Lors d’une manifestation en faveur de la légalisation du cannabis, à Ottawa, en avril. / LARS HAGBERG / AFP

Au Canada, la légalisation du cannabis, le 1er juillet 2018, inquiète plusieurs secteurs. Il y a notamment les policiers, qui redoutent les conséquences en termes de sécurité routière, ou les chefs d’entreprise, qui, eux, craignent l’incidence possible sur la productivité de leurs employés consommateurs de marijuana. Pour les économistes aussi, la légalisation prochaine du cannabis à des fins récréatives tourne au casse-tête.

Dans une étude publiée mardi 21 novembre, Statistique Canada rappelle que, aujourd’hui, la valeur créée par la production, l’importation et la consommation illégales de cannabis n’est pas prise en compte dans le produit intérieur brut (PIB) du pays. Pourtant, ce marché noir devrait être comptabilisé, comme le prévoient, depuis dix ans, les normes internationales de comptabilité, indique l’organisme.

« Données expérimentales »

La légalisation approchant, les économistes se sont donc intéressés à savoir comment mesurer cette activité. Pour cela, ils ont revu leur nomenclature statistique et leur mode de calcul. Ils ont décidé d’assimiler cette culture à n’importe quelle autre production légumière. Ils ont même prévu de comptabiliser une part de la production autoconsommée par le particulier cultivant jusqu’à quatre plants de marijuana. Il leur faudra aussi chiffrer « la valeur de la consommation des ménages » des Canadiens. Pour cela, les experts ont besoin de connaître la fréquence de consommation, la quantité moyenne consommée et le prix d’achat.

Pour bâtir leurs modèles, les économistes ont donc pris les enquêtes menées dans le cadre de la préparation de la légalisation de la marijuana. Ces dernières envisageaient que 1 million de personnes consommeront en moyenne chaque jour 1 gramme de cannabis au prix moyen de 8 dollars canadiens, hors taxes. C’est donc une dépense de près de 3 milliards de dollars canadiens (2 milliards d’euros) qui devrait venir s’ajouter, chaque année, à la croissance de la richesse nationale.

D’autres données viendront compléter ces informations, notamment la production, les exportations et les importations. Toutefois, Statistiques Canada précise que si ces données ont le mérite d’intégrer « la sous-économie du cannabis (…) dans le contexte de l’économie du Canada dans son ensemble », elles demeurent, à ce stade, « expérimentales ».