L’une des deux fresques de Banksy à Londres. / Banksy

Au fil des ans, l’anonyme Banksy a su instaurer un rendez-vous fondé sur le suspense : on ne sait jamais quand et où il va apparaître, ni pour quel motif, si cela va être un projet d’ampleur ou une simple piqûre de rappel de son mordant. Après une résidence sauvage d’un mois dans les rues de New York, l’ouverture d’un parc d’attractions dépressif en Angleterre, des fresques de soutien aux migrants à Calais, ou encore cette année l’ouverture d’un hôtel en Cisjordanie avec vue sur le mur de séparation, puis une réaction au Brexit (une fresque à Douvres d’un ouvrier du bâtiment en train de casser une étoile du drapeau européen à coups de burin), le street-artist britannique vient de s’inviter à la célébration londonienne de l’œuvre de Jean-Michel Basquiat.

Deux fresques – relayées par l’artiste sur son compte Instagram – sont ainsi apparues dimanche 17 septembre près du Barbican Center, centre d’arts du cœur de Londres qui s’apprête à accueillir une rétrospective du peintre américain d’origine haïtienne et portoricaine.

De l’underground à l’attraction touristique

La première montre une grande roue dont les nacelles sont des couronnes à trois pointes, signe distinctif des graffitis que Basquiat traçait sur les murs de New York, et qu’il a aussi utilisé sur ses toiles. La légende indique que l’exposition – nouvelle attraction touristique, donc – sera présentée au Barbican, « lieu qui normalement s’empresse de nettoyer les graffitis ».

Fresque de Banksy à Londres. / Banksy

L’autre représente le Boy and Dog in a Johnnypump, célèbre tableau de l’artiste où apparaissent une figure les mains levées et un chien. Banksy y a ajouté deux policiers en train de fouiller l’homme. Avec pour légende : « Portrait de Basquiat accueilli par la Metropolitan Police [la police de Londres] – une contribution non officielle à la nouvelle expo Basquiat ».

Le New-Yorkais, qui graffait sur les murs de sa ville en signant SAMO (pour « same old shit », soit « rien de nouveau ») en marge de son travail d’atelier, est récemment devenu l’artiste américain le plus cher de l’histoire : en mai, une de ses peintures s’est vendue 110,5 millions de dollars chez Sotheby’s. L’ironique Banksy s’amuse à moquer la grand-messe organisée par l’institution pour l’artiste issu de l’underground, mort d’une overdose en 1988 à l’âge de 27 ans… assurant au passage une publicité internationale à l’exposition, qui ouvrira ses portes jeudi 21 septembre.