Après la tuerie de Las Vegas, le débat sur les armes se déplace vers les « bump stocks »
Après la tuerie de Las Vegas, le débat sur les armes se déplace vers les « bump stocks »
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Comme à chaque fusillade de masse, le débat sur l’encadrement des ventes d’armes à feu a été relancé. Mais Donald Trump a estimé que l’heure n’était pas venue de l’aborder.
Les « bump stocks », commercialisés comme des outils permettant de simuler l’usage d’un M4, se montent sur la crosse des armes semi-automatiques. / Allen G. Breed / AP
Après le massacre de Las Vegas, où 58 personnes ont été tuées, ce ne sont pas tant les fusils d’assaut de type AR-15 (qui a donné le M16 et le M4 de l’armée américaine) ou AK47 qui sont en cause que les bump stocks, mécanismes permettant de transformer les fusils semi-automatiques en fusils automatiques.
Les « bump stocks » en question
Aux Etats-Unis, les fusils semi-automatiques pour lesquels chaque pression sur la détente ne déclenche qu’un tir sont en vente libre, avec vérifications selon les Etats. Le mode d’emploi d’un fusil Bushmaster XM15 (variante de l’AR-15) indique qu’il tire 45 coups par minute. En revanche, les armes automatiques, capables de tirer plusieurs centaines de coups à la minute, sont interdites à la vente au niveau fédéral depuis 1986.
Néanmoins, pour quelques centaines de dollars, les amateurs peuvent « customiser » leurs fusils d’assaut semi-automatiques, pour les rendre plus performants, signale le Huffington Post. Sur un AR-15, tout ou presque est modifiable : la détente peut être rendue plus légère, plus souple, pour augmenter la cadence de tir. Un cache-flammes et un silencieux permettent de dissimuler la présence du tireur, des chargeurs de grande capacité permettent de tirer plus longtemps. Mais depuis dimanche soir, ce sont les bump stocks qui focalisent l’attention.
Ces dispositifs permettent aux armes semi-atomatiques de tirer en rafale, comme les fusils d’assaut M4 en service dans l’armée américaine, qui ont une cadence de tir théorique de 700 à 950 coups par minute. Dans la pratique, il est impossible de soutenir une telle cadence : le canon de l’arme se déforme sous l’effet de la chaleur.
Les bump stocks qui sont commercialisés comme des dispositifs permettant de simuler l’usage d’un M4 se montent sur la crosse des armes semi-automatiques. Ils utilisent l’énergie de recul produite par le tir pour repousser la gâchette vers le doigt du tireur, ce qui permet d’enchaîner beaucoup plus vite les salves de tir. Des vidéos promotionnelles montrent des tireurs vider près de 100 cartouches en sept secondes.
How Las Vegas gunman might have turned a rifle into a rapid-fire weapon
Durée : 02:13
Ce mécanisme reste un gadget et se vend peu, rapportent toutefois les armuriers, notamment, car il nuit à la précision des tirs et utilise beaucoup de munitions. Mais douze fusils d’assaut modifiés et des milliers de munitions ont été retrouvés dans la suite occupée par Stephen Paddock, selon l’ATF (Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives, le service fédéral chargé de la mise en application de la loi sur les armes).
Tentative de relance du débat sur les armes à feu
Comme à chaque fusillade de masse, le débat sur l’encadrement des ventes d’armes à feu a été relancé, plusieurs voix démocrates réclamant haut et fort un débat de fond et des initiatives législatives fortes.
La sénatrice démocrate Dianne Feinstein a introduit mercredi au Sénat un projet de loi interdisant ces mécanismes et tous les éléments « modifiant facilement et à moindre coût des armes légales en (…) fusils-mitrailleurs ».
Plusieurs élus républicains, typiquement opposés à des restrictions sur les armes à feu, se sont dits ouverts à une telle idée, notamment le numéro deux des conservateurs au Sénat, le sénateur du Texas John Cornyn, mais aussi Lindsey Graham, de Caroline du Sud, Orrin G. Hatch, de l’Utah et Marco Rubio, de Floride.
Afin sans doute de limiter la polémique, les supermarchés Wal-Mart et la chaîne américaine d’équipements sportifs Cabela ont retiré mercredi ces mécanismes de leurs sites de vente en ligne, sans fournir d’explication.
Mais Donald Trump, soutenu pendant sa campagne par la National Rifle Association (NRA), plus grande organisation du lobby des armes à feu aux Etats-Unis, a estimé que l’heure n’était pas venue d’aborder ce sujet. « Nous n’en parlerons pas aujourd’hui », a affirmé, laconique, le président qui s’était rendu à Las Vegas.