« Super Mario Odyssey », carte maîtresse de Nintendo à Noël
« Super Mario Odyssey », carte maîtresse de Nintendo à Noël
LE MONDE ECONOMIE
Six mois après un « The Legend of Zelda : Breath of the Wild » plébiscité, le fabricant japonais sort son deuxième jeu phare juste à temps pour les fêtes.
La phase de promotion a commencé pour le jeu phare de Nintendo à Noël, « Super Mario Odyssey ». / JORDAN STRAUSS / INVISION FOR NINTENDO OF AMERICA
It’s encore lui, Mario ! Vendredi 27 octobre, Nintendo lance Super Mario Odyssey sur sa nouvelle console, la Switch, dans l’idée de propulser sa jeune machine vers un Noël à succès.
« L’enjeu est énorme, il s’agit de vendre autant de Switch dans les dix semaines qui viennent que depuis le lancement, soit 400 000, et ce, grâce à Super Mario Odyssey, explique Philippe Lavoué, directeur général de Nintendo France. Il s’agit de la seconde rampe de lancement de la console. »
10/10 dans la revue « Edge »
La première, c’était The Legend of Zelda : Breath of the Wild, un jeu d’aventure épique unanimement salué par la critique et applaudi par le reste de l’industrie. Le titre s’était écoulé à 97 000 exemplaires en un seul week-end, plus que la Switch elle-même. Et il est aujourd’hui le plus populaire de la console, avec 280 000 unités, devant Mario Kart 8 Deluxe et ses 260 000 ventes. Philippe Lavoué le reconnaît : « On aimerait faire aussi bien, voire mieux, au lancement que Breath of the Wild ».
« Super Mario Odyssey va permettre à Nintendo de s’adresser à une cible plus large, plus grand public que tous les jeux sortis jusqu’à présent sur Switch. Et à une période stratégique, Noël », corrobore Thomas Grellier, directeur associé et cofondateur de l’Ecole de management des industries créatives (EMIC). Ce vétéran du secteur voit même Nintendo atteindre le demi-million à Noël, ce qui serait « une performance rare ».
Pour cela, Nintendo a misé sur une relecture innovante de Super Mario 64, la première aventure du plombier en 3D. Comme dans celle-ci, le héros bondissant explore avec son entrain légendaire des mondes fantaisistes tous plus loufoques et dépaysants les uns que les autres, d’un volcan de fruits et légumes à un désert mexicain gelé en passant par une parodie délicieusement jazzy et rétro de New York. Le tout avec une possibilité inédite, celle de prendre possession, grâce à un chapeau magique, de la plupart des ennemis du jeu, des classiques champignons ambulants à des mille-pattes multicolores en passant par un T-Rex égaré. « C’est avant tout un voyage extraordinaire, plein de pays à visiter, une jouabilité unique et une rejouabilité très développée. Il devrait faire date », veut croire le directeur de Nintendo France.
Et les premiers retours lui donnent raison. Répétant un schéma qui n’est pas sans rappeler la sortie de Breath of the Wild, le prestigieux magazine britannique Edge a octroyé un 10/10 aux nouvelles aventures de Mario, tandis que l’ancestrale revue japonaise Famitsu s’est fendue d’un 39/40. Des premiers retours dithyrambiques auxquels Le Monde est en mesure de se joindre, après plus d’une vingtaine d’heures de pérégrinations ubuesques : la nouvelle production de Yoshiaki Koizumi (Super Mario Galaxy) est magistrale.
Faire oublier « Mario Sunshine »
Super Mario Odyssey est simple à prendre en main, délicieusement inventif et varié, et d’une construction intelligente. Il encourage naturellement la curiosité, relance perpétuellement l’intérêt de l’exploration, et suscite par son inventivité aussi bien l’émerveillement du néophyte que l’admiration du joueur aguerri. Quant aux vétérans de Super Mario Bros., le jeu saura leur tirer la larmichette à travers l’un de ses nombreux clins d’œil complices.
Ce coup de maître est d’autant plus admirable que les épisodes de Mario en trois dimensions sont ceux dont les ventes sont les plus irrégulières.
Si Super Mario 64 fut considéré comme une révolution à sa sortie, en 1996, pavant la manière dont toute l’industrie allait aborder ce nouveau type de production plus immersive, sa suite Super Mario Sunshine, en 2002, reste aujourd’hui comme l’un des épisodes les moins vendus et les plus critiqués de la saga. Avec 5,5 millions d’exemplaires vendus, il fait figure d’accident industriel comparé aux six meilleures ventes de la série, toutes en 2D et toutes au-dessus des 15 millions, voire des 30 millions pour New Super Mario Bros. DS et des 40 millions pour le Super Mario Bros. original.
L’expérience ratée de la Wii U
Mais les temps ont changé, et l’expérience de The Legend of Zelda : Breath of the Wild montre une évolution du marché vers des jeux plus sophistiqués. « On trouve chez Nintendo que le rendu 3D est magnifique et confère un atout supplémentaire à l’expérience, et que la 3D est plus efficace pour éprouver le plaisir d’incarner un adversaire », explique Philippe Lavoué avec flegme. Après tout, en France, Super Mario Galaxy sur Wii, un autre épisode en 3D, a passé le million d’exemplaires vendus.
La marque a déjà commencé sa campagne de publicité et compte axer en grande partie sa communication à Noël autour de Super Mario Odyssey. Dès le 27 octobre, un pack spécial proposera d’ailleurs à la fois la console Switch, des manettes aux couleurs de Mario, et le fameux jeu. Plus qu’un fer de lance commercial, la nouvelle aventure du plombier est aussi un message envoyé aux consommateurs, après l’expérience ratée de la précédente machine de Nintendo, la Wii U, rapidement sevrée de jeux majeurs après son lancement.
« On a eu un calendrier de lancement très dynamique, avec Breath of the Wild et Mario Kart 8 Deluxe, des jeux de nature à faire vendre la console. On pense que lancer Super Mario Odyssey dans les six mois qui suivent, c’est la meilleure réponse aux soucis de catalogue de la Wii U », estime Philippe Lavoué. A l’image de son célèbre plombier, la marque prouve une nouvelle fois son incroyable capacité à rebondir.