En un an de Donald Trump, 27 collaborateurs poussés à la démission
En un an de Donald Trump, 27 collaborateurs poussés à la démission
Depuis son élection, le 45e président américain a fait le ménage autour de lui. Un renouvellement des équipes d’une ampleur inédite.
« You’re fired. » Le légendaire mot d’ordre du Donald Trump, star de la téléréalité dans The Apprentice, semble bien perdurer dans sa fonction présidentielle. Depuis son élection voilà un an, le 45e président américain a fait le ménage autour de lui. Au point d’obtenir une situation inédite, avec pas moins de 27 collaborateurs poussés vers la sortie.
Tom Price, voyageur haute fréquence
Tom Price, le 15 juin à Washington. / Manuel Balce Ceneta / AP
Fonction dans l’administration Trump : secrétaire à la santé ;
Durée de vie : 10 février-29 septembre, soit 232 jours ;
Raison(s) du départ : propension à emprunter les avions privés aux frais du contribuable.
Un article de Politico révèle au début de septembre que le responsable américain a réalisé pas moins de vingt-six vols privés, pour un montant d’environ 400 000 dollars, auxquels s’ajoutaient des voyages effectués à l’étranger en recourant à des avions militaires, avec l’aval de la Maison Blanche, pour un total de 500 000 dollars. Après avoir tenté de faire amende honorable en remboursant 52 000 dollars, Tom Price a été contraint à la démission.
Stephen Bannon, « l’éminence grise »
Stephen Bannon, le 25 septembre dans l’Alabama. / Brynn Anderson / AP
Fonction dans l’administration Trump : conseiller stratégique de Donald Trump ;
Durée de vie : 13 novembre-18 août, soit 278 jours ;
Raison(s) du départ : réorientation de la ligne politique.
Stephen Bannon était considéré par beaucoup d’observateurs comme l’un des stratèges les plus influents derrière la campagne électorale de Trump, que le rédacteur en chef de Breitbart News a dirigé jusqu’à la victoire. Mais ses prises de position ultranationalistes, proches de l’extrême droite, lui ont sans doute aussi coûté sa place.
Acculé pour avoir renvoyé dos à dos néonazis et militants antiracistes à la suite des violences et de l’attentat qui ont touché Charlottesville en août, Donald Trump devait rompre avec cette ligne dure de son entourage, particulièrement silencieuse face à cette actualité.
Fonction actuelle : rédacteur en chef de Breitbart News, le site nationaliste et ultraconservateur, principal relais de l’alt-right, ou alternative right, le courant d’extrême droite américain qui a bousculé le Parti républicain et qui a poussé M. Trump au premier plan.
Anthony Scaramucci, la parole (trop) libérée
Anthony Scaramucci, le 25 juillet à Washington. / YURI GRIPAS / REUTERS
Fonction dans l’administration Trump : directeur de la communication ;
Durée de vie : 21 juillet-26 juillet, soit six jours ;
Raison(s) du départ : dérapages à répétition et langage fleuri.
Après seulement six jours à son poste, « The Mooch » (un terme d’argot signifiant « resquilleur ») a quitté ses fonctions après la publication d’une interview dans laquelle il insultait plusieurs collaborateurs du président. Cet ancien de la banque Goldman Sachs et gros donateur du parti républicain s’en prenait notamment au sulfureux conseiller spécial du président. « Je ne suis pas Steve Bannon, je n’essaie pas de me sucer la bite. Je suis là pour servir le pays », disait-il.
Fonction actuelle : ayant été obligé de vendre ses parts dans le fonds d’investissement SkyBridge Capital pour rejoindre la Maison Blanche, Anthony Scaramucci a repris pour l’heure une activité de consultant et intervient régulièrement dans les médias américains.
Reince Priebus, le « maillon faible »
Reince Priebus, le 5 juin à la Maison Blanche. / Andrew Harnik / AP
Fonction dans l’administration Trump : secrétaire général de la Maison Blanche ;
Durée de vie : 13 novembre-28 juillet, soit 256 jours ;
Raison(s) du départ : fuites médiatiques et « faiblesse » chronique.
Depuis son investiture à la Maison Blanche, Donald Trump qualifiait régulièrement de « maillon faible » son secrétaire général, un apparatchik républicain qui n’a jamais réussi à remplir sa mission d’agent de liaison entre les caciques de Washington et les New-Yorkais de haute volée qui entourent le milliardaire. Accusé, en outre, d’avoir fait fuiter des désaccords sur certaines législations, Reince Priebus est prié de quitter ses fonctions.
Fonction actuelle : Interrogé sur son actualité par la chaîne conservatrice Fox News, Reince Priebus a récemment expliqué qu’il continuait de travailler pour « l’équipe Trump, pour toujours ».
James Comey, le bras de fer
James Comey lors de son audition au Sénat, le 8 juin. / JONATHAN ERNST / REUTERS
Fonction dans l’administration Trump : directeur du FBI ;
Durée de vie : 4 septembre 2013-9 mai 2017, soit 1 344 jours ;
Raison(s) du départ : pressions sur l’enquête du FBI.
