Affaire Weinstein : Los Angeles ouvre une enquête et Tarantino savait
Affaire Weinstein : Los Angeles ouvre une enquête et Tarantino savait
Le Monde.fr avec AFP
Le réalisateur de « Pulp Fiction » avait été mis au courant des agissements du producteur par son ex-compagne, Mira Sorvino, mais avait fait le choix de « mettre de côté » cette information.
Le réalisateur Quentin Tarantino en décembre 2015 à Paris. / JACQUES BRINON/AP
Quand l’affaire a éclaté, il avait parlé de « révélations » : le réalisateur Quentin Tarantino, grand ami de Harvey Weinstein, a reconnu avoir été au courant depuis de longues années des agissements du producteur, accusé de harcèlement sexuel et de viols par près de 40 actrices.
La police de Los Angeles a également confirmé jeudi 19 octobre avoir ouvert une enquête sur Harvey Weinstein pour une agression sexuelle qui remonterait à 2013, alors que deux enquêtes sont déjà menées sur le magnat du cinéma à New York et Londres.
La réaction de Tarantino, un des metteurs en scène les plus renommés d’Hollywood et un des plus proches de Weinstein, était fortement attendue. « J’en savais suffisamment pour réagir plus que ce que je n’ai fait », a reconnu le réalisateur multi-oscarisé de 54 ans, dans une interview publiée par le New York Times jeudi. « C’était plus que les rumeurs habituelles, les ragots. Ce n’était pas des “on dit”. Je savais qu’il avait fait plusieurs de ces choses », a-t-il également admis.
Pas si « abasourdi »
A la mi-octobre, après les premières accusations portées contre M. Weinstein, le lauréat de la Palme d’or 1994 pour « Pulp Fiction » avait réagi par un court message sur Twitter en parlant des « révélations qui ont émergé ». Il s’était également dit « abasourdi, le coeur brisé ».
Dans son interview au New York Times, Tarantino explique pourtant que Mira Sorvino, son ancienne compagne, lui a notamment fait part d’attouchements non consentis de la part de M. Weinstein. Le réalisateur, de son propre aveu, a « mis de côté » cet épisode, qui n’était pourtant pas le seul dont il avait eu connaissance.
Il reconnait également avoir été au courant de l’accord à l’amiable signé entre Rose McGowan et Harvey Weinstein. « J’aurais aimé avoir agi de façon responsable devant ce que j’ai entendu. Si j’avais fait ce que j’aurais dû faire, il aurait fallu que je ne travaille pas avec lui », a-t-il également déclaré.
Proches depuis 1992
Ensemble, le duo a écrit parmi les plus belles pages du cinéma hollywoodien des années 90 et 2000, arrivant à concilier reconnaissance critique et succès populaire.
Harvey Weinstein avait distribué le premier film de Tarantino, « Reservoir Dogs » en 1992, avant de produire plusieurs de ses plus gros succès, comme « Kill Bill », « Pulp Fiction » ou « Inglourious Basterds ». Le producteur, qui a été licencié de sa société, la Weinstein Company, est maintenant visé par une nouvelle enquête policière pour agression sexuelle, ouverte par la police de Los Angeles (LAPD). Le porte-parole de la LAPD n’a pas donné l’identité de la victime mais, selon plusieurs médias, il s’agirait d’une actrice et mannequin italienne. Cette dernière a expliqué au Los Angeles Times que les faits s’étaient déroulés dans un hôtel de Los Angeles en février 2013.
« Il a demandé à me voir nue »
Harvey Weinstein, selon elle, est arrivé « sans prévenir » à son hôtel, et est monté dans sa chambre pour la voir, alors qu’elle avait proposé de descendre le rencontrer dans le lobby.
« Il a forcé le passage dans ma chambre », a-t-elle expliqué au journal californien, avant de raconter : « Il est devenu très rapidement agressif et demandait à me voir nue. Il m’a attrapée par les cheveux, et m’a forcée à faire quelque chose que je ne voulais pas. Ensuite il m’a traînée dans la salle de bain et m’a violée ».
Avant ce nouveau témoignage, cinq actrices accusaient déjà Harvey Weinstein de viol. Sa personnalité était bien connue à Hollywood, et plusieurs fois évoquée entre les lignes lors de discours publics ou dans des films.
Harvey Weinstein a affirmé, par la voix de sa porte-parole, que les relations sexuelles publiquement révélées étaient consenties.
Quentin Tarantino, interrogé par le New York Times sur les conséquences que pourraient avoir cette affaire sur son travail, a pliqué « espérer » que cela n’affecterait pas ses films. « Tour ce que je peux dire maintenant aura l’air d’une pauvre excuse ».