« Elle » dédie son éditorial à Marie Trintignant, en réponse à la couverture des « Inrocks » avec Bertrand Cantat
« Elle » dédie son éditorial à Marie Trintignant, en réponse à la couverture des « Inrocks » avec Bertrand Cantat
Le Monde.fr avec AFP
La « une » du 11 octobre des Inrocks consacrée à l’ex-leader de Noir Désir Bertrand Cantat pour son premier disque solo à paraître « Amor Fati » a créé une vive polémique.
La comédienne Marie Trintignant interprète, le 10 janvier 2001 au Théâtre Hébertot, à Paris, le rôle de Michèle lors du filage de la pièce « Comédie sur un quai de gare », du metteur en scène et auteur Samuel Benchetrit. / FRANÇOIS GUILLOT / AFP
Plus qu’une réponse, c’est un véritable plaidoyer contre l’invisibilisation des violences faites aux femmes. Le magazine Elle a décidé de consacrer, cette semaine, son éditorial à l’actrice Marie Trintignant, une semaine après la couverture des Inrocks sur son ex-compagnon, le chanteur Bertrand Cantat, qui l’a tuée en 2003.
Intitulé « Au nom de Marie », l’édito, signé Dorothée Werner, fait écho aux mots choisis par les Inrocks, « Cantat en son nom ». Par un mimétisme volontaire, le magazine féminin a reproduit un portrait en pleine page de Marie Trintignant, sous lequel s’affiche un texte d’une quinzaine de lignes lui rendant hommage :
« Marie Trintignant, on ne t’oublie pas. Il faudra davantage que la médiatisation obscène de Bertrand Cantat pour éteindre ta flamme. “Une lumière ici requiert une ombre là-bas”, écrit Virginia Woolf. Tu es à la fois cette ombre et cette lumière, cette douleur et cet espoir qu’un jour enfin cesse cette violence tout simplement inouïe. »
L’hebdomadaire rappelle également, en préambule, les chiffres des violences faites aux femmes, dont Marie Trintignant est, selon lui, devenue « un symbole » :
« Avec cette grâce si singulière, son visage est devenu celui de toutes les femmes victimes de la violence des hommes. Le visage des 123 anonymes tuées par leur conjoint l’an dernier. Celui des 33 inconnues qui, chaque jour, dénoncent un viol en France. celui des femmes harcelées ou agressées – 216 000 plaintes déposées en 2016. »
« Marie Trintignant en couverture de mon Instagram »
La « une » du 11 octobre des Inrocks consacrée à l’ex-leader de Noir Désir Bertrand Cantat pour son premier disque solo à paraître, Amor Fati, a créé une vive polémique, jusqu’au sein du gouvernement. Elle a été fustigée par Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes sur Twitter :
Et au nom de quoi devons-nous supporter la promo de celui qui a assassiné Marie Trintignant à coups de poings ?
Ne… https://t.co/GvzZpkAL0h
— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa)
De leur côté, plusieurs actrices françaises avaient décidé, dans la semaine, de publier des photos de Marie Trintignant sur les réseaux sociaux. Emmanuelle Devos, qui a mis « Marie Trintignant en couverture de [son] Instagram », avait d’ailleurs appelé le magazine Elle à mettre l’actrice en couverture de son prochain numéro.
Chaque réapparition artistique et médiatique de Bertrand Cantat, comme lors de son retour discographique en 2013 avec le groupe Détroit, suscite des réactions véhémentes depuis le drame de Vilnius à l’été 2003. Sa compagne d’alors, l’actrice Marie Trintignant avait succombé à ses coups après une violente dispute.
Le chanteur avait été condamné à huit ans de prison pour homicide. Il en a purgé quatre, dont un en Lituanie, avant de bénéficier d’une libération conditionnelle en 2007. Depuis juillet 2011 son contrôle judiciaire a pris fin.