On a testé… « La Terre du Milieu : L’Ombre de la guerre », bac à sable généreux mais un peu fade
On a testé… « La Terre du Milieu : L’Ombre de la guerre », bac à sable généreux mais un peu fade
La suite de l’« Ombre du Mordor » creuse le même sillon, gratifiant, mais bien trop répétitif pour s’imposer comme jeu majeur.
Chevaucher des dragons, posséder mentalement des orcs, libérer des forteresses à la seule force de l’épée : « L’Ombre de la Guerre » est indubitalement généreux. | Warner Bros Interactive
Deuxième épisode de ce qu’il convient désormais d’appeler la série La Terre du Milieu, L’Ombre de la guerre est sorti le 10 octobre sur PC, PlayStation 4 et Xbox One. Les plus fins exégètes de l’œuvre de J. R. R. Tolkien l’auront probablement deviné : ce nouvel opus se déroule toujours dans l’univers du Seigneur des Anneaux, et voit l’humain Talion continuer de rôder en terre orque, à la recherche d’une babiole magique conférant des pouvoirs infinis malheureusement tombée entre de mauvaises mains.
Lui-même possédé par le spectre d’un elfe légendaire, Talion est nettement moins impotent que l’humain moyen. Il est même, en vérité, redoutablement puissant, capable d’escalader lestement n’importe quelle paroi, de battre n’importe quel cheval du Gondor à la course, et de massacrer la vulgaire piétaille orque une main attachée dans le dos.
Crânes et genoux d’orcs
Mais avec ou sans ses deux mains, Talion a un problème de taille : il doit affronter rien de moins que le Mordor tout entier, ses infinies vagues d’Uruk-hai et, pire encore, leurs commandants, seigneurs de guerre et autres hauts gradés.
C’est la grande réussite de la série : proposer des ennemis variés, incarnés, avec leurs défauts, leurs faiblesses, leurs noms, des looks variés, et même, risquons le mot, des personnalités. Une gageure dans un jeu où tous les ennemis sont des monstres sanguinaires. Dans L’Ombre de la guerre, le studio Monolith Productions arrive à donner une épaisseur inespérée à des personnages d’habitude interchangeables.
La Terre du Milieu : L'Ombre de la Guerre - Trailer Histoire
Durée : 02:51
Et c’est heureux. Car des crânes et des genoux d’orcs, Talion va en briser un nombre considérable dans sa quête pour l’anneau. C’est son plan de campagne, simple, efficace : affronter les grouillots, les tuer ou les enrôler à sa suite, pour affaiblir les orcs plus puissants et peu à peu remonter jusqu’aux chefs. L’Ombre de la guerre est d’ailleurs doté de véritables « who’s who » locaux, pyramides hiérarchiques représentant chaque officier orc de chaque région ainsi que leur lien de subordination, chacun progressant au fur et à mesure de ses victoires, ou disparaissant des tablettes, bientôt remplacé par d’autres, après une défaite.
Gribouillis métaphoriques
Un plan simple et efficace donc, voire simpliste. Car si la Terre du Milieu est une série qui en deux épisodes seulement a prouvé qu’elle est du même bois que les Assassin’s Creed et autres Far Cry, elle a aussi montré qu’elle avait les mêmes limites.
L’Ombre de la guerre est en effet un jeu énorme, généreux. Un gigantesque bac à sable dans lequel même le joueur au cœur le plus sec éprouvera forcément quelque joie à multiplier les cavalcades dantesques, les combats épiques. Dans lequel on ne peut que s’amuser à tenter les approches furtives ou frontales, à utiliser de façon créative les mille et une astuces que les développeurs ont mis à notre disposition pour tuer, tromper ou manipuler les méchants orcs.
Talion face à l’immensité de la tâche qui l’attend. | Warner Bros. Interactive Entertainment
Un bac à sable, ou, aurait-on pu dire, une feuille blanche, que le joueur a la lourde tâche de remplir. Sauf que, pour continuer à retenir son attention une fois que ce dernier en aura bien barbouillé les marges de gribouillis métaphoriques, il aurait fallu que cette page propose quelque chose à lire, à raconter. Que les développeurs malmènent un peu le joueur, le contredisent, le mettent au défi, ou tout simplement l’embarquent à un moment donné dans une véritable aventure plutôt que de lui laisser la responsabilité de se raconter ses propres historiettes.
C’est souvent le problème de ce genre de jeux pochettes-surprises, riches en petits cadeaux et en plaisirs bien réels mais finalement un peu vains : la peur, à force de vouloir laisser les rênes aux joueurs, d’oser proposer une réelle direction.
Découvrez le début du jeu :
L'introduction du jeu vidéo « La Terre du Milieu : L'Ombre de la Guerre »
Durée : 46:32
L’avis de Pixels
On a aimé :
- Mille façons d’appréhender chaque combat
- Mille orcs aux personnalités et aux traits différents
- Soit un total d’un million de façons de jouer
On n’a pas aimé :
- Que faire, une fois le plaisir des affrontements ou de l’infiltration passé ?
C’est plutôt pour vous si…
- Parfois, le soir, en rentrant d’une journée de travail un peu plus difficile que d’habitude, depuis le secret de votre canapé modèle LANDSKRONA, vous aimez vous laisser aller au plaisir simple et régressif d’un jeu défoulant, qui, l’espace d’un instant, vous permet de faire mine d’oublier que la vie est une épreuve qui se termine toujours mal.
Ce n’est plutôt pas pour vous si…
- Vous avez acheté L’Ombre du Mordor pendant les soldes Steam et vous n’avez pas encore eu le temps de le lancer
La note de Pixels
13 anneaux de pouvoir sur 20