TV : Des « Petits Meurtres » à la sauce burlesque
TV : Des « Petits Meurtres » à la sauce burlesque
Par Véronique Cauhapé
Notre choix du soir. Les nouveaux épisodes de la série adaptée des romans d’Agatha Christie mêlent rigueur et fantaisie (sur France 2 à 21 heures).
Décidément, la saison 2 des Petits Meurtres d’Agatha Christie n’a rien perdu des qualités qui, depuis 2013, assurent le succès de ce rendez-vous. Installée dans une époque, les années 1950, dont l’esthétique et l’esprit sont respectés, année après année, avec la même minutie et la même constance, cette série de téléfilms parvient toujours à capter notre intérêt. Et ce, précisément, parce que ce cadre parfaitement défini accorde aux scénaristes la possibilité de pousser le bouchon toujours plus loin, de jouer avec les limites.
Ainsi a-t-on pu « supporter » dans le premier épisode de cette nouvelle salve (diffusé le 1er septembre) l’improbable vision d’un commissaire Laurence travesti en femme, aussi crédible qu’un pitbull déguisé en lévrier afghan. Ainsi accepte-t-on encore, jusque dans l’outrance qui lui est accordée, la dépression où plonge, à grand renfort de postures tragi-comiques, le même commissaire, dans le deuxième épisode (le 8 septembre).
Dans un autre contexte que ces Petits Meurtres, la crédibilité du récit ne résisterait pas à de tels débordements gaguesques. Mais tenus, comme ici, par une structure solide et des personnages qui ont eu le temps de s’imposer, ils parviennent à injecter du burlesque dans le polar sans édulcorer les intrigues, pièces maîtresses de chaque aventure.
Elodie Frenck, Blandine Bellavoir et Samuel Labarthe dans « Les Petits Meurtres d’Agatha Christie ». / THIERRY LANGRO/ESCAZAL FILMS
Voilà pourquoi, dans l’épisode Le miroir se brisa, dont l’action se concentre essentiellement sur des plateaux de cinéma, le danger que court la célèbre actrice Blanche Dulac (Anne Consigny) et les rebondissements inhérents à l’enquête ne souffrent guère des crises de désespoir et de fureur du commissaire. Au contraire, la déliquescence mentale du héros de la série – d’ordinaire d’une telle psychorigidité qu’il considère toute aide extérieure comme un obstacle – fournit une belle occasion aux scénaristes, Jennifer Have et Zina Modiano, de faire monter en puissance les deux personnages féminins récurrents des Petits Meurtres…
Un vrai bonheur, évidemment, tant Alice Avril, la journaliste fouineuse (Blandine Bellavoir), et Marlène, la candide assistante de Laurence (Elodie Frenck), excellent chacune dans leur registre. Au point d’avoir réussi, au fil des épisodes, à créer avec leur « homme » un trio au sein duquel tout semble encore possible.
Les Petits Meurtres d’Agatha Christie, série créée par Anne Giafferi et Murielle Magellan. Avec Samuel Labarthe, Blandine Bellavoir, Elodie Frenck, Anne Consigny (Fr., 2017, 100 min).