Le directeur des services judiciaires de Monaco contraint au départ après l’enquête du « Monde »
Le directeur des services judiciaires de Monaco contraint au départ après l’enquête du « Monde »
Par Fabrice Lhomme, Gérard Davet
« Le Monde » a montré, jeudi, l’existence d’un réseau occulte œuvrant en faveur du milliardaire Dmitri Rybolovlev, patron de l’AS Monaco, et aux prises avec la justice locale.
Philippe Narmino, le 18 avril 2011. / Eric Gaillard / REUTERS
A la suite des révélations du Monde, jeudi 14 septembre, sur l’existence d’un vaste trafic d’influence au cœur des institutions monégasques, le directeur des services judiciaires de la principauté, l’équivalent du ministre de la justice, Philippe Narmino, a fait valoir ses droits à « une mise en retraite anticipée ». Dans un communiqué publié à la mi-journée, M. Narmino explique ainsi sa décision :
« Les mises en cause personnelles dont je fais l’objet et les attaques répétées subies par l’institution judiciaire ne me permettent plus d’en assurer convenablement la charge. »
Il entend ainsi retrouver sa « liberté de parole », lui qui avait été nommé directement par le prince Albert.
Dans une enquête parue le jour même, Le Monde fait état des informations, extrêmement embarrassantes pour la police et la justice monégasques, contenues dans un DVD-Rom remis à un juge d’instruction de Monaco. En l’espèce, des centaines de SMS démontrant l’existence d’un réseau occulte œuvrant en faveur du milliardaire Dmitri Rybolovlev, patron de l’AS Monaco, et aux prises avec la justice locale. En conflit avec l’homme d’affaires suisse Yves Bouvier, M. Rybolovlev aurait eu recours aux services d’une avocate, Me Tetiana Bersheda, pour influer sur le cours de la justice. De nombreux SMS issus du smartphone de Me Bersheda font notamment état des relations suivies entre le couple Narmino et M. Rybolovlev : week-end tous frais payés dans la résidence suisse de l’oligarque, à Gstaad, envoi de cadeaux, dîners fins, etc. Plusieurs policiers de haut rang sont également impliqués dans ce vaste scandale aux allures de « Monacogate ».