TV : avec « La Science des rêves », Michel Gondry se glisse dans l’étoffe des songes
TV : avec « La Science des rêves », Michel Gondry se glisse dans l’étoffe des songes
Par Thomas Sotinel
A voir aussi ce soir. Dans une ambiance onirique, une idylle exquise piquée d’une pointe d’amertume (sur OCS Max à 21 h 35).
La science des rêves (The Science Of Sleep) (2006) / Official Trailer
Durée : 02:24
Michel Gondry est un cinéaste digital. On veut dire par là qu’il fait beaucoup de choses de ses dix doigts. Des océans aux vagues de Cellophane, des villes de carton et de coton, des personnages de fil de fer. Cette passion pour le bricolage ne s’arrête pas à la matière, elle le saisit aussi quand il lui faut raconter des histoires, toujours des histoires d’amour.
Pour mettre en scène une troisième idylle (après Human Nature et Eternal Sunshine of the Spotless Mind), Gondry est revenu, après un long séjour aux Etats-Unis, dans son pays natal, la France. C’est là que, en hiver, débarque Stéphane Miroux, joué par Gael Garcia Bernal. Celui-ci a trouvé un poste dans un atelier graphique.
Sa mère française lui a fait croire qu’il allait pouvoir y développer l’idée brillante qui lui est venue : éditer un calendrier mural des catastrophes (éruptions volcaniques, tremblements de terre…). Mais il doit se résigner à un travail de technicien, dans un bureau qu’il partage avec un petit groupe d’employés, dont le mâle dominant a les traits d’Alain Chabat.
Stéphane souffre par ailleurs d’un désordre mystérieux qui le rend incapable de distinguer ses états de veille et de sommeil.
Effets super-8
Sans savoir avec certitude s’il rêve ou s’il est conscient, il vit sa vie plusieurs fois, dans un Paris assez semblable à celui que nous connaissons et dans un monde sans gravité ni causalité, les deux étant peuplés des mêmes figures. La plus belle d’entre elles est celle de Stéphanie (Charlotte Gainsbourg), timide voisine de palier de Stéphane.
On voit bien le joli petit film qu’on peut tirer de ces postulats. Il est d’ailleurs quelque part dans La Science des rêves. Mais il est entouré d’une autre matière, plus trouble, l’étoffe des songes.
D’ailleurs, Michel Gondry ne cherche pas vraiment à faire joli : on le soupçonne d’avoir dépensé des trésors d’ingéniosité et de technologie pour donner à son film l’aspect du super-8. Les couleurs s’en trouvent assourdies, les personnages n’ont pas très bonne mine. C’est que les rêves sont épuisants, que créer sans cesse de nouveaux mondes ne donne pas la clé du bonheur.
Jalonné de séquences oniriques d’une beauté et d’une drôlerie étranges, La Science des rêves est un film exquis avec juste ce qu’il faut d’amertume pour rester longtemps à l’esprit.
La Science des rêves, de Michel Gondry. Avec Charlotte Gainsbourg, Gael Garcia Bernal, Alain Chabat (Fr., 2006, 106 min).