Un apiculteur à Hefei, dans l’est de la Chine, en avril 2012. / AFP / AFP

Nous consommons de plus en plus de miel… et même plus que les abeilles n’en produisent. Selon l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF), cette incohérence s’explique par une présence importante de miels frauduleux sur le marché, additionnés de sirops sucrés à base de riz, de betterave, de maïs, difficiles à détecter par des analyses.

Aussi l’UNAF demande-t-elle, avec l’association de consommateurs UFC Que Choisir, de nouvelles règles d’étiquetage. Toutes deux voudraient voir préciser les pays d’origine des miels vendus dans les supermarchés, pour « une information loyale et pertinente », comme c’est le cas en Italie notamment. En France, les miels mélangés importés – principalement de Chine, d’Ukraine, d’Argentine, de Hongrie, d’Espagne et d’Italie – représentent les trois quarts de la consommation.

En 2014, des tests commandés par l’UFC-Que Choisir avaient montré que, sur vingt miels « premier prix » achetés dans diverses enseignes de la grande distribution, six présentaient des ajouts de sucre. En 2015, une étude menée cette fois à l’initiative de la Commission européenne constatait qu’un miel sur trois n’était pas conforme.

Le marché s’est emballé

Les importations de miels falsifiés ont pris de telles proportions qu’elles mettent en péril la survie économique des apiculteurs européens, en tirant les prix vers le bas. Très bas même : aux environs de 1,20 euro, le kilo alors qu’en France le prix de revient moyen se situe plutôt à 4,50 euros, dénonce l’UNAF.

Depuis quelques années, le marché s’est emballé. Alors que dans le monde le nombre de ruches évolue lentement (seulement 8 % de plus au total entre 1961 et 2013), les échanges commerciaux explosent : ils ont grimpé de 61 % depuis 2007. Cherchez l’erreur… du côté de l’Asie. Les sept principaux exportateurs de ce continent, Chine en tête, plus l’Ukraine – curieusement classée dans la même catégorie alors que les récoltes y sont restées stables – ont vu leurs exportations progresser de 196 %, tandis que le nombre de leurs ruches augmentait de seulement 13 %.

En Europe et aux Etats-Unis, où les butineuses sont soumises à toute une série de désastres – virus, changement climatique, frelon asiatique, contamination de l’environnement par les pesticides, en particulier par des insecticides –, les tonnages de miel diminuent. Ils ont même chuté très fortement en France : de 33 000 tonnes au milieu des années 1990, les récoltes 2016 et 2017 sont tombées en dessous de 10 000 tonnes. L’Europe importe 40 % de sa consommation.

C’est à croire que le reste du monde ne souffre pas des mêmes maux : la production est officiellement passée de 1,273 million de tonnes en 2001 à 1,664 millions de tonnes en 2013, soit 2,5 % de plus en moyenne par an. Tandis que les échanges commerciaux ont augmenté deux fois plus vite (4 % par an) depuis 2008.