C’est officiellement pour restaurer la « confiance » dans le FBI, que Donald Trump a renvoyé James Comey de son poste de directeur. Mais il est difficile de ne pas voir non plus un lien avec l’enquête lancée par James Comey portant sur de possibles liens entre le gouvernement russe et des personnalités de son équipe.
Fonction actuelle : Comey a été auditionné devant le Sénat au mois de juin. Au début du mois d’août, la maison d’édition Flatiron Books a annoncé un accord pour publier un livre de James Comey qui sortira au printemps 2018.
Sean Spicer, l’expert du volte-face
Sean Spicer à la Maison Blanche, le 21 juillet. / Alex Brandon / AP
Fonction dans l’administration Trump : porte-parole de la Maison Blanche
Durée de vie : 22 décembre-21 juillet, soit 210 jours ;
Raison(s) du départ : mésentente dans l’équipe.
Pendant six mois, Sean Spicer a porté la parole présidentielle lors de conférences de presse quasi quotidiennes. Au gré des controverses et des rebondissements de l’enquête sur d’éventuelles complicités entre des membres de l’équipe de campagne de M. Trump et la Russie, l’exercice était devenu périlleux pour le porte-parole, souvent pris de court par les volte-face du président. Selon le New York Times, M. Spicer a remis sa démission en raison d’un profond désaccord portant sur la nomination par Donald Trump d’un nouveau directeur de la communication, Anthony Scaramucci.
Fonction actuelle : Sean Spicer a confié à ABC News vouloir consacrer son temps libre à sa famille. Des rumeurs lui ont même prêté une participation à l’émission « Danse avec les stars », non confirmée pour l’heure par la chaîne.
Michael Dubke
Fonction dans l’administration Trump : directeur de la communication ;
Durée de vie : 6 mars-18 mai, soit 74 jours ;
Raison(s) du départ : manque d’adhésion entre les équipes.
Dans un message à ses collègues, Michael Dubke justifie les raisons de son départ comme « personnelles », selon le New York Times. Mais pour beaucoup d’observateurs de la politique américaine, son départ s’explique surtout par le manque de cohésion dans l’entourage immédiat de Trump, entre ceux qui avaient participé à la campagne victorieuse du candidat républicain et ceux arrivés après sa nomination.
Fonction actuelle : Michael Dubke a repris ses fonctions comme chargé de communication dans le groupe qu’il a cofondé, Black Rock Group, l’un des plus importants gestionnaires d’actifs au monde.
Mike Flynn, liaison russe
Le conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn à la Maison Blanche le 13 février 2017. / Carlos Barria / REUTERS
Fonction dans l’administration Trump : Conseiller à la sécurité nationale ;
Durée de vie : 18 novembre-13 février, soit 86 jours ;
Raison(s) du départ : vulnérabilité à un chantage russe.
L’ancien général était au centre d’une controverse pour avoir évoqué avec des diplomates russes les sanctions visant Moscou, alors qu’il n’avait encore aucune fonction officielle, ce qu’interdit la législation américaine. Selon la presse américaine, le ministère de la justice a, en outre, averti la Maison Blanche que cette erreur pourrait rendre le conseiller vulnérable à une tentative de chantage russe.
Fonction actuelle : Michael Flynn est actuellement sous le feu des enquêteurs mis en place par le procureur spécial, Robert Mueller, chargé d’enquêter sur une potentielle ingérence russe dans la campagne présidentielle américaine.
Sally Yates, désobéissance législative
Fonction dans l’administration Trump : ministre de la justice par intérim ;
Durée de vie : 20 janvier-30 janvier, soit 10 jours ;
Raison(s) du départ : « Toujours demander justice et défendre ce qui est juste ».
Nommée par l’administration précédente et ayant travaillé dans ce ministère depuis près de trente ans, Sally Yates a été brutalement limogée par Donald Trump après avoir demandé à ses services de ne pas défendre le décret présidentiel anti-immigration, contesté notamment par l’Etat de Washington.
Fonction actuelle : Sally Yates a signé deux tribunes dans le Washington Post et le New York Times, critiquant l’action de Donald Trump.
Katie Walsh, chef de cabinet adjointe
Fonction dans l’administration Trump : chef de cabinet adjointe
Durée de vie : 20 janvier-30 mars, soit 69 jours
Raison(s) du départ : échec sur l’abrogation d’Obamacare
Personnage-clé de l’entourage de Donald Trump, Katie Walsh avait travaillé auprès de Reince Priebus au comité national républicain et durant la campagne présidentielle. Mais elle a été poussée à la démission après que la majorité, faute de soutiens suffisants au Congrès, a été forcée de retirer le texte abrogeant l’Obamacare.
Fonction actuelle : Katie Walsh a déclaré vouloir rejoindre America First Policies, un groupe de pression pro-Trump, pour continuer à soutenir l’action du président.
