Après la condamnation de Mladic, les dirigeants bosniaques et serbes veulent se tourner vers l’avenir
Après la condamnation de Mladic, les dirigeants bosniaques et serbes veulent se tourner vers l’avenir
Par service international
Pour les nationalistes serbes, la condamnation de Ratko Mladic à la prison à vie renforce sa popularité.
Ratko Mladic au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougolslavie, à La Haye, le 22 novembre 2017. / HANDOUT / REUTERS
Les dirigeants bosniaques et serbes ont appelé à se tourner vers l’avenir après le verdict, mercredi 22 novembre, du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougolslavie (TPIY), condamnant à la prison à vie Ratko Mladic, l’ancien général des Serbes de Bosnie, pour crimes contre l’humanité et génocide. « J’aimerais appeler tout le monde à commencer à regarder vers l’avenir et à ne pas se noyer dans les larmes du passé », a déclaré mercredi le président serbe, Aleksandar Vucic, « afin que nous ayons enfin un pays stable », tout en regrettant un manque de « respect envers les victimes serbes ».
M. Vucic était ministre de l’information de Slobodan Milosevic, l’ex-président serbe, mort en prison à La Haye avant la fin de son procès devant le TPIY. S’il défend aujourd’hui l’adhésion de la Serbie à l’Union européenne, M. Vucic est un ancien leader nationaliste qui a plusieurs fois pris la défense de Mladic.
L’audience a été retransmise en direct en Serbie, où l’ancien général reste une figure populaire, comme en République serbe de Bosnie. La chaîne progouvernementale serbe, Pink, a qualifié le verdict de « honteux ». « Le passé est derrière nous, cela vaut la peine de s’y référer uniquement dans la mesure où il est la promesse d’un avenir meilleur », a déclaré Bakir Izetbegovic, le membre bosniaque de la présidence tripartite bosnienne, qui comprend un Croate et un Serbe.
« Un héros historique et un patriote »
« Personne ne devrait désigner Ratko Mladic comme un héros, composer des chansons en son honneur, glorifier ses crimes », a regretté le fils d’Alija Izetbegovic, le chef des Bosniaques durant la guerre (1992-1995). Pour lui, ces crimes « devraient être mis sur les épaules de Ratko Mladic et retirés de celles du peuple serbe ».
Ce n’est guère l’avis de la République serbe de Bosnie. « Le verdict n’est malheureusement pas une surprise, mais il renforcera certainement l’opinion du peuple serbe pour qui le général Mladic est un héros historique et un patriote, a réagi Milorad Dodik, le président de la République serbe de Bosnie. Je ne pense pas qu’il y ait en Republika Srpska un seul être vivant qui croie que le général Mladic est coupable. »
A Srebrenica, où 8 000 bosniaques ont été massacrés en 1995 sous les ordres de Mladic, le maire est, depuis 2016, un Serbe, Mladen Grujicic : « Cette condamnation va seulement renforcer son mythe dans la nation serbe, qui lui est reconnaissante de l’avoir sauvée de la persécution et de l’extermination. » A Srebrenica, comme chez les nationalistes serbes, l’avenir reste tourné vers le passé.