs de ce dernier film : les plaies ouvertes laissées par la conquête de l’espace américain et le génocide qui l’a accompagné, la fatalité de la violence dans les rapports sociaux. Mais on aura beau chercher, on ne décèlera pas de trace de l’humour noir qui baignait le film de Mackenzie.
La traque de l’assassin d’une jeune Amérindienne par une agente du FBI (Elizabeth Olsen) et un garde forestier (Jeremy Renner) est mise en scène selon les procédés du film d’action, que seules les conditions météorologiques extrêmes de l’intrigue (et, d’après les apparences, du tournage) éloignent de la norme.
A l’approche d’une tempête de neige, une jeune femme presque dévêtue court la nuit, dans la neige, avant de s’effondrer, morte. Son corps est retrouvé par Cory Lambert, envoyé par les autorités fédérales pour débarrasser la réserve de Wind River de couguars qui s’attaquent au bétail. Appelée sur le lieu du crime, l’agente fédérale Jane Banner, une fille de la ville, demande à l’homme des montagnes de lui prêter main-forte. Quelques années auparavant, la fille de Cory Lambert, qui avait épousé une Amérindienne, a aussi disparu. Le nouveau crime prolonge encore le deuil du père, pendant que Jane Banner se familiarise avec la vie sur la réserve, faite de pauvreté, de chômage, d’alcoolisme et de toxicomanie.
Harmonie funèbre et hivernale
Ce matériau et son décor devraient suffire à Taylor Sheridan pour construire son intrigue, d’autant qu’il a sous la main une impressionnante distribution, où l’on retrouve Gil Birmingham, dans le rôle du père de la victime – c’est lui qui incarnait l’adjoint amérindien du marshall que jouait Jeff Bridges dans Comancheria.
Il arrive que Wind River parvienne à une espèce d’harmonie, funèbre et hivernale, entre la violence des situations, la souffrance des personnages et la cruauté de la nature, sur le modèle de La Chevauchée des bannis, d’André De Toth, qui reste sans doute le plus beau western hivernal. Le reste du temps, que Taylor Sheridan ait voulu offrir un environnement familier à ses stars hollywoodiennes ou qu’il ait manqué de confiance dans ses spectateurs, le récit avance au rythme soutenu et industriel d’un épisode de série policière, avec en guise de finale une fusillade à la manière de Quentin Tarantino. C’est effectivement garantir que l’on ne s’ennuiera pas. C’est aussi risquer que le film s’efface vite des mémoires.
WIND RIVER - Bande Annonce 2 - VF
Durée : 01:08
Film américain de Taylor Sheridan. Avec Jeremy Renner, Elizabeth Olsen, Gil Birmingham (1 h 47). Sur le Web : www.metrofilms.com/films/wind-river et www.facebook.com/WindRiverMov