Kylian Mbappé célèbre son but face aux Pays-Bas, jeudi 31 août. / GONZALO FUENTES / REUTERS

Rarement Didier Deschamps n’avait semblé aussi comblé. Dans l’auditorium du Stade de France, le sélectionneur des Bleus a particulièrement savouré la large victoire (4-0) de ses joueurs face aux Pays-Bas, jeudi 31 août, en match qualificatif pour le Mondial 2018, organisé en Russie. « Ce n’est pas un rêve, le match s’est bien passé, a souri le technicien, en conférence de presse. On a maîtrisé notre sujet. Il y a eu beaucoup de complicité dans les déplacements, le jeu au sol rapide. L’animation offensive a été très performante ce soir. »

Aux anges, Didier Deschamps pouvait d’autant plus apprécier cette soirée idyllique que ce succès éloquent relance les Tricolores sur la route du prochain tournoi planétaire. En délicatesse après leur défaite rageante (2-1) en Suède, le 9 juin, les Bleus ont repris aux Scandinaves – battus (3-2) en Bulgarie et désormais devancés de trois points – la première place de leur poule qualificative tout en maintenant à bonne distance les Pays-Bas, relégués à six unités.

« Cette victoire nous place en position idéale », a insisté le sélectionneur, déjà vainqueur (1-0) des Oranje, lors du match aller en octobre 2016, et heureux de ce soudain alignement des planètes en sa faveur. Ses protégés doivent toutefois encore affronter le Luxembourg, à Toulouse, dimanche 3 septembre, avant un déplacement en Bulgarie, le 7 octobre, et un ultime match contre la Biélorussie, trois jours plus tard, à Saint-Denis.

Les Bleus ont leur destin entre leurs mains

Si elle doit encore empocher neuf points pour valider directement son billet pour la Russie, l’équipe de France a maintenant son destin entre ses mains. A moins d’un improbable faux pas, elle devrait éviter l’étape éprouvante des barrages, ces matchs couperets et anxiogènes qu’elles avaient dû disputer pour arracher son ticket pour le Mondial 2010, en Afrique du Sud, et l’édition 2014, au Brésil.

L’indigence du jeu déployé par les Pays-Bas, privés de qualification pour l’Euro 2016, et en plein changement de cycle, ne suffit pas à expliquer la démonstration des Bleus. Supérieurs techniquement, les Tricolores ont également bénéficié de l’impact physique, la fraîcheur, la vitesse et l’explosivité de sa jeune garde. Pour asphyxier les vétérans néerlandais Wesley Sneijder et Arjen Robben, tous deux âgés de 33 ans, Didier Deschamps a puisé dans son incroyable vivier de talents.

Vainqueur de la Ligue 1 et demi-finaliste de la Ligue des champions avec Monaco la saison passée, Thomas Lemar, 21 ans, a électrisé le public dyonisien. Le milieu gauche a inscrit un doublé, expédiant une demi-volée supersonique dans les filets de Jasper Cillessen, le gardien des Oranje. Quant à Kingsley Coman, pensionnaire du Bayern Munich et lui aussi âgé de 21 ans, il s’est également illustré par ces débordements incessants et ses crochets dévastateurs.

Le premier but en sélection de Kylian Mbappé

A forcer d’enchaîner les montées sur les ailes, les arrières latéraux Djibril Sidibé (25 ans) et Laywin Kurzawa (24 ans) ont contribué à fissurer l’édifice hollandais. Et que dire de la performance du prodige Kylian Mbappé, 18 ans, entré en jeu dans le dernier quart d’heure de la partie ? Quelques heures après l’officialisation de son prêt d’un an (avec une option d’achat fixée à 180 millions d’euros) au Paris-Saint-Germain, le jeune attaquant s’est distingué en multipliant les dribbles et percées.

Sous les vivats du Stade de France, il a inscrit son premier but en sélection, clôturant le festival offensif des Bleus. « C’est une belle journée, avec une belle signature (au PSG), une grande victoire, un but. On se rapproche d’une journée de rêve. Je ne sais pas ce qu’est typiquement une journée de rêve, mais c’est une très belle journée », a confié, après la rencontre, Kylian Mbappé, face à une forêt de micros.

« On a de jeunes joueurs, qui ont beaucoup d’ambitions, s’est félicité Didier Deschamps, qui avait choisi de se priver de l’attaquant Ousmane Dembélé, 20 ans, tout juste transféré au FC Barcelone (contre 105 millions d’euros + 42 millions d’euros) après avoir refusé de s’entraîner avec son ancien club, le Borussia Dortmund. Il y a beaucoup de qualités, mais le niveau international demande beaucoup d’exigences, et demande confirmation. Je ne vais pas me plaindre de cette abondance de talents. »

Confronté aux forfaits de ses jeunes défenseurs Raphaël Varane (24 ans) et Benjamin Mendy (23 ans), le sélectionneur n’avait pas préparé la réception des Pays-Bas dans les meilleures conditions. Il s’est réjoui de voir Antoine Griezmann (26 ans), en manque de temps de jeu à la suite de son exclusion lors d’un match de Liga Espagnole avec l’Atlético Madrid, ouvrir la marque et amorcer le triomphe de sa sélection.

« Le scénario est idéal »

En zone mixte, l’espace dévolu aux échanges entre les joueurs et les médias, les Bleus oscillaient entre euphorie et optimisme. « C’est une soirée parfaite, le scénario est idéal, a résumé le gardien et capitaine Hugo Lloris, auteur d’une bourde fatale en Suède, en juin, et visiblement requinqué par ce succès face aux Oranje. Cela remet les pendules à l’heure. » « C’est le match presque parfait, allez, on va même dire parfait ! », a renchéri Layvin Kurzawa.

Ce satisfecit dressé par l’arrière gauche du PSG témoigne de l’état d’esprit des Tricolores, conscients que cette victoire nette et sans bavure constitue un formidable tremplin. « C’est une grosse satisfaction de voir une équipe de France collectivement aussi bien », s’est enthousiasmé Didier Deschamps, qui avait modifié son schéma tactique et opté pour une attaque bicéphale face aux Bataves.

En passe de s’ouvrir un boulevard vers la Russie, les Tricolores ont toutefois tenté de calmer les ardeurs des journalistes français, déjà tournés vers le prochain Mondial. « Il nous reste trois matches, il faut en gagner deux. J’espère qu’on pourra le faire le plus rapidement possible », a sobrement déclaré N’Golo Kanté, le milieu de Chelsea.

« Attendez, avant ce match, on était trop négatifs, et maintenant, on est trop positifs, a tempéré Hugo Lloris. Il faut être appliqués, continuer à grandir ensemble. On est une jeune équipe, avec de jeunes joueurs, même si ces derniers montrent qu’ils franchissent les caps les uns après les autres très rapidement. » Une sagesse bienvenue dans cette dernière ligne droite vers le Mondial 2018.