Des avocats et des défenseurs de la liberté de la presse manifestent pendant le procès de 17 journalistes du quotidien Cumhuriyet, en Turquie. / OSMAN ORSAL / REUTERS

Un tribunal turc a prononcé lundi 11 septembre le maintien en détention de cinq collaborateurs du quotidien d’opposition Cumhuriyet jugés pour « activités terroristes » lors d’un procès emblématique de l’érosion de la liberté de la presse en Turquie.

Le tribunal a rejeté la demande de libération des journalistes de ce quotidien farouchement opposé au président Recep Tayyip Erdogan, dont son rédacteur en chef Murat Sabuncu et son directeur Akin Atalay.

Cette décision était provisoire, dans l’attente d’une prochaine audience le 25 septembre au cours de laquelle une « décision plus ferme » sur le sujet sera prise, a indiqué le président du tribunal. Il a motivé sa décision par le fait qu’il n’avait pas pu interroger trois témoins appelés à la barre lundi.

Jusqu’à 43 ans de prison

M. Atalay, M. Sabuncu, le chroniqueur Kadri Gürsel, le journaliste d’enquête Ahmet Sik et un comptable du journal Yusuf Emre Iper ont quitté la salle d’audience sous les applaudissements du public. Au total, 17 dirigeants, journalistes et autres employés actuels ou passés de Cumhuriyet sont accusés d’avoir aidé diverses « organisations terroristes armées ». Ils risquent jusqu’à 43 ans de prison.

Pour les défenseurs des droits de l’homme, cette affaire traduit le déclin des libertés en Turquie depuis le putsch manqué du 15 juillet 2016, suivi de purges massives qui ont frappé les milieux critiques: élus prokurdes, médias et ONG.