Billet

La COLÈRE de Christine Angot face à Sandrine Rousseau dans ONPC
Durée : 01:42

Il était 1 h 57, dimanche matin, quand, sur France 2, est enfin arrivé l’événement tant annoncé par la production d’« On n’est pas couché » : la crise de nerf de Christine Angot et les larmes de Sandrine Rousseau. L’une, romancière, s’est fait connaître en 1999 en publiant l’Inceste, aux éditions Stock, et pour elle le viol est un sujet intime. L’autre est l’une des quatre élues écologistes qui affirme avoir été victime d’une agression sexuelle de l’ancien député vert Denis Baupin, une épreuve qu’elle raconte dans un document.

Impossible de rater « ce grand moment de télé », tant le buzz fait partie du « système Barma ». Catherine Barma, c’est le nom de l’inamovible prêtresse de la télévision française qui se flatte d’avoir découvert Thierry Ardisson et Laurent Ruquier. Une dénicheuse de tendances qui sonde sans scrupule l’âme des téléspectateurs et leur sert, décennie après décennie, ce qu’ils attendent. A ONPC, elle a tour à tour a tour expérimenté le néoréac « Eric Zemmour », le vegan « Aymeric Caron », la pro « Léa Salamé ». Pour la saison 2017-2018, elle rêvait d’une émotive hystérique aux indignations sincères. La voix blanche de colère de Christine Angot face à François Fillon, durant la campagne présidentielle, lui a semblé intéressante. Les deux femmes ont fait affaire.

Dans le rôle de la « folle » dont rêvait tant Barma, la romancière s’est montrée parfaite. À peine l’enregistrement nocturne de ONPC était-il terminé que le buzz, nerf de cette émission, était en marche. D’ordinaire, le « clash » le « fight », la joute télévisée sont résumés dans de courtes vidéos mises en ligne après l’émission pour ceux qui l’auraient ratée. Les réseaux sociaux se chargent de les partager. Cette fois, c’est la rumeur de la dispute, deux jours avant sa diffusion, qui a fait office de teaser.

Des confidences opportunément relayées racontaient que Christine Angot avait « balancé ses fiches », quitté le plateau « sous les huées du public », s’absentant « une vingtaine de minutes » (« quinze » selon d’autres). Quarante-huit heures avant la diffusion d’ONPC, toute la Toile ne parlait que de l’affiche du samedi à venir et de la fameuse altercation. C’est simple, on avait presque l’impression d’avoir déjà vu l’émission.

Le jour J à l’heure H, dimanche 1er octobre à 1 h 57, on a été franchement déçu. Frustré, même. On attendait un acte de bravoure à la Maurice Clavel, façon « Messieurs les censeurs, bonsoir », mais rien du tout. On avait annoncé le départ de Christine Angot, elle est restée à l’écran, vissée à sa chaise jusqu’à la fin de l’émission. On l’avait dite réfugiée dans sa loge « hurlant et pleurant », pas du tout. Après montage, seules sont restées les larmes de Sandrine Rousseau. Face à une femme agressée, Christine Angot était devenue trop violente. Elle avait échappé à son démiurge. Catherine Barma a préféré prendre ses ciseaux.

Marlène Schiappa adresse un signalement au CSA

A la suite de cette séquence, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a adressé un signalement au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), selon France Inter.

Dans une lettre envoyée au CSA, Mme Schiappa écrit qu’il « est éminemment regrettable qu’une victime ayant le courage de briser le silence autour des violences sexuelles soit publiquement humiliée et mise en accusation ».

« Le CSA a la responsabilité de veiller à l’image des femmes dans les programmes des services de communication audiovisuelle notamment en luttant contre les ’stéréotypes, les préjugés sexistes, les images dégradantes, les violences faites aux femmes et les violences commises au sein du couple’. »