Des actionnaires portent plainte contre Altice après l’effondrement de l’action en Bourse
Des actionnaires portent plainte contre Altice après l’effondrement de l’action en Bourse
L’action du groupe a perdu depuis le début de novembre la moitié de sa valeur à la Bourse d’Amsterdam, où elle s’échange désormais autour de 8 euros.
Patrick Drahi, à Paris, en novembre 2016. / MARTIN BUREAU / AFP
Des actionnaires d’Altice vont déposer plainte à Paris pour « diffusion d’informations fausses ou trompeuses » à la suite de l’effondrement en Bourse du titre du groupe de télécoms et de médias, a appris l’Agence France-Presse (AFP) auprès de leur avocat, mercredi 22 novembre.
« Il s’agit des premières plaintes déposées dans ce dossier », a réagi Me Frédérik-Karel Canoy qui affirme « agir d’ores et déjà au nom d’une cinquantaine d’actionnaires ». La société Altice de Patrick Drahi a « sur la période 2015 à 2017 minoré sa dette » et affirmé à tort « avoir un contrôle absolu sur cette dernière », estiment ces actionnaires dans leur plainte d’après une source proche du dossier.
Or, la dette du groupe atteint aujourd’hui à la suite d’« une politique d’acquisition de grande envergure (…) un niveau considérable de près de 50 milliards d’euros », « les résultats annoncés sont inférieurs aux attentes » et, à elle seule, la filiale française « SFR a perdu 1,5 million d’abonnés depuis 2014 », relèvent-ils.
Cette accumulation de mauvaises nouvelles a fait chuter l’action, qui a perdu depuis le début de novembre la moitié de sa valeur à la Bourse d’Amsterdam, où elle s’échange désormais autour de 8 euros.
A la suite de cette annonce, Altice a dénoncé une « manipulation » et une « tentative de déstabilisation médiatique ». Le groupe publie ses informations financières « dans la plus grande transparence », a fait savoir à l’AFP son porte-parole, Arthur Dreyfuss.
Drahi « irresponsable »
Altice est organisé autour de deux marchés principaux : la France, dans les télécoms avec SFR, et les médias (BFM-TV, Libération, L’Express, etc.), et les Etats-Unis, où M. Drahi a racheté les câblo-opérateurs Suddenlink et Cablevision.
« Patrick Drahi pense pouvoir sauver Altice avec de l’audace. Cela me rappelle Jean-Marie Messier qui assurait aux actionnaires en 2002 “cela va mieux que bien”, alors que la dette de Vivendi atteignait 35 milliards d’euros » lors du départ contraint de M. Messier en juillet 2002, a relevé Me Canoy.
« L’attitude de M. Drahi est totalement irresponsable par rapport aux actionnaires », a-t-il ajouté.
La direction du groupe de télécoms et de médias a multiplié les annonces depuis le début de novembre pour tenter de rassurer les investisseurs : après avoir promis de mettre un frein aux acquisitions et aux achats de contenu pour réduire la dette et lancé une réorganisation du groupe avec le retour de Patrick Drahi aux commandes au poste de président du conseil d’administration, la société Altice a assuré lundi ne préparer aucune levée de fonds. Mais ces annonces n’ont pas permis d’enrayer le recul de l’action.