CSG, retraite et taxe d’habitation : le calcul hasardeux de Christophe Castaner
CSG, retraite et taxe d’habitation : le calcul hasardeux de Christophe Castaner
Par Evan Lebastard
Invité de France Inter mardi, le porte-parole du gouvernement a voulu rassurer les retraités qui verront leurs charges augmenter. Quitte à se lancer dans un décompte approximatif.
Le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, le 28 juillet à Paris. / BERTRAND GUAY / AFP
Le gouvernement veut augmenter la contribution sociale généralisée (CSG), prélevée sur la plupart des revenus pour financer la Sécurité sociale. En parallèle, il a annoncé une baisse de la taxe d’habitation prévue pour 2018. Des réformes que Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, a essayé de défendre, mardi 5 septembre, sur France Inter. Il y a affirmé qu’un retraité touchant 2 000 euros de pension allait voir la hausse de la CSG compensée par la baisse de la taxe d’habitation, qui est annoncée pour 2018.
Répondant à la question d’un auditeur retraité, inquiet sur la hausse de ses charges, il s’est lancé dans ce calcul hasardeux :
« J’ai fait un calcul rapide. (…) L’auditeur a 2 000 euros par mois de retraite. Dès l’année prochaine, il va avoir 30 % de taxe d’habitation en moins. S’il fait le calcul, sur sa taxe d’habitation, en moyenne on est à 1 500 euros. Dès l’année prochaine, il aura 500 euros en moins. C’est-à-dire plus que l’augmentation de la CSG. »
POURQUOI C’EST FAUX
Christophe Castaner fait une première erreur sur le montant moyen de la taxe d’habitation, qui est en moyenne en deçà des 1 500 euros. Il varie du simple au double selon les villes, mais le coût médian de la taxe d’habitation est de 1 098 euros par an, selon l’Observatoire SFL-Forum. Le taux change selon de nombreux critères, allant de la « valeur locative » au caractère de résidence principale ou non.
Si l’Etat fixe le cadre global de son application, le taux et le montant de cette taxe sont fixés par les collectivités territoriales, pour qui cette ressource est stratégique. Autrement dit, la baisse de la taxe d’habitation a un impact direct sur les ressources des collectivités, quand la hausse de la CSG vient, elle, alimenter le budget de l’Etat, pour financer la Sécurité sociale.
Emmanuel Macron avait promis pendant sa campagne la suppression totale de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages, estimant qu’elle était injuste. Cela passe par une baisse progressive de 30 % tous les ans, jusqu’à la suppression totale.
Si l’on se base sur le chiffre médian de 1 098 euros par an, la baisse de 30 % qui doit entrer en vigueur en 2018 va faire passer la taxe d’habitation de 1 098 à 768,60 euros par an. Soit une économie de 329,40 euros pour l’année.
Quant à la CSG, elle est actuellement à 6,6 % pour les retraités. Elle va passer à 8,3 % en 2018. Ainsi, le retraité dont Christophe Castaner prend l’exemple paiera désormais 166 euros par mois, contrairement à 132 euros précédemment. Soit 408 euros de charges supplémentaires à l’année.
Une somme qui n’est donc pas compensée par les 30 % de taxe d’habitation puisque ce retraité avec 2 000 euros de pension se retrouverait donc avec une hausse de 79 euros par an de ses charges. Bien entendu, tout cela n’est qu’un calcul théorique fondé sur une moyenne et non un reflet des multiples situations particulières.
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