L’Etat veut inciter les maires d’Ile-de-France à mettre les mains dans le ciment pour produire des logements. Nommé en juin, le nouveau préfet de la région, Michel Cadot, a lancé, jeudi 28 septembre, des ateliers territoriaux du logement avec les élus. L’objectif : créer un choc d’offre dans une région qui accueille 60 000 nouveaux habitants chaque année et présente des déséquilibres géographiques et sociaux criants.

L’Ile-de-France compte 700 000 demandeurs de logements sociaux, pour seulement 85 000 attributions par an. Et sur un marché immobilier toujours en tension, le prix du mètre carré dans l’ancien a grimpé de 25 % en moyenne en dix ans.

« Un schéma plus défensif que constructif »

La production d’immeubles d’habitation a pourtant fortement augmenté en Ile-de-France. En 2017, avec 70 000 logements mis en chantier, dont 37 000 sociaux, le secteur est même en ligne avec les objectifs définis par le schéma directeur de la région. Et le Grand Paris produit davantage de logements que le Grand Londres. « Le bilan est positif, mais un tiers de ces programmes vient de la mobilisation du foncier de l’Etat et des grands projets d’aménagement », a observé le préfet de région lors de sa conférence de rentrée, lundi 25 septembre. En clair, ce sont les chantiers du Grand Paris, comme les quartiers de gares du futur métro, qui expliquent ce regain de construction, et non la détermination des communes.

« Les élus sont aujourd’hui dans un schéma plus défensif que constructif, estime M. Cadot. Si l’on veut s’inscrire dans la durée, il faut que les maires, par le biais de leurs plans locaux d’urbanisme, prévoient la densification de certaines zones pour leur donner un vrai taux d’urbanisation urbain. » Ce déblocage pourrait aider à atténuer la pression sur les coûts : selon l’institut Xerfi, le prix du foncier a bondi de 71 % en dix ans en Ile-de-France. Contrairement à une idée reçue, les terrains sont abondants. Selon l’inventaire de la préfecture d’Ile-de-France, les friches permettraient d’édifier 350 000 logements.

Crainte d’une « bétonisation »

Parmi les ambitions portées par l’Etat : mieux articuler les autorisations de construction de bureaux et l’offre de logements. Pour le préfet de région, trop de maires préfèrent bâtir les premiers, qui apportent des revenus à la commune, plutôt que les seconds, qui augmentent la dépense par un besoin accru de services publics. Afin de gagner en souplesse, des modifications réglementaires expérimentales pourraient être introduites dans la future loi logement ou dans une loi sur le Grand Paris.

Les maires seront-ils sensibles à cette incitation ? Certains, comme à Montreuil, Romainville ou Gentilly, font déjà face à la grogne d’une partie de leur population, inquiète d’une « bétonisation » du moindre espace libre de leur ville. D’autres s’interrogent sur le bouleversement que de nouveaux quartiers risquent d’entraîner pour la sociologie de leur ville – et leur majorité municipale. Ainsi à Aubervilliers, la municipalité communiste a obtenu que l’aménagement des 36 hectares de l’ancien fort, qui doit commencer fin 2017, ait une densité de logements deux fois moindre que celle préconisée par l’aménageur.