Dans les seconds couteaux :
Sebastian Gorka, conseiller du président en sécurité intérieure
Officiellement, la Maison Blanche n’a pas reconnu son départ. Le magazine en ligne The Federalist a, cependant, posté la lettre de démission remise par Sebastian Gorka à sa hiérarchie. « Il m’apparaît évident que des éléments opposés à notre projet “Make America Great Again” ont l’ascendant pour l’heure à la Maison Blanche (…), et qu’en conséquence la meilleure manière pour moi de vous soutenir, monsieur le président, sera depuis l’extérieur. » Sebastian Gorka est retourné travailler pour Breitbart News.
Caroline Wiles, l’emploi du temps
Chargée de l’emploi du temps de Donald Trump, elle a démissionné en février après la vérification de ses antécédents, selon Politico.
Vincent Viola, secrétaire aux armées
Cet ancien combattant, désigné par Donald Trump pour le poste de secrétaire aux armées, a renoncé en février à occuper ce poste.
Robin Townley, collaborateur à la sécurité nationale
Ce collaborateur du conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn a été mis à l’écart en février après s’être vu refuser le droit de siéger au sein du conseil à la sécurité nationale, selon Politico.
Gerrit Lansing, responsable du numérique
Le responsable du numérique à la Maison Blanche a dû démissionner en février à la suite d’un examen de ses antécédents par le FBI, selon Politico.
Philip Bilden, secrétaire à la marine
Ce dirigeant d’un fonds de capital-investissement et ancien agent du renseignement militaire avait été choisi par Donald Trump pour le poste de secrétaire à la marine. Il a renoncé à occuper le poste en février, en raison des règles en matière de conflits d’intérêts.
- Carl Icahn, « M. Régulation »
En août, le milliardaire a renoncé à ses fonctions de conseiller spécial de Donald Trump face aux critiques voulant que ses avis en matière de régulation puissent bénéficier à ses propres affaires.
- Walter Shaub, chargé de l’éthique gouvernementale
Le 6 juillet, Walter Shaub, chargé de l’éthique gouvernementale à Washington, démissionnait de ses fonctions, mettant fin à ce que le New Yorker a qualifié de bataille « donquichottesque » pour amener Donald Trump à éviter les conflits d’intérêts entre la présidence et la Trump Organization. Des critiques que balaie Donald Trump, selon qui « la loi est totalement de [son] côté ».
- Marc Kasowitz, avocat personnel de Donald Trump
Marc Kasowitz accompagne Donald Trump depuis les déboires du casino d’Atlantic City. Il a été écarté de l’équipe des juristes chargés de défendre le président Trump et sa famille dans l’affaire russe, le 21 juillet. M. Trump aurait été énervé par le manque d’agressivité de ses défenseurs dans ce qu’il dénonce comme une « chasse aux sorcières ».
- Mark Corallo, porte-parole de l’équipe juridique de Donald Trump
Porte-parole de l’équipe de juristes du président, Mark Corallo n’est pas resté plus de deux mois en fonctions. L’affaire russe est, là encore, à l’origine de son départ. Opposé à la stratégie des avocats consistant à entamer la crédibilité du procureur spécial Robert Mueller, qu’il tient en estime, M. Corallo a démissionné le 21 juillet.
- Mark Green, secrétaire aux armées
Choisi par Donald Trump pour le poste de secrétaire aux armées, il a renoncé en mai à occuper le poste. Successeur désigné de Vincent Viola, Mark Green s’était attiré les foudres pour de précédentes déclarations homophobes et islamophobes.
- James Donovan, secrétaire adjoint au trésor
Ce banquier chez Goldman Sachs a été nommé par Donald Trump à un poste de secrétaire adjoint au Trésor mais a renoncé en mai à occuper le poste.
- Todd Ricketts, secrétaire adjoint au commerce
Le copropriétaire de l’équipe de baseball des Chicago Cubs a été choisi par Donald Trump pour un poste de secrétaire adjoint au commerce mais a renoncé en avril à occuper le poste.
Preet Bharara, procureur fédéral de Manhattan
Le procureur fédéral de Manhattan, nommé procureur par Barack Obama, a été démis de ses fonctions le 11 mars, après avoir refusé de démissionner, la veille, à la demande du ministre de la justice américain.
- Jason Miller, directeur de la communication
Directeur de la communication dans l’équipe de transition choisie par Donald Trump, il a été nommé en décembre par le président élu au poste de directeur de la communication de la Maison Blanche mais a renoncé quelques jours plus tard à occuper ce poste.
- Derek Harvey, conseiller spécial sur le Moyen-Orient
Considéré comme trop proche de Michael Flynn et cette sphère de conseillers ayant œuvré pendant la campagne, Derek Harvey a été écarté le 27 juillet.
- Michael Short, attaché de presse
En plein scandale Scaramucci, Michael Short a été poussé vers la sortie par l’équipe de communication de la Maison Blanche, dans un souci de renouvellement complet de l’équipe.