Législatives en Allemagne : des manifestations dans plusieurs villes contre l’AfD
Législatives en Allemagne : des manifestations dans plusieurs villes contre l’AfD
Des manifestations spontanées contre la formation d’extrême droite ont eu lieu dans plusieurs villes allemandes dimanche, dont Berlin, après l’annonce des résultats.
A Berlin, des manifestants protestent contre l’AfD après les élections législatives en Allemagne, le 24 septembre. / WOLFGANG RATTAY / REUTERS
Elle-même a reconnu avoir espéré « un meilleur résultat ». Angela Merkel, à la tête des conservateurs allemands, a remporté les législatives de dimanche 24 septembre, mais elle se retrouve affaiblie par le succès historique de la droite nationaliste et la difficulté de trouver des partenaires pour gouverner.
« Séisme électoral », résume le quotidien populaire Bild sur son site Internet, notant que la CDU-CSU de la chancelière avec 32,9 % des voix fait « son plus mauvais score depuis 1949 » et la naissance de la République fédérale, que les sociaux-démocrates du SPD (20,8 %) « ont obtenu leur plus mauvais résultat de tous les temps », tandis que les nationalistes et populistes de l’AfD (13 %) s’imposent comme « troisième force politique » du pays.
Merkel espérait un « meilleur résultat »
« Je me réjouis » de la victoire « mais ne tournons pas autour du pot, nous espérions un meilleur résultat », a réagi Mme Merkel, au pouvoir depuis 12 ans et trois mandats, dans la soirée devant ses partisans à Berlin. « Nous sommes face à un nouveau grand défi, l’entrée de l’AFD au Bundestag », a-t-elle ajouté, promettant de « reconquérir ces électeurs et électrices » de l’Alternative pour l’Allemagne. Il reviendra à la chancelière pour la quatrième fois de chercher des partenaires pour former le prochain gouvernement.
Cette quête de majorité a été compliquée dès dimanche soir par le SPD qui, en pleine crise existentielle, a décidé de se ressourcer dans l’opposition après quatre ans au gouvernement d’Angela Merkel. Le grand perdant, Martin Schulz, tête de liste du SPD, a reconnu une « journée difficile et amère pour la social-démocratie ».
Dans ce contexte, Mme Merkel va devoir s’expliquer devant les siens, ses alliés bavarois de la CSU et la frange la plus conservatrice de la CDU l’ayant appelée à maintes reprises à écouter ses électeurs les plus à droite, excédés par son cap centriste. « Nous avons délaissé notre flanc droit et il nous appartient à présent de combler le vide avec des positions tranchées », a lâché le chef de la CSU, Horst Seehofer.
L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui fait une entrée en force à la chambre des députés, une première depuis 1945 pour un parti qui tient des discours anti-immigrants, anti-islam, anti-euro et révisionnistes de l’histoire, s’est de son côté félicitée de ce bon résultat. « Nous allons changer ce pays (...) Nous allons faire la chasse à Madame Merkel. Nous allons récupérer notre pays », a jubilé Alexander Gauland, co-tête de liste du parti qui a récemment appelé à être « fier » des soldats allemands de 1939-1945.
Des centaines d’Allemands dans la rue contre l’AfD
Ils ont laissé éclater leur colère dans la rue, aux cris de « nazis dehors » ou « le racisme n’est pas une alternative » : des centaines de personnes ont manifesté dimanche soir dans plusieurs villes d’Allemagne pour protester contre le parti de droite nationaliste AfD qui a enregistré une percée historique pour un tel mouvement aux élections législatives allemandes.
Peu après l’annonce des résultats provisoires, des manifestations spontanées devant les quartiers généraux de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) ont été organisées à Cologne où se sont rassemblées 400 personnes, Francfort, Munich et Berlin.
Dans la capitale allemande, un imposant cordon de police encadrait le rassemblement d’un peu moins d’un millier de manifestants, plutôt jeunes, réunis devant la salle louée par l’AfD pour sa soirée électorale à Alexanderplatz, en plein centre de Berlin. « Tout Berlin hait les nazis », pouvait-on encore entendre dans la foule. La police berlinoise a annoncé sur Twitter deux arrestations suite à des débordements de manifestants contre les forces de l’ordre.
La communauté juive inquiète
L’Allemagne est confrontée à son « plus grand défi » depuis la naissance de la République fédérale en 1949 avec l’entrée à la chambre des députés de la droite nationaliste, a estimé dimanche le Conseil central des Juifs en Allemagne. « Hélas, nos craintes se sont concrétisées », a déclaré Josef Schuster, président du Conseil, cité dans un communiqué.
« Un parti, qui tolère dans ses rangs des idées d’extrême droite et qui dénigre les minorités dans notre pays est représenté, non seulement dans presque tous les Parlements régionaux, mais à présent aussi au Bundestag », a-t-il poursuivi. Pour le pays, il s’agit du « plus grand défi démocratique depuis 1949 » et la naissance de la République fédérale d’Allemagne, a-t-il encore dit, ajoutant attendre « de nos forces démocratiques qu’elles dévoilent le vrai visage de l’AfD et démasquent ses promesses vides et populistes. »
Le Congrès juif mondial a lui qualifié l’AfD de « mouvement réactionnaire honteux qui rappelle le pire du passé de l’Allemagne ». « Les fantômes du passé reviennent », s’inquiète de son côté l’hebdomadaire de référence Der Spiegel.
Le mouvement a fait campagne en tirant à boulets rouges sur Mme Merkel, tout en prenant pour modèle le président américain Donald Trump et la campagne du Brexit. Thème de prédilection de cette droite dure : accuser la chancelière de « trahison » pour avoir ouvert le pays en 2015 à des centaines de milliers de demandeurs d’asile majoritairement musulmans. Et ces derniers sont généralement qualifiés de terroristes ou de criminels en puissance.
Macron a appelé Merkel pour la féliciter
En France, le président Emmanuel Macron a déclaré dimanche soir sur Twitter avoir joint la chancelière. « J’ai appelé Angela Merkel pour la féliciter. Nous poursuivons avec détermination notre coopération essentielle pour l’Europe et nos pays », a dit le chef de l’Etat sur le réseau social.
J'ai appelé Angela Merkel pour la féliciter. Nous poursuivons avec détermination notre coopération essentielle pour l'Europe et nos pays.
— EmmanuelMacron (@Emmanuel Macron)
La présidente du Front national (FN) Marine Le Pen a pour sa part adressé ses félicitations à l’AFD. « Bravo à nos alliés de l’AFD pour ce score historique ! C’est un nouveau symbole du réveil des peuples », a-t-elle tweeté.
Bravo à nos alliés de l’#AfD pour ce score historique ! C’est un nouveau symbole du réveil des peuples européens. MLP #BTW2017
— MLP_officiel (@Marine Le Pen)