Une « agression contre les salariés ». C’est en résumé la façon dont la gauche a perçu la publication des cinq ordonnances réformant le code du travail, jeudi 31 août. « C’est le grand recul social que l’on redoutait. Presque toutes les mesures tirent vers le bas la protection et les droits des salariés », a déclaré, au Monde, Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, soulignant le « contournement du code du travail par les accords de branche ou d’entreprise ».

« C’est un moment très douloureux pour le monde du travail, abonde Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. Ce n’est en aucun cas un texte équilibré, c’est une aggravation des conditions de travail et la généralisation de la précarité. » M. Dartigolles vise notamment les « CDI de chantiers », contrats qui permettent d’aller, pour une mission donnée, au-delà du plafond des dix-huit mois des CDD. Face à « l’absolutisme libéral de Macron », les communistes veulent faire de la pédagogie avec « des contrepropositions claires » dans « une logique de sécurisation de l’emploi », explique M. Laurent.

Surtout, le PCF entend contribuer au succès de la journée d’action organisée par la CGT et SUD, le 12 septembre. « On accompagnera les mobilisations syndicales. Il en faudra d’autres après le 12 », avance Pierre Laurent qui veut faire de la Fête de L’Humanité, du 15 au 17 septembre, un lieu de convergences entre salariat et jeunesse. En revanche, la participation à la « marche contre le coup d’Etat social », appelée par les frères ennemis de La France insoumise (LFI), le 23 septembre, n’est pas encore à l’ordre du jour.

« Une réponse citoyenne »

Les « insoumis » sont, eux aussi, extrêmement remontés contre la réforme gouvernementale. « Il y a plus que jamais une pertinence à notre marche, qui est une réponse citoyenne. Mais la journée d’action des syndicats, le 12, doit aussi être un succès », assure Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis. Selon lui, la réforme du code du travail impulsée par l’exécutif met en place une extension de la précarité qui « répond à logique selon laquelle le chômage est dû à la législation sociale ». « Est sortie de la cuisse de Jupiter une agression caractérisée dont rien ne sortira pour lutter contre le chômage », continue le parlementaire. « C’est un recul sans précédent de toute la logique protectrice » du droit du travail a assuré, pour sa part, Charlotte Girard, une des porte-parole du mouvement, lors d’un point presse en compagnie de M. Corbière.

Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ne dit pas autre chose. Pour le parti écologiste, cette réforme « idéologique » « facilite les licenciements, affaiblit les organisations syndicales, démantèle les CHSCT » et suit une « logique très claire d’affaiblissement des salariés dans leur rapport à l’employeur ». EELV appelle d’ailleurs, comme le PCF et LFI, à participer à la journée de mobilisation du 12 septembre.

« Des avancées de bon sens »

Au Parti socialiste également, ces ordonnances « insoutenables » ne passent pas. « Elles permettront de licencier plus facilement tout en protégeant moins efficacement », estime ainsi le PS dans un communiqué. Les socialistes dénoncent également « un déséquilibre dans la relation entre les employeurs et les salariés » avec la fusion des instances représentatives du personnel. « Le gouvernement ne tient pas compte de l’asymétrie du rapport de force entre salariés et employeurs, que les syndicats rééquilibraient jusque-là », jugent les socialistes, qui regrettent la fragilisation des salariés.

Même ton critique du côté du Front national, qui dénonce « un droit du travail encore plus favorable aux grandes entreprises et pas aux TPE-PME (…), tout en précarisant encore davantage, gravement et inutilement les salariés ».

En revanche, les réactions sont plus nuancées du côté de la droite. Si Bernard Accoyer juge que les ordonnances « ne correspondent pas à la “révolution copernicienne” promise par Emmanuel Macron », le secrétaire général du parti Les Républicains reconnaît qu’« elles comportent des avancées de bon sens qui vont permettre de simplifier la vie des entreprises ». A son tour, le député LR de l’Ain, Damien Abad s’est réjoui qu’elles introduisent « quelques avancées pour les PME ».