Mariano Rajoy à Barcelone, le 15 septembre. / ALBERT GEA / REUTERS

C’est dans un hôtel situé tout au bout d’un quai du port de Barcelone, protégé par un barrage de police, que Mariano Rajoy est venu, vendredi 15 septembre, délivrer un message de « sérénité et de fermeté » aux Catalans : « Il n’y aura pas de référendum. Il n’y en aura pas », a martelé le chef du gouvernement espagnol.

Pour éviter que sa visite soit interprétée comme un meeting pour le non au référendum unilatéral sur l’indépendance catalane, qu’il entend paralyser, le dirigeant conservateur a justifié sa présence par la réunion d’un conseil de direction du Parti populaire (PP) catalan. Barcelone et la Catalogne en général ne sont pas des terres accueillantes pour M. Rajoy. Avec moins de 10 % des voix, le PP n’est que la sixième force politique.

Dans une petite salle de conférence, devant plusieurs dizaines de militants et de sympathisants, dont beaucoup de personnes âgées, il a ironisé sur l’ouverture au dialogue à laquelle se dit prêt le gouvernement catalan de Carles Puigdemont : « Ils m’ont donné deux options : convoquer un référendum ou convoquer un référendum. » Visiblement tendu, le chef de l’exécutif a ensuite lancé des avertissements clairs, réaffirmant sa détermination à utiliser tous les moyens pour empêcher le vote. « Ils vont nous obliger à [faire] ce que nous ne voulons pas, a-t-il déclaré. Plus ils tardent à rectifier, plus ils feront du mal à l’ensemble des Catalans et des Espagnols. Qu’ils ne sous-estiment pas la force de la démocratie espagnole. »

« Dépecer l’Espagne »

Devant ses fidèles, il a remercié le travail de la garde civile, précisant que « plus de 100 000 affiches de propagande » ont été saisies. Mais c’est lorsqu’il a annoncé que Madrid pourrait prendre le contrôle des finances de la Généralité, le gouvernement catalan, pour s’assurer que « pas un euro d’argent public ne serve au référendum », que M. Rajoy a été le plus ovationné.

Le 14 septembre, le vice-président du gouvernement catalan, le chef de file de la gauche républicaine indépendantiste (Esquerra Republicana de Catalunya ; ERC), Oriol Junqueras, a affirmé qu’il n’enverrait plus à Madrid les listes hebdomadaires des dépenses de la Généralité, imposées avant l’été pour éviter que des fonds publics soient utilisés pour le vote prévu le 1er octobre. « Si, dans quarante-huit heures, nous n’avons pas l’engagement du respect de la loi, c’est le gouvernement de l’Etat qui assurera le financement de la Généralité », a menacé M. Rajoy.

« C’est un coup d’Etat, les indépendantistes ne peuvent pas dépecer l’Espagne, s’insurge Maribel Reché, une militante quinquagénaire. Je me sens espagnole et catalane, je ne veux pas diviser mon pays. »