Turquie : les Européens peu enclins à suivre Mme Merkel sur l’arrêt des négociations
Turquie : les Européens peu enclins à suivre Mme Merkel sur l’arrêt des négociations
Le Monde.fr avec AFP
Lors d’une réunion des ministres des affaires étrangères à Tallinn, jeudi, nombre de pays se sont montrés circonspects, voire opposés à l’initiative de la chancelière allemande.
La plupart des pays de l’Union européenne (UE) ne souscrivent pas à la proposition d’Angela Merkel d’arrêter les négociations d’adhésion avec la Turquie, ainsi qu’en témoignent les déclarations, jeudi 7 septembre, lors d’une réunion des ministres des affaires étrangères à Tallinn, des représentants de la Finlande, de la Suède, des Pays-Bas, de l’Estonie ou de la Belgique. Ces derniers se sont montrés circonspects, voire opposés, à l’initiative de la chancelière allemande.
Mme Merkel, qui est en campagne électorale, avait annoncé, dimanche, qu’elle proposerait à ses homologues européens un arrêt des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE. « Il est évident que la Turquie ne doit pas devenir un membre de l’Union européenne », a-t-elle déclaré lors d’un débat télévisé avec son rival du SPD, Martin Schulz.
« Non, non, non », lui a répondu le chef de la diplomatie lituanienne, jeudi, interrogé sur l’opportunité d’interrompre les pourparlers. « Pour parler franchement, en coupant [les liens], on ne fera pas une bonne affaire », a rétorqué Linas Linkevicius. L’Estonien Sven Mikser a mis en garde contre « les décisions hâtives ». « Je ne pense pas que l’Union européenne prendra une quelconque décision à ce propos cette année », a-t-il prédit. Le Belge Didier Reynders a souligné que, de facto, « les négociations sont gelées », et a plaidé pour le statu quo.
Un rapport au printemps 2018
L’UE avait gelé, en 2016, l’ouverture de nouveaux chapitres dans les négociations d’adhésion, engagées en 2005. Hormis l’Autriche, qui, depuis plus d’un an, demande à cesser ces pourparlers, les Européens, en dépit des atteintes aux droits humains en Turquie, ne sont pas enthousiastes à cette perspective, dans la mesure où ce pays est un partenaire stratégique.
« C’est un pays avec lequel nous travaillons sur des dossiers fondamentaux, stratégiques, pour nous comme pour eux : la lutte antiterroriste, [la réunification de] Chypre, la Syrie... », a mis en garde cette semaine la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini. Le président de la République français, Emmanuel Macron, a plaidé, jeudi, pour « éviter les ruptures » avec la Turquie, « partenaire essentiel dans de nombreuses crises que nous affrontons ensemble », citant « le défi migratoire ou la menace terroriste ».
Bruxelles et Ankara ont conclu en 2016 un pacte migratoire qui a permis de stopper l’afflux de migrants en Europe par les îles grecques en mer Egée.
Le commissaire à l’élargissement européen, Johannes Hahn, a promis « un rapport au printemps de l’année prochaine au plus tard » pour « voir comment la situation en Turquie évolue ». Il devra notamment évaluer si le pays respecte les critères en vigueur pour les pays candidats, et c’est sur la base de ce document qu’une décision pourra éventuellement être prise.