Setsuko Thurlow, survivante d’Hiroshima, ira à Oslo recevoir le Nobel de la paix pour l’ICAN
Setsuko Thurlow, survivante d’Hiroshima, ira à Oslo recevoir le Nobel de la paix pour l’ICAN
Le Monde.fr avec AFP
Setsuko Thurlow avait 13 ans quand la première bombe nucléaire de l’histoire a frappé sa ville. Elle est depuis devenue ambassadrice de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires.
Le 6 octobre, l’ICAN, la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires, était nommée Prix Nobel de la paix. Ce prix sera officiellement reçu en décembre, à Oslo, des mains de Setsuko Thurlow, une survivante d’Hiroshima devenue ambassadrice de l’ICAN.
Elle n’avait que 13 ans lorsque la première bombe nucléaire de l’histoire a été larguée sur sa ville le 6 août 1945, à un kilomètre et demi de l’endroit où elle se trouvait. « Je me souviens d’un éclat de lumière bleuté. Mon corps a été soufflé dans les airs, je me souviens de cette sensation de flotter », raconte-t-elle à l’Agence France-Presse. Alors qu’elle était coincée sous des décombres avec des dizaines d’autres personnes, un inconnu l’aide à s’en sortir.
« La ville que j’ai vue était indescriptible, se remémore-elle. Je n’étais qu’une lycéenne de 13 ans, et je venais de voir ma ville détruite. C’était devenu une ville morte. » Un étrange silence pesait sur la ville, la poussière ayant fait disparaître le soleil matinal. « Personne ne criait, personne ne courait. Les survivants n’en avaient pas la force physique ni mentale. Tout au plus étaient-ils capables de quémander de l’eau d’une voix à peine audible. »
L’explosion nucléaire d’Hiroshima a tué environ 140 000 personnes et celle de Nagasaki, trois jours plus tard, 80 000 autres.
« Plus jamais »
Setsuko Thurlow a désormais 85 ans et vit au Canada. Elle s’est faite ambassadrice de la Campagne internationale depuis son lancement, en 2007, jouant un rôle majeur dans les négociations qui ont mené l’ONU en juillet à adopter un traité posant pour la première fois l’interdiction de l’arme atomique.
Elle raconte son histoire à qui veut l’entendre, tant aux écoliers qu’aux plus hauts diplomates, dans l’espoir de les sensibiliser aux horreurs de la guerre nucléaire et de freiner la prolifération des armes de destruction massive.
« Je rappelle continuellement ces souvenirs douloureux, pour que les gens qui n’ont jamais vécu une telle dévastation puissent comprendre (…), pour qu’ensemble nous puissions empêcher que cela se reproduise un jour », explique-t-elle. L’état du monde actuel ne la rassure pas : « Le monde est un endroit bien plus dangereux aujourd’hui », estime-t-elle.
Fustigeant les joutes verbales entre le président américain Donald Trump et le leader de la Corée du Nord Kim Jong-un, elle critique par ailleurs le premier ministre canadien Justin Trudeau pour ne pas avoir signé le traité adopté à l’ONU.
L’octogénaire presse les citoyens partout dans le monde à s’impliquer pour contrer la prolifération des armes nucléaires. « Nous devons tous faire notre part, il ne faut surtout pas laisser cela aux seuls survivants d’Hiroshima et de Nagasaki, eux dont les souvenirs s’estompent. Aucun autre être humain ne devrait jamais avoir à vivre la violence des armes nucléaires. Plus jamais. »