Abdul, un réfugié de Manus, a filmé l’arrivée des forces de l’ordre. / HANDOUT / AFP

La police papouasienne est entrée jeudi 23 novembre dans le camp australien de réfugiés de Manus, faisant craindre une évacuation forcée des centaines de migrants qui y sont retranchés, ont fait savoir le gouvernement australien et des réfugiés.

Objet de vives critiques des organisations de défense des droits de l’homme, ce centre de rétention situé sur l’île papouasienne de Manus est au cœur d’un face-à-face tendu entre les migrants et les autorités depuis qu’il a officiellement fermé le 31 octobre, ayant été jugé anticonstitutionnel par la Cour suprême locale. Ce camp avait été ouvert par Canberra pour détenir des centaines de demandeurs d’asile en attente du traitement de leur dossier.

Des centaines de réfugiés se barricadent dans un camp de rétention australien
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Si l’eau et l’électricité ont été coupées après la fermeture officielle du camp, des centaines de migrants refusant de « passer d’une prison à une autre » s’y sont barricadés.

Les migrants ont été priés de se rendre dans trois centres de « transition » en Papouasie, mais ils disent craindre pour leur sécurité en raison de l’hostilité de certains habitants et dénoncent leur détention illimitée.

Une présence de réfugiés jugée « scandaleuse » par l’Australie

« La police, les forces spéciales, les escadrons de police sont là par centaines, se déployant dans tout le camp et autour de la prison », a raconté dans une série de tweets le migrant iranien Behrouz Boochani, qui joue le rôle de porte-parole des occupants du camp. « Les soldats de la marine sont à l’extérieur. On nous attaque. »

« Les réfugiés sont assis pacifiquement, l’immigration et la police nous demandent de quitter la prison (…) Ils crient au micro : Partez ! Partez ! », a-t-il poursuivi en affirmant que deux détenus nécessitaient des soins médicaux urgents. D’autres migrants ont posté des photos sur les réseaux sociaux montrant la police entrant dans le camp.

Le ministre australien de l’immigration, Peter Dutton, a confirmé qu’une opération était en cours à Manus. « Je crois qu’il est scandaleux que des gens soient toujours là-bas », a déclaré à la radio 2GB le ministre. « Nous voulons qu’ils partent », a-t-il ajouté.

Mardi, le commissaire de police papouasien Gari Baki avait affirmé que ses unités n’emploieraient pas la force pour vider le camp. « On demandera poliment aux réfugiés de préparer leurs affaires et de quitter volontairement le centre », avait assuré la police dans un communiqué.