TV : « A la recherche de l’optimisme »
TV : « A la recherche de l’optimisme »
Par Alain Constant
Notre choix du soir. Pour comprendre ce qui rend les Français si pessimistes, Blanche Cabanel-Seo est partie à la rencontre de ceux qui positivent en toute circonstance (sur LCP à 20 h 30).
Mais qu’arrive-t-il aux Français ? On les savait traditionnellement râleurs mais on ne soupçonnait pas le degré de pessimisme qui, selon de nombreuses études, pèse sur un pays que beaucoup pourtant, à l’étranger, considèrent comme béni des dieux.
En 2015, lors d’un sondage réalisé par Gallup dans 65 pays, la France se classait vice-championne du monde du pessimisme ! Incompréhensible… Les causes énoncées par les Français pour expliquer ce sentiment (chômage persistant, peur du déclassement social, médias anxiogènes…) sont connues. De là à comprendre pourquoi, en France, on serait plus angoissé que dans des pays autrement plus à plaindre, il y a un pas de géant.
Comme le disait le philosophe Alain (1868-1951) : « Le pessimisme est d’humeur, l’optimisme, de volonté. » Jacques Attali rappelle qu’aujourd’hui, « huit des dix nations les plus optimistes au monde sont riveraines du Pacifique et huit des dix nations les plus pessimistes sont en Europe. Si nous sommes pessimistes, c’est que nous avons conscience de nos privilèges et que cela ne va pas durer… ».
La faute à Voltaire ?
Blanche Cabanel-Seo signe ce documentaire qui parle, témoignages à l’appui, d’optimisme. « C’est un sujet dans l’air du temps mais ma démarche est restée très spontanée, c’était avant tout une quête personnelle. Celle d’une Française typiquement pessimiste qui veut comprendre pourquoi son pays n’a aucune confiance en l’avenir et comment changer d’état d’esprit. Je me suis donc adressée à des intervenants dont l’optimisme est la seconde nature pour capter leur façon d’appréhender le monde et la vie, pour identifier la part d’inné et d’acquis, et faire naître une lueur d’espoir chez les spectateurs qui, comme moi, seraient de nature sceptique. »
Et si le pessimisme à la française était la faute à Voltaire ? Dans son conte philosophique Candide ou l’Optimisme paru en 1759, il se moque ouvertement de son collègue allemand Leibniz et de ses théories optimistes. Voltaire fait du pessimisme une forme de lucidité intelligente et de l’optimisme une forme d’imbécillité vaine.
Philippe Croizon en 2016. / LCP ASSEMBLÉE NATIONALE
Pour lutter contre cette vague de pessimisme à la française, la réalisatrice fait parler des personnalités aux profils très variés : de monseigneur Gaillot, infatigable militant de la cause des sans-papiers à la tête de l’association Droits devant…, à l’athlète polyhandicapé Philippe Croizon, en passant par l’historien des religions Frédéric Lenoir ou Philippe Gabilliet, porte-parole de la Ligue des optimistes de France.
« Tous les optimistes ont confiance : en eux, en l’être humain, parfois en la foi », souligne Frédéric Lenoir. Amputé des bras et des jambes, Philippe Croizon a multiplié les exploits sportifs (traversée de la Manche à la nage, plongées extrêmes, conduite en rallye…) : « Les Français sont pessimistes ? Mais ils sont tristes de quoi ? Regardez ce que vous avez, arrêtez-vous une seconde et regardez ce pays qui est l’un des plus beaux du monde ! » Au pays du pessimisme roi, même les enfants seraient touchés : « Jusqu’à 5 ans, 6 ans, les enfants sont très optimistes. Mais après, face aux divorces, à la nervosité des parents, aux infos anxiogènes, ils deviennent désabusés », souligne Frédéric Lenoir.
Laissons le mot de la fin à Milan Kundera : « Je préfère vivre en optimiste et me tromper, que de vivre en pessimiste pour la seule satisfaction d’avoir eu raison. »
A la recherche de l’optimisme, de Blanche Cabanel-Seo (France, 2017, 52 min).