Découverte d’un trésor médiéval à l’abbaye de Cluny
Découverte d’un trésor médiéval à l’abbaye de Cluny
Plus de deux mille monnaies – dont 21 dinars en or venus d’Espagne et du Maroc – ont été mises au jour huit siècles et demi après avoir été cachées dans l’abbaye.
Le trésor découvert à Cluny : les deniers et oboles d’argent à gauche, la bourse en cuir à droite. / Vincent Borrel-Laboratoire AorOc.
Plus de deux mille pièces médiévales et des objets en or : c’est un véritable trésor qui a été mis au jour en septembre sur le site de l’abbaye de Cluny (Saône-et-Loire), a annoncé, mardi 14 novembre, l’équipe à l’origine de la découverte. Celle-ci, emmenée par Anne Baud et Anne Flammin, du Laboratoire archéologie et archéométrie (CNRS-universités de Lyon-I et II), comptait des chercheurs de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, ainsi que des étudiants.
Fondée au début du Xe siècle et en grande partie détruite pendant la Révolution, Cluny, qui était une des plus grandes abbayes d’Europe occidentale au Moyen Age, fait l’objet de fouilles archéologiques régulières. Au cours de cette campagne d’automne, l’équipe est tombée sur les restes d’un sac en toile contenant plus de 2 200 monnaies d’argent, des deniers et des oboles majoritairement émis par l’abbaye elle-même.
Les dinars en or retrouvés à l’abbaye de Cluny. / Alexis Grattier
Des dinars en or venus d’Espagne et du Maroc
Au sein de ce tas de pièces se trouvait une petite bourse en cuir qui renfermait 21 dinars d’or du début du XIIe siècle, originaires d’Espagne et du Maroc, une feuille d’or de 24 grammes repliée dans un étui, un élément circulaire en or et, enfin, un anneau sigillaire, en or lui aussi. Destiné à apposer un sceau, ce bijou est orné d’une pierre rouge antique, gravée d’un buste de dieu. Selon les chercheurs, le trésor avait été enfoui dans un remblai, où il est demeuré pendant huit siècles et demi.
L’anneau sigillaire et son buste de dieu antique. / Alexis Grattier.
L’équipe d’archéologues souligne le caractère exceptionnel de la découverte tant par la valeur des monnaies que par leur nombre. La trouvaille suscite aussi son lot de questions, énumérées par le communiqué que les chercheurs ont diffusé : le trésor appartenait-il à un moine, à un dignitaire de l’Eglise ou bien à un laïc ? Pourquoi a-t-il été enfoui et jamais récupéré ? A quoi correspondait l’endroit où il a été caché ? Que disent ces monnaies ? Où les deniers clunisiens étaient-ils frappés ? Que font là ces dinars venus d’Espagne et du Maroc ? L’analyse des objets, et notamment l’identification et la datation de toutes les monnaies, permettra sans doute de donner des éléments de réponse à quelques-unes de ces interrogations.