Près de New Delhi, le 26 octobre. / R S Iyer / AP

En lui consacrant une première conférence internationale, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) entend placer la pollution de l’air au centre de l’agenda politique international, au même rang que le réchauffement climatique. Et insister sur un message simple : responsable chaque année de 7 millions de morts prématurées, elle doit désormais être considérée comme le « plus grand risque environnemental pour la santé » de l’humanité, et combattue comme telle.

Pour diffuser cet « appel à une action urgente », l’institution onusienne réunit, du 30 octobre au 1er novembre, à Genève, des représentants de la communauté scientifique et médicale, des organisations intergouvernementales et de la société civile, des secteurs de l’énergie ou des transports ainsi que des décideurs politiques (maires et ministres de l’environnement et de la santé).

Première étape : prendre la mesure du péril. Selon les dernières données compilées par l’OMS, environ 91 % des habitants de la planète respirent un air trop chargé en particules fines (PM 2,5, de diamètre inférieur à 2,5 µm) et sont exposés à des concentrations qui dépassent les recommandations sanitaires (10 µg/m³ par an). Cette surexposition chronique entraîne quelque 7 millions de décès par an. C’est davantage que les morts cumulés du sida (1,1 million), de la tuberculose (1,4 million), du diabète (1,6 million) et des accidents de la route (1,3 million).

« Passer de la reconnaissance à l’action »

Pourtant, malgré ces chiffres implacables, « cela ne fait que quelques mois que la pollution de l’air est reconnue comme un facteur de risque des maladies non transmissibles [MNT] au même titre que l’alcool ou le tabac », fait remarquer Maria Neira, la directrice du département santé publique et environnement à l’OMS et coordonnatrice de la conférence. Selon l’organisation onusienne, c’est même désormais la deuxième cause de mortalité après le tabac. Ainsi, un tiers des décès imputables aux principales MNT (accident vasculaire cérébral, cancer du poumon, infarctus et bronchopneumopathie chronique obstructive) sont dus à la pollution de l’air.

D’où l’urgence d’enclencher la deuxième étape : « passer de la reconnaissance à l’action ». Comment ? D’abord en plaçant « la santé au cœur de notre communication et de notre combat contre le réchauffement climatique », estime Maria Neira. S’attaquer à la pollution générée par le trafic automobile ou l’industrie, c’est aussi réduire les émissions de gaz à effet de serre, rappelle-t-elle.

A la différence du changement climatique, aucune convention des Nations unies n’encadre la pollution de l’air. La conférence ne débouchera cependant pas sur une déclaration finale. « A chaque fois, il faut négocier des textes qui finissent par se retrouver vidés de leur substance, prévient Maria Neira, rompue aux négociations internationales. Nous avons préféré opter pour des engagements volontaires des Etats et des villes afin de créer une sorte d’émulation. » Pas dupe des effets d’annonce, la responsable de l’OMS précise que des groupes de suivi seront mis en place pour vérifier que les engagements seront bien tenus.