Macron en visite-éclair à Riyad pour tenter d’apaiser les tensions régionales
Macron en visite-éclair à Riyad pour tenter d’apaiser les tensions régionales
Par Marc Semo (Dubaï, envoyé spécial)
Le président français a décidé d’une visite à la dernière minute pour tenter de faire baisser les tensions avec l’Iran.
Le prince héritier d’Arabie saoudite Mohamed Ben Salman et le président français Emmanuel Macron lors de la visite de ce dernier à Riyad, le 9 novembre. / Untitled / AP
Emmanuel Macron a prolongé, jeudi 9 novembre, son voyage de deux jours aux Emirats arabes unis par une visite surprise en Arabie saoudite. Le président français a annoncé à Dubaï lors de la conférence de presse qui a conclu son séjour qu’il s’arrêterait dans la capitale saoudienne pour deux heures d’entretiens avec le prince héritier Mohamed Ben Salman.
La rencontre est une première entre les deux hommes, et elle est d’autant plus importante que les tensions ne cessent de monter entre l’Iran et l’Arabie saoudite, au Yémen comme au Liban. Le programme nucléaire iranien, que Riyad remet en cause, avec le soutien de l’administration Trump, est également source de discorde.
« Je souhaite sensibiliser le voisin saoudien à toutes ses questions », a expliqué le président français qui veut tenter d’apaiser la crise, voire de se poser en médiateur. Le chef de l’Etat assume sa ligne en politique étrangère : celle de « vouloir parler à tout le monde ». Et notamment au Moyen-Orient, où il souhaite s’entretenir avec « tous les grands acteurs régionaux ».
« Vision très fine »
Si le président est conscient de toutes les difficultés de la tâche, ses longs entretiens à Abou Dhabi avec le prince héritier Mohamed Ben Zayed lui laissent penser qu’il peut jouer un rôle. « Il a une vision très fine de ce qui se passe en Arabie saoudite et sa proximité avec le prince héritier saoudien n’est un secret pour personne », a assuré M. Macron.
Le Yémen est le théâtre de la pire crise humanitaire de la planète, selon l’ONU. Au Liban, les interrogations se multiplient concernant la liberté de mouvement de Saad Hariri, qui a annoncé samedi 4 novembre sa démission du poste de premier ministre libanais sous pression de Riyad. « Mon souhait est que tous les responsables politiques libanais puissent vivre librement au Liban ce qui suppose la stabilité et la démilitarisation d’une partie du pays et d’avoir une politique exigeante et rigoureuse à l’égard de toutes celles et ceux qui peuvent déstabiliser ou menacer quelque leader que ce soit », a détaillé le président français.
Solidarité avec Riyad
L’autre question discutée est celle de l’accord sur le nucléaire iranien. « Les positions très dures exprimées par l’Arabie saoudite vis-à-vis de l’Iran qui ne sont pas conformes à ce que je pense », a expliqué le président français tout en précisant qu’il « n’a aucune naïveté à avoir vis-à-vis de l’Iran mais que nous devons nous opposer aux politiques jusqu’au boutistes ».
Paris a exprimé sa solidarité avec Riyad après l’interception d’un missile tiré par les rebelles yéménites soutenus par Téhéran. Ce tir est une preuve aux yeux des autorités françaises de la réalité du danger du programme balistique iranien. Mais si Paris considère qu’il faut compléter l’accord sur le nucléaire par un accord sur le balistique et « encadrer » l’hégémonisme régional de Téhéran, la diplomatie française estime également que la fin de l’accord sur le nucléaire entraînerait la guerre ou la création d’une autre Corée du Nord. Sur ce point, M. Macron n’a guère de chance d’être entendu par le nouvel homme fort de l’Arabie saoudite.
Le communiqué diffusé par l’Elysée à l’issue de la rencontre évoque d’ailleurs le Liban, le Yémen et le Sahel, mais pas explicitement l’Iran. Les deux dirigeants « ont échangé longuement sur l’importance de préserver la stabilité de la région, lutter contre le terrorisme et surtout travailler à la paix », est-il précisé. « La France soutient la stratégie de développement du prince héritier définie dans sa “vision 2030” et salue son discours sur l’ouverture de son pays et l’appui à un islam modéré », ajoute l’Elysée.