Rugby : avec sa défaite face à l’Afrique du Sud, l’équipe de France s’enfonce encore
Rugby : avec sa défaite face à l’Afrique du Sud, l’équipe de France s’enfonce encore
Par Adrien Pécout
Le XV de France vient d’enchaîner son cinquième test-match perdu, samedi, plongeant son sélectionneur Guy Novès dans une situation toujours plus délicate.
Guy Novès, le 18 novembre 2017, à Saint-Denis. / Francois Mori / AP
Bien sûr, la phrase est dite avec ce qu’il faut d’ironie. « Je suis père de famille, j’ai trois enfants et tout va bien, je vous remercie de vous soucier de mon avenir », a répondu Guy Novès à la presse, après cette nouvelle défaite à Saint-Denis, samedi 18 novembre. Courte défaite face à l’Afrique du Sud (18-17), mais défaite quand même. La cinquième d’affilée dans un test-match, une première pour les Français depuis 1982.
Ainsi se poursuit la tournée d’automne, d’une langueur toujours aussi monotone. Après deux défaites – dont l’une en test-match – contre les Néo-Zélandais, ce nouvel échec face aux Springboks enfonce le XV de France et surtout son sélectionneur dans une posture de plus en plus inconfortable, de plus en plus fragile. Au mieux, ils quitteront ce mois avec une victoire en quatre rencontres à domicile ; à condition de battre le Japon, dans une semaine, pour le premier match joué dans la nouvelle « U Arena » de Nanterre.
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Bernard Laporte voulait tout l’inverse. Après une tournée en Afrique du Sud calamiteuse (plus de 100 points encaissés en trois matchs), le président de la Fédération française de rugby avait réclamé cet été au moins trois victoires automnales. L’objectif, quasi intenable pour un XV de France aussi désaccordé, ressemblait fort à un ultimatum pour Novès. Aujourd’hui, Laporte assure que non.
Bernard Laporte-Guy Novès : les deux hommes travaillent ensemble depuis un an et s’en accommodent, non sans défiance préalable. D’un côté, le président élu en décembre 2016. De l’autre, le sélectionneur nommé dès septembre 2015 sous la présidence de Pierre Camou, prédécesseur de Laporte. « Guy Novès sera l’homme du Mondial 2019 au Japon, a promis Laporte cette semaine dans un entretien à La Dépêche. Nous avons deux ans pour redresser la barre. »
« Du sang frais dans le staff »
Juste avant le match, cette fois sur Sud-Radio, le président renouvelait sa confiance à tout le staff. « Même en cas de catastrophe » contre les Sud-Africains. Message notamment destiné aux entraîneurs adjoints, toujours bien en peine d’imprimer leurs schémas de jeu : Jean-Frédéric Dubois pour les arrières, Yannick Bru (déjà là avant 2015) pour les avants. Les deux hommes voient pourtant la pression augmenter, eux aussi. « Je n’évincerai personne, par contre il faudra discuter : du sang frais dans le staff, pourquoi pas », a expliqué le président.
Pour préparer la Coupe du monde 2015, la « fédé » avait procédé à des retouches, à un an de l’échéance : malgré un bilan sportif déprimant, le président Pierre Camou avait maintenu le sélectionneur Philippe Saint-André et ses deux adjoints ; mais il leur avait alors flanqué son ami Serge Blanco, alors vice-président de la FFR, et nommé, pour l’occasion, responsable d’un « comité de suivi » chargé de surveiller une série de joueurs prédéfinis.
Difficile de prévoir la décision de Bernard Laporte. Le dirigeant la prendra en tout cas avec d’autant plus de facilité qu’il a conforté sa place à la tête de la FFR cette semaine : mercredi 15 novembre, la France a remporté l’organisation de la Coupe du monde 2023 aux dépens de… l’Afrique du Sud. Mais des affaires planent toujours au-dessus de lui au niveau national : le ministère des sports devrait communiquer dans les semaines à venir les résultats d’une enquête interne ouverte sur le dirigeant, le 30 août, pour soupçon de favoritisme envers le club de Montpellier.
« On vous laissera vous régaler »
Qu’imaginer pour l’encadrement du XV de France ? « On vous laissera vous régaler avec ça, la pression, c’est vous qui la mettez », a ajouté Louis Picamoles après le match, indiquant aux journalistes qu’il goûtait peu les supputations. Rare satisfaction du soir, le troisième-ligne montpelliérain a regretté des « erreurs techniques et stratégiques que nos adversaires ne font pas et qui montrent peut-être la différence qu’il y a avec les meilleures nations. Si on continue à les faire, on ne gagnera pas beaucoup de matchs. »
Novès avait aligné ce samedi la même équipe que contre les All Blacks une semaine auparavant. Soit un mélange de cadres (Guirado et Huget décevants, Picamoles en net regain de forme) et de jeunots (Thomas en jambes, Dupont et Belleau timides à la charnière, malgré un essai pour le second nommé, imité en fin de match par le remplaçant Serin) qui devra se reprendre dans une semaine contre le Japon, futur pays hôte de la Coupe du monde.
« Fatigué » de répondre à des questions sur son sort personnel, le sélectionneur ajoute qu’il a déjà connu l’expérience de la défaite avec « un club qui s’appelle le Stade toulousain ». Un club qu’il a couvert de titres (4 Coupes d’Europe, 10 championnats de France), loin de son bilan en XV de France : treize défaites en vingt matches depuis 2016.