La démission de Mugabe ouvre « un moment historique » pour le Zimbabwe
La démission de Mugabe ouvre « un moment historique » pour le Zimbabwe
Le Monde.fr avec AFP et AP
Le secrétaire général d’Amnesty International estime que le peuple du Zimbabwe mérite mieux « après plus de trois décennies de répression violente ».
« On se souviendra du président Mugabe comme d’un audacieux combattant de la libération pan-africaniste », affirme l’Union africaine dans un communiqué. / PHILIMON BULAWAYO / REUTERS
Dans un communiqué diffusé dans la nuit de mardi à mercredi 22 novembre, le président de l’exécutif de l’Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, s’est félicité de la décision du président zimbabwéen Robert Mugabe de démissionner.
L’organisation « reconnaît que le peuple zimbabwéen a exprimé le souhait d’un transfert de pouvoir pacifique de telle sorte que l’avenir démocratique du pays soit sauvegardé », souligne ce communiqué. La décision de M. Mugabe « restera dans l’histoire comme l’acte d’un véritable homme d’Etat, qui ne peut que renforcer l’héritage politique du président Mugabe », poursuit le communiqué de l’UA.
« On se souviendra du président Mugabe comme d’un audacieux combattant de la libération panafricaniste », a ajouté M. Faki. L’Union africaine, a ajouté le diplomate, est prête à apporter « son soutien entier au peuple du Zimbabwe et à ses dirigeants dans la période à venir ».
« Elections libres et équitables »
L’ambassade des Etats-Unis au Zimbabwe a déclaré que la démission du président Mugabe « marquait un moment historique » pour le pays et a félicité tous les Zimbabwéens qui ont fait entendre leur voix. Elle a appelé « à des élections libres et justes » et rappelé la nécessité du « respect inébranlable de l’Etat de droit ».
La porte-parole du département d’Etat américain, Heather Nauert, a affirmé que le peuple du Zimbabwe voulait une « nouvelle ère » et la fin de l’isolement international. Elle a demandé des « élections libres et équitables » et le « respect de la règle de droit et des pratiques démocratiques ». Le département d’Etat refuse en revanche de qualifier « de coup d’Etat » le processus qui a mené au départ de Robert Mugabe, relevant que le chef de l’Etat a démissionné après une procédure de destitution.
Theresa May, la première ministre britannique, a déclaré que la démission du président offrait au Zimbabwe « l’occasion de forger une nouvelle voie libérée de l’oppression ». Elle a ajouté que le peuple zimbabwéen avait montré qu’il souhaitait « des élections libres et équitables et la possibilité de reconstruire l’économie du pays ». Elle a affirmé que le Royaume-Uni – ancienne puissance coloniale – « aiderait le pays à construire l’avenir qu’il mérite ».
Boris Johnson, le ministre des affaires étrangères britannique a déclaré que la démission de M. Mugabe constitue un tournant et ouvrira la voie à « des élections démocratiques libres et justes et surtout pas une transition d’un règne despotique vers une autre ». Boris Johnson est revenu sur le rôle de Robert Mugabe qui a joué un rôle majeur dans la création d’un Zimbabwe indépendant, mais qui a « dilapidé cet héritage et ruiné son pays ». Quant au sort de Robert Mugabe et sa femme, le ministre estime que « c’est au peuple du Zimbabwe de décider ».
La Chine, important partenaire du Zimbabwe, a rendu hommage au doyen des chefs d’Etat de la planète et promis de poursuivre sa coopération avec le pays africain. « La Chine respecte la décision de M. Mugabe de démissionner, a déclaré devant la presse Lu Kang, un porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois. Il reste un bon ami du peuple chinois. »
Le porte-parole adjoint du secrétaire général des Nations unies a déclaré qu’Antonio Guterres encourageait tous les Zimbabwéens à « conserver leur calme et leur retenue ». « Le secrétaire général et ses prédécesseurs ont clairement indiqué qu’ils attendaient de tous les dirigeants qu’ils écoutent leur peuple. C’est la pierre angulaire de toute forme de gouvernement et elle doit être suivie sur tous les continents et dans toutes les nations. »
Sans viser expressément l’ancien vice-président Emmerson Mnangagwa, 75 ans, qui devrait gérer la période de transition, Salil Shetty, le secrétaire général d’Amnesty International, a déclaré que le peuple du Zimbabwe méritait mieux « après plus de trois décennies de répression violente ».