Reprise et DVD : l’endurance à la mode iranienne
Reprise et DVD : l’endurance à la mode iranienne
Par Isabelle Regnier
Deux films réalisés dans les années 1980, « Le Coureur », d’Amir Naderi, et « Le Cycliste », de Moshen Makhmalbaf, ressortent cette semaine.
Le hasard du calendrier a voulu que deux grands films iraniens, Le Coureur, d’Amir Naderi, et Le Cycliste, de Moshen Makhmalbaf, ressortent, l’un en salle, l’autre en DVD, cette semaine. Respectivement tournés en 1985 et 1987, en pleine guerre avec l’Irak, ils font l’un et l’autre de la course une allégorie de la condition humaine. Figure phare de la modernité iranienne, Amir Naderi, qui allait bientôt s’exiler aux Etats-Unis, s’attache dans Le Coureur à la figure d’un orphelin. Amiro, un gamin d’une dizaine d’années, vit seul sur les rives du Golfe persique – on peut imaginer que ses parents ont été tués lors de la guerre. Entre le ballet des businessmen du pétrole du monde entier qui se rencontrent là, et des déchets que leurs bateaux jettent à la mer, il doit trouver les moyens d’assurer sa subsistance et de se construire un avenir.
LE COUREUR d'Amir Naderi • Le 15 novembre au cinéma [BANDE-ANNONCE HD]
Durée : 01:17
Interprété par un petit garçon au visage splendide (Majid Niroumand), que le doux regard du cinéaste rend proprement bouleversant, Amiro s’essaye à toutes sortes de petits jobs, se fait rouler dans la farine, arnaquer par les uns, abuser par les autres… Il tombe à terre et se relève, apprend à se battre, à défendre ses intérêts, et bientôt à lire, tirant courageusement les leçons de chacune de ses déconvenues.
Entre les gros plans sur son visage et les plans larges qui le montrent face à la mer, rêvant devant les cargos qui s’en vont au loin, devant les avions qui décollent dans le ciel, dansant devant le pétrole enflammé, jouant au foot avec les enfants des rues, le film dépeint, avec un lyrisme sensuel, l’enfance comme un état sensible, malléable et conquérant pour célébrer in fine, avec autant de rage que de générosité, les forces irréductibles de l’individu.
« Le Cycliste » (« Bicycleran »), film iranien de Moshen Makhmalbaf (1987). / TAMASA DISTRIBUTION/POTEMKINE
Un défi absurde
Le cycliste, auquel le titre du film de Moshen Makhmalbaf fait référence, est un réfugié afghan qui n’a pas les moyens de payer les frais d’hôpital pour sa femme, gravement malade. Pour réunir l’argent, il accepte un défi absurde : pédaler en rond dans une cour pendant sept jours et sept nuits. Autour de cette course folle qui conduit le personnage à la limite de ses forces physiques et mentales, les paris s’organisent, et avec eux, toutes sortes de magouilles, de tricheries, qui révèlent la nature profondément corrompue de la société.
Bicycleran : The.Cyclist, El ciclista 1987
Durée : 01:27
Illuminée par la tendresse et la solidarité unissant le personnage et son fils, qui vient constamment lui porter des soins, des vivres, des nouvelles de sa mère, cette farce cruelle fait vriller la mémoire du Voleur de bicyclette et des 400 Coups dans une folie burlesque hallucinée où se diffuse, sans jamais se dissoudre, une critique politique et sociale au vitriol.
Le Coureur. Film iranien d’Amir Naderi (1985). Avec Majid Niroumand, Moussa Torkizadeh, Abbas Nazeri Oncle (1 h 34). Sur le Web : www.splendor-films.com/items/item/519
Le Cycliste. Film iranien de Moshen Makhmalbaf (1987). Avec Moharam Zeynalzadeh, Mashid Afsharzadeh, Samira Makhmalbaf (1 h 22). www.potemkine.fr/Potemkine-fiche-film/Le-cycliste/pa11m5pr20120.html