LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, on peut voir (ou revoir) un magazine sur l’uppercut, arme de prédilection des boxeurs ; un téléfilm, adapté d’un roman de Delphine de Vigan, sur les existences solitaires de deux Parisiens ; ou un documentaire instructif sur la disparition progressive du travail face à la robotisation.

« Invisible » : l’uppercut de Tony Yoka décortiqué

Après s’être défait très (trop ?) aisément de l’Américain Travis Clark en deux rounds, le Français Tony Yoka, en route pour la conquête du titre mondial, doit rencontrer au Zénith de Paris, samedi 14 octobre, Jonathan Rice (sur Canal+ à 21 heures).

Du haut de son 1,96 m pour 118 kg, le boxeur de Los Angeles devrait offrir une opposition plus ardue au champion olympique des supers lourds, qui ne manquera certainement pas d’user de son arme de prédilection : l’uppercut.

Cette arme de poing est au cœur d’« Invisible », le magazine qui s’est fait une spécialité d’arrêter le temps pour décortiquer avec une précision chirurgicale toutes les subtilités d’un geste sportif. Et ce grâce à une caméra « ultra slow motion » capable de capter 1 000 images par seconde.

Outre cette séquence qui ne laisse pas d’impressionner, « Invisible » passe en revue les forces et les faiblesses de Tony Yoka, mais revient aussi sur le parcours de celui que le boxeur français a en ligne de mire : le champion du monde en titre, Anthony Joshua, dont l’uppercut – l’Ukrainien Klitschko ne dira pas le contraire – n’a rien à envier à celui d’un Mike Tyson, qui a bâti sa carrière sur ce coup, avant qu’il ne provoque sa chute.

Agrémenté d’un florilège des maîtres du genre – George Foreman, Prince Naseem Hamed et Roy Jones Jr –, « Invisible » remplit une fois encore pleinement sa mission : donner à percevoir aussi de façon aussi ludique que scientifique l’invisible d’un sport pour mieux l’apprécier. Christine Rousseau

« Invisible », émission présentée par Clément Cotentin. Sur MyCanal.

« Les heures souterraines » : dans la grande solitude des villes

Les heures souterraines - Bande-annonce
Durée : 00:31

Septembre à Paris. Mathilde (Marie-Sophie Ferdane) se rend à son travail, la boule au ventre. Depuis des mois, cette cadre d’une grande entreprise subit le harcèlement de son chef, qui la détruit à petit feu. Au même moment, dans un hôtel de Normandie, Thibault (Mehdi Nebbou) décide, après un triste week-end passé avec elle, de rompre avec Lila. Docteur à SOS Médecins, il soigne la souffrance des autres. Contre la sienne, il n’a pas de remède.

Durant les 105 minutes que durent Les Heures souterraines, ces deux personnages vont traîner leur vie dans la capitale, subir les agressions d’un patron pour l’une et la douleur des patients pour l’autre, se frôler sans se rencontrer.

Adapté du roman du même nom de Delphine de Vigan (Jean-Claude Lattès, 2009), le téléfilm de Philippe Harel a pour premier mérite de donner une dimension et une puissance physiques au livre. A tel point que c’est à une épreuve tout aussi physique que le téléspectateur paraît avoir été soumis une fois le film achevé. Et pas seulement parce que le cinéma incarne et donne chair, mais parce que le réalisateur sait saisir la dureté de la ville.

Cadrages serrés sur le visage d’un des protagonistes comprimé dans la foule, usage de scènes répétitives, utilisation de la voix off qui décrit en parallèle l’état mental de Mathilde et celui de Thibault… Tout contribue à exprimer et, surtout, à faire ressentir le vide, la claustration des êtres pris dans la réalité urbaine. Véronique Cauhapé

« Les Heures souterraines », téléfilm de Philippe Harrel. Sur Arte + 7

« Un monde sans travail » : des robots et des hommes

BONUS "UN MONDE SANS TRAVAIL ?" / DANIELA CERQUI
Durée : 10:08

De la Bretagne à ­Pittsburgh en passant par Bruxelles, San Francisco, le Tarn ou la Suisse, Un monde sans travail, documentaire instructif coécrit par Noël Mamère et Philippe ­Borrel, a de quoi inquiéter des ­millions de travailleurs.

On savait les moins qualifiés déjà durement touchés par le chômage de masse en raison de la robotisation et des machines « intelligentes », plus fiables et moins coûteuses que les ­ humains. En faisant témoigner des manutentionnaires, les auteurs mettent des mots sur les maux du travail d’aujourd’hui.

Avec l’automatisation accélérée des entreprises, le pire est peut-être à craindre. De l’autre côté de l’Atlantique, des millions d’ouvriers américains, peu ou moyennement qualifiés, perdent leur emploi, et le danger de perdre son travail commence à toucher les cols blancs, cœur de la classe moyenne.

Même dans le secteur tertiaire, l’emploi humain est menacé, comme le montre l’intérêt de plus en plus marqué des banques et des sociétés d’assurances pour les machines de type « chargé de compte virtuel ». Selon plusieurs instituts internationaux, entre 40 % et 50 % des ­emplois auront disparu dans les vingt prochaines années !

En attendant de trouver une ­solution à la raréfaction a priori inéluctable de l’emploi salarié, certains tentent d’imaginer une nouvelle société où le plein-emploi serait remplacé par la pleine activité et où un revenu ­universel versé à tout le monde deviendrait une évidence. Alain Constant

« Un monde sans travail », documentaire de Philippe Borrel (France, 2016, 65 minutes). Sur Pluzz.