Les dégâts causé par Irma à Tortola, dans les îles Vierges britanniques. / CPL TIMOTHY JONES / AFP

Auxiliaires indispensables – Ce n’est certes pas une première mais la série d’ouragans qui ont frappé le sud des Etats-Unis et les Caraïbes consacrent le drone comme un outil de plus en plus essentiel pour assister les organisateurs de secours. Moins cher et plus disponible que l’hélicoptère, capable de survoler tous les territoires – à condition que le vent n’excède pas 30 à 50 km/h – avec des instruments d’observation et de mesure, le drone est déjà largement mis à contribution pour rechercher des victimes isolées en situation précaire et, le cas échéant, leur faire parvenir des cordes, des gilets de sauvetage, de la nourriture ou des médicaments. Grâce aux photographies aériennes mais aussi à leur aptitude à réaliser des cartographies en 3D de zones particulièrement difficiles d’accès, ils sont en train de devenir des auxiliaires indispensables.

La Havane après le passage d’Irma, le 10 septembre. / Ramon Espinosa / AP

Une organisation planifiée – Aux Etats-Unis, où la drone economy est en pleine expansion, l’ouragan Harvey, qui a ravagé une partie du Texas le mois dernier, aura marqué un tournant. A cette occasion, le recours à des engins volants sans pilote a été systématisé, faisant l’objet d’une organisation particulièrement stricte et planifiée. Une équipe de l’université de Houston, qui compte en son sein un centre de recherches spécialisé dans l’utilisation de robots dans le cadre d’opérations de secours, a opéré 119 missions en faisant voler des petits quadricoptères comparables à ceux que l’on trouve dans le commerce mais aussi des drones à voilure fixe capables de rester en vol beaucoup plus longtemps. Ces opérations – menées en particulier par la Croix-Rouge et la Fondation UPS – ont permis de repérer quelles personnes devaient être prioritairement secourues, de dresser un premier inventaire des dégâts mais aussi de prendre la mesure de la montée des eaux et prévoir quelles zones risquaient d’être submergées. A contrario, les relevés effectués par drones évoluant à quelque 400 pieds (120 mètres environ) de hauteur ont permis de réaliser des projections relatives au reflux des inondations.

Une stricte coordination – Harvey a également incité de nombreux secteurs de l’économie à recourir à des drones. AT&T, notamment, a pu réaliser un bilan de l’état des relais téléphoniques en vue de rétablir au plus vite les communications. De même que les compagnies de distribution d’électricité ou de chemin de fer, qui avaient besoin d’obtenir rapidement un bilan de l’état de leurs pylônes et voies ferrées. Ce recours croissant aux drones impose toutefois une stricte coordination afin que toutes les zones soient quadrillées et que les opérateurs ne se gênent pas mutuellement. A l’approche d’un ouragan, la FAA (Federal Aviation Agency), l’aviation civile américaine, a strictement interdit aux particuliers de faire voler leurs appareils. Une no-drone zone sélective qui vise à bannir les survols des appareils ne participant pas aux secours. Elle a ensuite accordé des autorisations de vol aux seuls services et sociétés ayant formulé une demande justifiant de faire voler des drones.

Les assureurs en première ligne – Dans la durée, les principaux utilisateurs de drones dans un contexte de catastrophe naturelle sont sans doute les assureurs. Pouvoir survoler et recenser à moindres frais et avec un maximum de précision les dégâts infligés aux biens doit leur permettre d’évaluer plus rapidement l’ampleur des dégâts et le montant des indemnisations. Au Texas et partout où les récents cyclones ont sévi, toutes les compagnies utilisent des drones pour réaliser de premières expertises. D’ailleurs, un nombre croissant d’assureurs se sont équipés de multicoptères pour effectuer des constats auprès de leurs clients. Y compris hors situation de catastrophe naturelle.