TV : Le cercle des décodeuses disparues
TV : Le cercle des décodeuses disparues
Par Martine Delahaye
Notre choix du soir. La série anglaise « Enquêtes codées » met en scène des ex-casseuses de code du Reich devenues expertes en déchiffrage de meurtres (sur Chérie 25 à 20 h 55).
ENQUETES CODÉES S1 bande annonce
Durée : 01:21
Ces femmes-là n’ont pas un passé anodin. Pendant la seconde guerre mondiale, leurs qualités les ont amenées à être mobilisées par le gouvernement britannique pour intégrer une armée secrète comptant quelque dix mille personnes. Une armée de l’ombre qui allait s’affairer jour et nuit pour intercepter et casser les codes des messages secrets du Reich, et hâter la victoire finale.
A quelque quatre-vingts kilomètres au nord-ouest de Londres, le site de Bletchley Park, où se déroule une partie de la série Enquêtes codées, fut réellement la fourmilière où, dès le début de la guerre, le service du renseignement extérieur du Royaume-Uni, le MI6, installa l’organisme secret chargé du déchiffrage des messages codés de l’ennemi. Y furent regroupés les plus brillants sujets de Sa Majesté (des mathématiciens tel Alan Turing, des linguistes, le meilleur cruciverbiste du pays…), ainsi que toutes sortes de décodeurs, décrypteurs et analystes… dont 75 % étaient des femmes.
« Enquêtes codées », une série créée par Guy Burt. / MEDIA CORP
Les renseignements issus des « casseurs et casseuses de code » de Bletchley Park étaient classés « ultra », un niveau de protection créé spécialement pour Bletchley et plus confidentiel encore que ne l’étaient les informations qualifiées « top secret ». Le centre secret de Bletchley Park aura donc joué un rôle important pour accélérer le cheminement vers la fin de la guerre.
Renvoyées au foyer
Mais qu’arriva-t-il à cette armée d’élite, une fois la guerre finie ? Chacun fut renvoyé qui à son université, qui à la recherche d’un travail civil, et surtout qui à son foyer, pour ce qui concernait une majorité de femmes. Leur vie et le regard qu’elles portaient sur elles-mêmes avaient totalement changé avec la guerre et leur type d’activité, mais la société les ramenait à leur simple statut de femmes et mères au foyer, en quête de nourriture avec les tickets de rationnement, mari et enfants devant tout ignorer de leur engagement passé – on leur intima l’ordre de ne rien dévoiler de leur activité passée, et de simplement dire qu’elles étaient « secrétaires » pour le compte du ministère des affaires étrangères pendant la guerre.
C’est de tout ce contexte que s’imprègne Guy Burt, le créateur d’Enquêtes codées pour la BBC, en 2012. En deux saisons totalement indépendantes, l’une de trois épisodes, l’autre de quatre, il met en scène quatre de ces femmes qui, pendant la guerre, ont travaillé coude à coude pour décoder les messages ennemis, et qui, devenues de simples anonymes, vont se retrouver, en 1952 et 1953, autour d’un objectif : appliquer leurs anciennes méthodes d’analyse aux meurtres commis contre des femmes à Londres, et que la police ne sait traiter…
Classique et léché
Tout ici est léché, classique, bien joué et surtout bien mené : non seulement on se retrouve dans l’ambiance et la reconstitution des années 1950, mais vont aussi être sollicités – et donc expliqués au spectateur – les méthodes, modes de propagande et personnages des services secrets qui tinrent le haut du pavé neuf ou dix ans plus tôt, organisant le stockage et le traitement de millions de données pour le MI6. Attention, ces enquêtes policières ont déjà été diffusées sur France 3 et Chérie 25 : il s’agit là d’une rediffusion.
Enquêtes codées, saison 2, série créée par Guy Burt. Avec Anna Maxwell Martin, Rachel Stirling, Sophie Rundle, July Graham (GB, 2012 et 2014, 7 x 45 min.). La saison 1, indépendante, est diffusée dimanche 3 septembre à partir de 23 h 05.