Pour la première fois depuis dix ans, tous les syndicats de fonctionnaires ont lancé un appel à la grève pour mardi 10 octobre. Laurent Berger, numéro un de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), a ainsi alerté lundi sur le « malaise profond » des fonctionnaires, qui « souffrent de n’être vus que comme un poids budgétaire et non pas comme une richesse ».

Les organisations syndicales anticipent un mouvement assez suivi pour ralentir, voire arrêter, plusieurs services publics, des écoles aux bibliothèques, en passant par les crèches ou les gymnases, ainsi que les hôpitaux ou encore les transports aériens.

  • Dans l’éducation, jusqu’à 50 % des fonctionnaires en grève

Tous les enseignants sont appelés à la grève par leurs syndicats, y compris ceux du privé. Selon le SNUIpp-FSU, premier syndicat du primaire, près d’un enseignant sur deux sera en grève.

Un droit d’accueil des élèves de maternelle et primaire a été instauré par la loi d’août 2008, mais le service minimal ne sera pas assuré partout. Selon le SNUIpp-FSU, la proportion d’écoles fermées sera importante dans plusieurs départements : 25 % dans le Puy-de-Dôme, 18 % dans les Hautes-Pyrénées et le Val-de-Marne, 11 % dans les Vosges et la Guadeloupe, ou encore 10 % à Paris et dans l’Ain.

Trois sujets suscitent particulièrement la colère des enseignants :

- la valorisation des carrières ;

- la restauration du jour de carence ;

- la réduction du nombre de contrats aidés, qui jouent un rôle-clé pour le bon fonctionnement des établissements.

  • Dans les hôpitaux, les médecins se joignent à la mobilisation

Pour la première depuis la loi Bachelot de 2009, qui avait, entre autres, réformé leur statut, les praticiens hospitaliers (PH) ont été appelés à la grève par une dizaine de syndicats. Médecins, pharmaciens et dentistes sont invités à faire grève avec les personnels paramédicaux (aides-soignants, infirmiers, etc.) pour dénoncer en chœur la dégradation de leurs conditions de travail et « l’étranglement financier » de l’hôpital.

Comme eux, les PH sont concernés par :

- le gel du point d’indice ;

- le rétablissement du jour de carence en cas d’arrêt maladie ;

- ils s’élèvent plus généralement contre la baisse de leur pouvoir d’achat.

En conséquence, des opérations non urgentes pourraient être reportées.

  • Dans les transports, réduction des vols de 30 %

La direction générale de l’aviation civile (DGAC) a recommandé aux compagnies aériennes de réduire leurs vols de 30 % dans les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulles, Paris-Orly, Beauvais, Lyon, Nice, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, en raison des appels à la grève de quatre syndicats (CGT, FO, CFDT et l’UNSA). Des perturbations sont attendues « sur l’ensemble du territoire ». Pour sa part, easyJet a supprimé 104 vols, depuis et vers la France, de lundi soir à mardi.

En revanche, à la SNCF, tous les trains TGV, Transilien, TER, Eurostar, Thalys devraient rouler normalement, ainsi que la quasi-totalité des Intercités, et ce malgré les préavis de grève de SUD (3syndicat), qui veut faire « converger » les luttes, et de la CFDT (4e), qui dénonce les ordonnances et la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG). Le premier syndicat, la CGT, n’appelle pas à des débrayages mais incite les cheminots à rejoindre les cortèges par « solidarité », comme l’UNSA (2e) qui dénonce plus globalement des « attaques envers les salariés ».

La situation sera la même du côté de la RATP, qui prévoit un trafic normal hormis sur le RER B, légèrement perturbé. Les trois syndicats représentatifs, CGT, UNSA et SUD, appellent à manifester, mais seul SUD a évoqué le recours à la grève. La CGT-RATP, qui n’a pas déposé de préavis, évoque la construction de « convergences » contre « toute remise en cause des droits des travailleurs et la destruction sociale ».

L’UNSA – dont le préavis concerne uniquement la maintenance – et SUD insistent sur la hausse de la CSG et la défense des « acquis » des agents RATP.

  • D’autres secteurs viendront gonfler les cortèges

La CGT a appelé « l’ensemble des salariés du secteur des activités postales et de télécommunications » (SFR, Free, Chronopost…) à se mobiliser. Les personnels d’anciennes entreprises du secteur public, comme La Poste et Orange, qui emploient encore des fonctionnaires, pourraient ainsi se joindre aux manifestations.

Même chose pour les agents, de droit public ou de droit privé, de Pôle Emploi, qui protestent contre des suppressions de postes et la présentation d’un budget en baisse de 4 milliards d’euros en cinq ans, et pour ceux des chambres de commerce et d’industrie.

Les cortèges pourraient également compter plusieurs policiers, puisque Alternative CFDT et l’UNSA-Police ont appelé leurs troupes à rejoindre la protestation. Les autres syndicats relaient les appels à manifester lancés par leurs confédérations.

Enfin, au tribunal de Bobigny, la CGT appelle les greffiers à empêcher la tenue des audiences, pour protester contre des effectifs insuffisants qui pèsent sur les conditions de travail, ainsi que le manque de « matériel ».