Un élu gallois retrouvé mort après avoir été mis en cause pour harcèlement sexuel
Un élu gallois retrouvé mort après avoir été mis en cause pour harcèlement sexuel
Par Philippe Bernard (Londres, correspondant)
Carl Sargeant, ministre travailliste chargé des quartiers et de l’enfance au pays de Galles, avait démissionné après que plusieurs femmes avaient mis en cause son comportement.
Au domicile de Carl Sargeant, dans la ville de Connah’ Quay (pays de Galles), le 7 novembre. / Peter Byrne / AP
La mort brutale de Carl Sargeant, 49 ans, ministre travailliste dans le gouvernement régional du pays de Galles, a soudain donné un tour dramatique, mardi 7 novembre, au scandale sur le harcèlement sexuel qui secoue le monde politique britannique.
Marié et père de deux enfants, l’élu se serait donné la mort. Il avait dû présenter sa démission, vendredi 3 novembre, se déclarant « choqué et éprouvé » après que plusieurs femmes ont mis en cause son comportement. Il avait aussi été suspendu du Parti travailliste, dont il était un élu depuis 2003 à l’Assemblée galloise.
Mardi en fin de matinée, la police a retrouvé son corps à son domicile, à Connah’s Quay (nord du pays de Galles), situé dans sa circonscription électorale, et déclaré sa mort non suspecte. L’agence de presse britannique Press Association, qui a parlé avec sa famille, évoque un suicide. « Carl a clairement senti qu’il était considéré comme coupable avant d’avoir pu se défendre, a déclaré Rhodri Glyn Thomas, un ancien député du parti Plaid Cymru (nationaliste). Nous devons mettre au point un système qui soit juste pour tout le monde, sans placer les gens dans une position où ils pensent qu’ils ne pourront jamais défendre leur cause. »
Une nouvelle qui a choqué son entourage
Jeremy Corbyn, leader du Labour, a qualifié la mort de Carl Sargeant de « nouvelle terrible et profondément choquante ». Sa famille s’est dite « anéantie au-delà des mots » par la perte du « lien qui [les] unissait ».
Vendredi, le ministre chargé des quartiers et de l’enfance dans le gouvernement gallois avait été informé par Carwyn Jones, premier ministre régional, des accusations le visant. Mais leur contenu ne lui avait pas été révélé. Dans un communiqué, il avait dit avoir écrit au secrétaire général du Labour du pays de Galles « pour demander une enquête indépendante et urgente sur ces accusations afin de permettre de blanchir » son nom, après quoi il espérait pouvoir rejoindre les rangs de l’exécutif régional.
Lundi, M. Jones a affirmé avoir été « mis au courant d’un certain nombre d’incidents » au début de la semaine précédente. « J’ai demandé à mes collaborateurs de parler aux femmes qui avaient donné des détails, et j’ai pensé que je n’avais pas d’autre choix que d’en référer au parti [travailliste] », a-t-il alors ajouté.
La démission du ministre de la défense…
La disparition de Carl Sargeant intervient alors que l’onde de choc déclenchée au Royaume-Uni par l’affaire Harvey Weinstein, producteur américain accusé d’avoir agressé des dizaines de femmes, semblait se dissiper. Mercredi 1er novembre, le ministre de la défense, Michael Fallon, a démissionné après avoir été accusé d’avoir posé la main sur le genou d’une journaliste en 2002 et d’avoir tenté d’en embrasser une autre en 2003. Mais le doute subsiste sur la réalité du motif de son départ.
Deux autres ministres ont été cités par la presse : Mark Garnier, 54 ans, ministre du commerce international, pour avoir demandé à son attachée parlementaire d’acheter des sex-toys, et Damian Green, 61 ans, premier secrétaire d’Etat, mis en cause par un ancien policier pour avoir conservé des images pornographiques sur son ordinateur, à Westminster, et par une jeune femme pour lui avoir touché le genou.
Quatre députés conservateurs font l’objet d’une enquête interne et un député Labour, accusé de viol, a été suspendu. Mise en cause pour avoir fermé les yeux, la première ministre, Theresa May, a réuni, lundi 6 novembre, les représentants des partis politiques. Ils se sont mis d’accord sur une nouvelle procédure destinée à faciliter le recueil des plaintes et à mettre fin aux « abus de pouvoir » au Parlement de Westminster.